Loulou a maintenant 10 ans 1/2 et commence à faire son entrée dans la préadolescence. Il est en CM2 et s’impatiente de pouvoir faire son entrée en collège. Il aime les émissions de variétés, notamment The Voice Kids avec M. Pokora. Oui, M.Pokora et même que j’ai été la meilleure maman du monde quand on l’a vu « en vrai » . Mais que vient-il faire ici ? Vous le saurez rapidement en lisant cet article.
Loulou aime aussi jouer à Minecraft, lire et s’amuser avec ses copains. Mais depuis quelques temps, il réclame davantage d’indépendance, de liberté. Il s’énerve facilement, se vexe et commence à claquer les portes. Ces nouveautés dans son comportement me chamboulent et je ne sais pas quoi faire. Non, je ne sais pas, je ne sais plus, je suis perdue… (qui a dit « fais comme l’oiseau » ???)
Du fusionnel aux relations tendues
Son arrivée prématurée a été comme un mini tsunami qui m’a précipitée dans la maternité. J’ai eu peur pour ce ptit bonhomme mais il nous a rapidement montré qu’il serait fort et costaud.
Pendant 2 ans 1/2, il a été notre centre du monde. A l’arrivée de son petit frère, il y a bien eu quelques scènes de jalousie mais rien de bien méchant. Leur complicité a grandi et maintenant, ils ne peuvent se passer l’un de l’autre.
J’ai toujours pensé que nous avions une relation particulière Loulou et moi. Peut-être parce que je me suis beaucoup -trop- inquiétée pour lui à différentes étapes de sa jeune vie. La prématurité, ses problèmes auditifs, sa pleurésie, ses douleurs de croissance qui le font hurler de douleur en pleine nuit. Bref, la mère protectrice que je suis aime ce ptit bonhomme plus loin que l’infini et l’au-delà comme le dit son petit frère.
Cet été déjà, nos relations commençaient à être tendues. Il me reprochait d’être constamment sur son dos, de ne pas lui laisser suffisamment d’autonomie. Son séjour en colonie nous avait permis de mieux nous retrouver après 2 semaines de séparation.
Et puis, il y a eu la rentrée. Le CM2 tant attendu.
Le voilà maintenant parmi les grands de l’école. Dès le début d’année scolaire, il nous a demandé à aller et rentrer seul de l’école. Il souhaitait également avoir une clé de la maison et pouvoir retrouver ses copains au parc les mercredi après-midi ou en fin de journée. Cela faisait beaucoup d’un coup alors nous avons trouvé des compromis.
Tous les jours de la semaine, je l’accompagne à l’école en même temps que son petit frère. Lorsqu’il veut faire « comme si » il était tout seul, il part quelques dizaines de mètres devant nous. Cela me permet de garder un œil sur lui au cas où… Certains soirs, il est autorisé à quitter seul l’école pour se rendre au conservatoire puis à son entraînement de handball. Le conservatoire est dans une rue parallèle à celle de l’école, il y a une rue à traverser surveillée par un agent de circulation. Pour se rendre à l’entraînement, il rejoint un copain de classe et ils font le chemin ensemble. Le mercredi, il quitte l’école seul, rentre à la maison, fait ses devoirs puis repart seul pour son cours de batterie.
Je trouvais que cela lui laissait déjà pas mal d’autonomie mais cela ne lui suffit pas.
Se comparer sans cesse aux copains et copines
Parmi les élèves de CM2, certains ont déjà leur clé de la maison et un téléphone portable. Ils vont et reviennent de l’école seuls. Parfois, ils invitent un copain ou une copine à la maison après l’école. Il arrive aussi que ces enfants se retrouvent pour jouer au parc ensemble. Alors, forcément, Loulou aimerait avoir la même liberté et ne comprend pas pourquoi nous lui refusons. La raison est quand même simple pour nous : il n’a que 10 ans 1/2 et lui avons déjà permis de rentrer seul quelques fois dans la semaine. Il a encore du mal avec la gestion du temps et des priorités. Lorsqu’il s’amuse, il ne consulte pas sa montre et peut oublier l’heure de rentrer à la maison, du conservatoire, de l’entraînement… Nous avons essayé à quelques reprises de le laisser aller chez un copain après l’école et rentrer à la maison pour 18 h 30. Il est arrivé avec 20 à 30 minutes de retard à chaque fois.
Un autre sujet qui fait souvent débat : les jeux vidéos et les drones.
Je crois bien que Loulou est un des seul enfant de sa classe à ne pas avoir de console de jeux vidéo à la maison. Nous lui autorisons l’accès à la tablette le weekend mais privilégions d’autres activités pour lui que les jeux vidéos. Il fait du sport, nous allons au cinéma régulièrement, nous aimons les sorties dans Paris… Jusque là, il semblait se contenter de la tablette et des jeux de société en famille. Mais dernièrement, nous avons compris qu’il se sentait « à part » de ses copains et copines qui ont tous et toutes une console. Nous n’avons pas encore pris de décision, nous attendons de voir si cette envie augmente ou s’il passe à autre chose finalement.
Pour son anniversaire, il voulait un drone, entre autres choses. Nous avons choisi les autres choses. Un mois plus tard, un de ses copain recevait un drone pour son anniversaire. Je vous en parle de la scène de jalousie et de son envie de rendre ses cadeaux pour aller prendre un drone à la place ?
Toujours voir le verre à moitié vide
Mais là où je me trouve vraiment démunie, c’est devant sa tendance à ne garder que le négatif des choses.
Quand on l’interroge sur sa journée, il répond de manière quasi systématique « Bof, pas terrible« . Lorsqu’on cherche à savoir pourquoi, on réalise qu’il suffit qu’un grain de sable ce soit glissé dans les rouages de sa journée pour qu’il reste bloqué dessus. Cela peut-être la viande trop grasse de la cantine, la balle en mousse pour jouer au handball, un copain qui l’a bousculé, un animateur qui lui a fait une réflexion.
A la maison, même chose. Dès que nous n’allons pas dans son sens, il se braque, se met en colère, soupire et parfois même, nous répond. Nous découvrons les réflexions à voix haute, les portes qui claquent et les mots affichés sur celle de sa chambre « Danger, ne pas entrer, Loulou en colère !« .
Nous avons l’impression que rien ne va jamais pour lui, qu’il ne retient que le négatif de ses journées.
Trouver des solutions pour lui permettre de franchir ce cap
Mon fils est une cocotte minute, une éponge à sentiments. Il absorbe le négatif et se laisse envahir par ce ressenti. Difficile de savoir d’où cela vient alors nous avons tenté plusieurs choses.
Les rendez-vous avec une orthophoniste
Comme il est assez nerveux, nous avions remarqué qu’il se précipitait pour parler mais que les mots se bloquaient dans sa bouche. Il bégayait de plus en plus. Nous avons pris rendez-vous chez une orthophoniste. Une première séance en famille. Quelques autres tout seul avec elle. Il en ressort que cet enfant est très mûr pour son âge mais également très angoissé. Nous le laissions regarder les informations avec nous mais il se prenait en pleine tête toutes ces horreurs. La guerre, les attentats, les inondations, la faim dans le monde, les réfugiés… Nous n’avions pas fait attention à l’effet que ces événements pouvaient avoir sur notre enfant. Il souhaite savoir ce qui se passe dans le monde, nous ne pouvons pas l’enfermer dans une bulle alors nous faisons davantage attention à ce qu’il regarde. Nous en parlons beaucoup avec lui également.
L’écoute et la discussion
Depuis cette prise de conscience, nous sommes davantage à son écoute. Dès que nous sentons que quelque chose le perturbe, nous lui expliquons que nous sommes là pour en discuter avec lui. S’il ne veut pas nous en parler, nous lui proposons d’appeler un oncle, un grand-père, quelqu’un en qui il a confiance. Ces moments où il peut s’exprimer et nous dire ce qui ne va pas pour lui sont essentiels en ce moment. Pourtant, il n’est pas toujours facile de s’exprimer « à chaud » quand la colère et la frustration sont trop présentes.
La boîte à expression
Pour discuter « à froid » des événements de la journée, qu’ils soient positifs ou négatifs, nous avons mis en place cette boîte. C’était son idée, inspirée de ce qu’ils font au centre de loisir. Dès que l’un de nous veut aborder un sujet, il glisse un mot dans la boîte à expression. Nous l’ouvrons le soir et pouvons échanger sur les sujets des un.e.s ou des autres. J’en avais parlé ICI
Des moments privilégiés avec lui
Pas facile avec un petit frère de nous avoir pour lui tout seul. Il a pourtant besoin de ces moments avec nous, même si nous ne faisons rien d’exceptionnel, juste être seul avec nous. Alors nous nous arrangeons pour cela. Il a des moments avec son père lorsque j’accompagne son frère sur les tournois de handball. Il a des moments avec moi les mercredi quand je suis à la maison. Ces moments nous font du bien à tous.
Le bocal à bonheur
Pour qu’il essaie de voir le beau côté des choses, nous avons mis en place le bocal à bonheur cette année. L’idée est aussi simple : chaque semaine, nous notons sur un bout de papier une chose qui nous a fait plaisir dans la semaine qui vient de s’écouler. Nous la glissons dans le bocal et à la fin de l’année, nous sortirons tous les papiers et les relirons. Cela « oblige » Loulou a se centrer sur le positif de sa semaine et il se tient à ce petit rituel toutes les semaines pour l’instant.
Se servir de ses modèles
Alors là, c’est très récent. Comme je l’ai indiqué en introduction, il aime beaucoup M.Pokora. Il l’a découvert dans The Voice Kids et aimait bien son look, la manière dont il parlait aux enfants, son empathie. Il était content lorsqu’il a su que nous pourrions assister à l’avant-première des Trolls et qu’il serait là. Nous n’avons pas pu le voir, ni faire LA photo tant espérée avec lui mais il a pu le voir « en vrai ». La première fois, quand M.Pokora a fait son entrée sur la scène du Grand Rex. La deuxième fois quand il s’est installé près de nous pendant la projection et a frôlé Loulou en sortant. C’est peut-être un détail pour vous mais rappelez-vous de vos années fans et vous comprendrez ce que ça a pu lui faire 😉
Bref, il y a quelques jours, M. Pokora participait à l’émission « A l’état sauvage » avec l’aventurier Mike Horn.
Nous avons découvert au travers de son parcours à travers la forêt du Sri Lanka une autre facette de sa personnalité. D’abord plaintif, il trouvait cette aventure trop difficile physiquement et moralement. Et puis, Mike Horn lui a ouvert les yeux, notamment dans cette scène « Arrête de pleurer« .
« Chaque pas que tu pleures, tu ne t’aides pas ! Là, maintenant, tu dois travailler sur la psychologie. Ça c’est important ! La vie n’est pas toujours facile… Qui tu es vraiment ? Tu es quelqu’un qui pleure pour chaque pas ? Accroche-toi maintenant, trouve aussi du plaisir dans l’effort !«
Nous nous sommes servi de cette scène pour montrer le changement d’attitude de M. Pokora à Loulou. Nous voulions qu’il comprenne que la vie n’est pas toujours facile et que ne voir que le négatif des choses ne nous permet pas d’avancer. Lui donner également le goût de l’effort et ne pas baisser les bras quand il ne parvient à faire ce qu’il entreprend tout de suite.
Il a retenu cette phrase que répète M. Pokora à plusieurs reprises « Un pas après l’autre… » et je crois bien que cela correspond bien à cette période. Un pas après l’autre pour franchir le cap de la préadolescence.
Sa préadolescence, ce n’est que le début…
Voilà ce que nous avons pu essayer pour le moment. Bien sûr, nous n’en sommes qu’au début. On tâtonne. On essaie d’être le plus à l’écoute de lui possible et de l’encourager à discuter avec nous. Nous sommes là pour lui, pour le soutenir, pour l’aider à avancer dans cette période qui s’avère déjà compliquée. Ce n’est pas facile tous les jours, il y a des prises de tête, le ton qui monte, des colères.
C’est un cap à franchir pour lui comme pour nous. Un chemin qui l’amène vers l’autonomie et sa vie d’adulte. Cette étape qui nous fait réaliser que notre petit bonhomme a déjà bien grandi et ce n’est pas fini…