Shooting photo pour se réapproprier son corps
Je crois que c’est l’article le plus difficile que j’aurai eu à écrire sur ce blog. En effet, devant vous, là, maintenant, je vais me mettre – presque – à nu et ce n’est vraiment pas facile. Je vais vous expliquer pourquoi j’ai osé réaliser ce shooting photo avec Nana Cam Photos et ce que cela m’a apporté.
Attention : tous les commentaires déplacés, sexistes, ou mal venus seront supprimés sur le champs et leurs auteur·e·s bloqué·e·s.
Pourquoi un Shooting Photo ?
Tout simplement parce que j’ai un problème avec l’image que j’ai de mon corps. Voilà. (pour en savoir plus, vous pouvez relire cet article sur la dysmorphophobie)
Je ne l’ai pas fait pour m’exhiber. Celles et ceux qui me connaissent savent combien je suis discrète et fuis généralement les photos.
Ce n’est pas non plus recueillir des commentaires désagréables. Oui, je sais, je ne devrais pas avoir à me plaindre d’avoir ce corps à presque 48 ans et après avoir eu 2 enfants. Je me dois quand même d’être honnête avec vous, je fais très attention à ma ligne. J’approche à grands pas de la ménopause alors je dois entretenir davantage ma masse musculaire. Cela fait donc 2 ans que je pratique le running 2 fois par semaine auquel j’ajoute une séance de taekfitness hebdomadaire.
Comme je souffre d’hypothyroïdie, je surveille aussi de près mon alimentation que j’essaie d’équilibrer. Je suis très gourmande alors c’est parfois difficile de résister à la tentation d’un bout de fromage, un gâteau… Mais bon, la vie doit être faite aussi de petits plaisirs (qui me font culpabiliser à chaque fois ).
Tout cela pour vous dire que mon corps et moi, pendant des années, on n’a pas été du tout copain.
Parce que oui, depuis l’âge de 18 ans, ce corps me fait souffrir. Pas tout mon corps mais une partie de lui essentiellement : mes fesses.
J’ai passé plus de 14 ans avec une personne qui surveillait mon poids quotidiennement. Une personne qui m’ignorait et ne me touchait plus dès que je prenais 1 kilos. Cette personne dont le regard pouvait me faire me sentir comme la pire des merdes sur terre. Toutes ces remarques, ces regards, ces attitudes, je vous jure que ça laisse des traces bien profondes dans le cerveau.
Encore une fois, avant de dire « Oh mais moi, avec une personne comme ça, je me serai barré·e depuis longtemps« , renseignez-vous sur l’emprise et les mécanismes de la violence.
Pour me sortir de ce cycle infernal, j’ai entrepris différentes choses. Un travail sur moi, du lâcher prise, un coaching sportif… Mais il restait une dernière étape à franchir, une envie de longue date depuis que j’avais entendu parler du projet Simplement Femme.
Mais je n’ai pas pu le faire avec Margaux. Alors, lorsque l’occasion s’est présentée avec Nana Cam Photos, je ne dirais pas que j’ai sauté dessus. J’ai dit oui. Et puis je me suis dégonflée. Mais elle ne m’a pas laissé le choix et elle m’a donné rendez-vous.
Voilà, je ne pouvais plus reculer…
Déroulé du shooting photo
Il était très important pour moi de me sentir totalement en confiance avec la personne qui allait me photographier. Avant même la séance, nous avons échangé avec Nana Cam Photos sur les objectifs, les possibilités, les limites.
Je me suis installée face à elle et elle a pointé l’objectif de son appareil photo sur moi. Je me suis figée. Cherchez à rester naturel·le dans ces cas là ! Elle s’est déplacée tout autour de moi, histoire de tester mes différents profils et entrer doucement dans ma bulle. Comme elle a vu que cela ne serait pas facile de me détendre, elle a sorti un gros sac dans lequel elle avait glissé différents accessoires. J’avais le choix entre des pulls, chemises, chapeaux, boas en plume…
Pour commencer la séance, j’ai choisi un gros pull, un peu comme si j’avais besoin d’être enveloppée de douceur et de chaleur pour me lancer. Je me suis assise au sol et elle a continué à me photographier. Pour m’aider, elle me donnait quelques directives comme fixer un point au loin, penser à quelque chose d’agréable (je ne sais pas pourquoi mais le mot chocolat est revenu souvent dans ma tête ).
Malgré tout, je n’arrivais pas encore à lâcher prise et oublier l’objectif. Alors elle m’a proposé de poursuivre ce shooting photo avec une chemise et un chapeau.
La magie du shooting photo
Enfiler ces accessoires, c’était un peu comme enfiler un déguisement et devenir quelqu’un d’autre. Toujours sous les indications de Nana Cam Photos, je bougeais, je prenais différentes postures, je jouais avec ce chapeau. Nous avons beaucoup ri et c’est à partir de ce moment là que j’ai pu entrer réellement dans le shooting photo.
Honnêtement, je ne savais pas si je réussirai à retirer la chemise pour montrer mon corps. Et puis, on a continué comme ça, toutes les deux. Elle me donnant des indications et moi jouant de plus en plus avec mon rôle de modèle.
Et ce qu’il n’était pas sûr d’arriver est arrivé…
En route vers le bien-être !
Voilà, je pensais avoir fait le plus dur. Me mettre en dessous tout en sachant que je voudrais vous montrer ces photos.
Mais en fait, non… Parce que j’aime plutôt la partie avant de mon corps. Je sais que, pour le coup, j’ai de la chance d’avoir pratiqué beaucoup de sport étant plus jeune et que j’en garde des « restes ». Je sais aussi que toutes les femmes ne sont pas égales devant les grossesses et les vergetures. J’ai nourri ma peau à l’huile d’amande douce pendant et après mes deux grossesses. Je ne sais pas si cela vient uniquement de ça mais j’ai très peu de traces de ces dernières.
Enfin, bref, je n’ai pas trop de soucis avec mon côté face. Pour le côté pile, bah, ce fut quand même bien plus difficile. Heureusement, Nana Cam Photo avait déjà tout prévu en pensant à ce shooting photo. Elle savait que viendrait le moment de résistance alors elle m’a proposé de changer d’endroit, de luminosité.
J’ai remis la chemise et nous avons tout d’abord joué avec les ombres et la lumière.
Et puis, elle a posé la question : « On y va ?« . J’ai tourné la tête vers elle et j’ai senti dans son regard toute la bienveillance du monde et ses encouragements. Voilà, le moment était venu de dire fuck à cette putain de dysmorphophobie !
Alors j’ai fait le vide dans ma tête et j’ai retiré mon armure (la chemise). Je me suis sentie étrangement bien. Je n’avais pas envie de fuir. J’étais à ma place devant son objectif, en pleine conscience de ce qui se passait à ce moment là.
Fuck la dysmorphophobie !
Quand je regarde ces photos, je les trouve sublimes. J’ai un peu de mal à réaliser que c’est moi dessus mais c’est bien moi, mon corps, mon cul.
Je ne savais pas jusqu’où je pourrais aller et quelles seraient mes limites. Poser en dessous était un réel défi. Je pensais me mettre nue comme sur les photos de Margaux (Simplement Femmes) mais je n’ai pas sauté le cap. Voilà ma limite.
J’ai hésité à publier cette dernière photo ci-dessous parce que c’est celle où je me sens le plus mise à nue. Parce que sur cette photo, je voix l’objet de toutes mes angoisses. Je trouve que les jeux de lumière et le noir et blanc atténuent grandement l’aspect peau d’orange et la cellulite. J’aurais finalement voulu montrer une photo en couleur mais nous n’en avons pas faite. Donc voilà, ceci est mon postérieur, avec ses rondeurs et ses imperfections. Mais c’est mon cul.
Et grâce à ce shooting photo et tout ce que j’ai entrepris pour aller vers l’acceptation de mon corps, je commence à mieux vivre avec lui. Je l’apprivoise. Je prends soin de lui. Parce que lui et moi, même si on a vécu des années difficiles, j’aimerai que celles à venir me permettent de faire la paix avec lui et de ne plus jamais avoir mal au fond de mon âme quand je le vois…
Vous trouverez peut-être que j’exagère de me plaindre et vous aurez sans doute vos raisons.
Mais vous n’êtes pas dans ma tête pour comprendre pourquoi je peux être si mal dans ma peau par moment à cause de ce « gros cul », de ce poids sur la balance, de cette image que j’ai de mon corps. Tout ce mal me ronge encore, même après des années loin de la violence psychologique.
Je n’ai pas fait ce shooting photo avec Nana Cam Photos pour me la péter, me mettre en valeur, me comparer aux autres ou trouver un prétexte pour vous montrer mon cul.
Comprenez qu’il est très difficile pour moi de publier cette photo. Et pourtant c’est nécessaire si je veux aller au bout de ma démarche de reconstruction. Cette dysmorphophobie me bouffe la vie mais je suis bien décidée à prendre le dessus, à m’accepter à lâcher prise.
Sur ce chemin je croise de nombreuses personnes dans mon cas alors voilà ce que j’ai envie de vous dire :
Cette démarche est longue, douloureuse par moment mais avec de l’aide (thérapeute, coach sportif, sophrologie, hypnose du moment que la méthode vous convient…), des regards bienveillants, petit à petit on en voit le bout.
Ah ben voilà je pleure…. Je sais ô combien cet exercice à été difficile. Ton angoisse, ton complexe je les ais ressenti puissance mille! J’ai eu tant mal au coeur de voir que l’on pouvait autant souffrir avec la dysmorphophobie. Tu es belle dedans comme dehors, tu es une warrior et CHAPEAU pour avoir sauter le pas ! Et merci❤️
Merci à toi de m’avoir forcée la main, de m’avoir guidée pendant toute cette séance et d’avoir su mettre en valeur ce corps avec lequel je me réconcilie petit à petit.
Tu es très courageuse je trouve : je n’ai pas ton vécu et tes souffrances, pourtant il m’est difficile de me laisser prendre en photo. Pour le faire, il faut que je ne m’y attende pas alors, un shooting comme ça, même pas en rêve ! Tout ça pour te dire que je te trouve formidable et que tu es une warrior et tu finiras un jour par faire la paix avec tout ça.
La séance a durer plus de 2 heures. Au début, c’est très difficile d’être naturelle et de ne pas penser à l’objectif. Au fur et à mesure, il fait corps avec la photographe, tu te laisses guider par les indications, tu en oublies presque l’appareil photo.
Même si ce n’est pas un exercice facile, sincèrement, je le conseille à toutes celles et tous ceux qui ont du mal à accepter leur image, leur estime de soi.
Je persiste à croire que les photos subliment mon corps, que le noir et blanc atténue les imperfections, mais ça me donne une autre image de moi et dans ma quête de bien être, j’avais besoin de ça.
Merci pour ta bienveillance et tes encouragements. Je suis sûre que toi aussi tu es une femme formidable et une warrior !
Magnifique….ton corps, ton témoignage, ton courage! La bienveillance et l’estime de soi sont des valeurs qui me tiennent à cœur et on voit bien à quel point elles sont déterminantes dans une vie! En tout cas bravo ma belle 😉
Merci beaucoup
J’ai suivi tous tes posts et tes « aventures » avec cette fameuse personne, et ce que tu vis encore aujourd’hui.
Je sais donc que tu as du mal à accepter ton corps (comme beaucoup, mais plus) et j’imagine à quel point ça a pu être difficile
Mais ton corps est beau, ton cul est beau, tu es belle dehors, et ce que je lis de toi me fait penser que tu es tout aussi belle dedans!
(Faudra que je pense à me faire offrir un shooting comme ça pour accepter entièrement mon corps moi aussi!)
Je ne peux que t’encourager à faire un shooting photo. Cela permet vraiment d’avoir une autre vision de soi, de son corps. Et puis, quand tu sors de la séance, tu es vidée mais tellement fière de l’avoir faite. Rien que ça, ça booste la confiance en soi.
Je ne vois pas en te lisant une femme qui se plaint, ni qui se la pète. Je vois une courageuse, déterminée, convaincue qu’elle peut agir sur ce mal qui la ronge depuis des années. Chacun sa façon de se battre contre ses démons, je trouve la tienne exemplaire. Tu es vraiment inspirante.
Donc là, je vais profiter de mon heure libre cet aprèm pour enfiler mes baskets et aller courir. Et j’espère avoir ta force pour m’y remettre vraiment. Parce que j’ai aussi 2-3 petits désaccords avec mon corps… merci Egalimère.
Et les photos sont magnifiques.
Merci du fond du coeur Anouk. Tes mots me touchent profondément et je ne sais pas comment je peux t’encourager à mon tour mais je te souhaite de réussir à enfiler tes baskets régulièrement, à en finir avec ces petits désaccords
J’ai 45 ans je ne n’aime toujours pas mon corps, je ne vois que ses défauts et j’avoue que je te trouve très courageuse d’avoir franchi cette étape, franchement bravo, j’en suis incapable.
Le chemin a été long, très long et j’y suis allée par étapes. Alors je te souhaite de trouver ton chemin, sans vouloir brûler les étapes et de réussir à voir ton corps autrement.
Je te trouve très belle et… très courageuse, car s’autoriser à être soi quand on a été en guerre permanente avec son image est loin d’être aisé…Bravo car en t’aidant tu aides les autres <3
C’est un peu mon objectif en allant au bout de cette démarche. Et puis, en le faisant, je me lance un nouveau défi : celui de ne jamais revenir en arrière 🙂
Je te vois comme une warrior et je te découvre fragile, malmenée par un compagnon maltraitant (je ne sais pas quel mot serait adapté). Ça me peine de voir ce par quoi tu es passée mais je suis heureuse pour toi du chemin parcouru. Et tu es belle. Et courageuse. Keep going
J’ai mis du temps à me livrer sur le blog, à parler de ces années passées à subir la violence psychologique. Je me sentais encore coupable de n’avoir pas su réagir, d’être restée, de ne pas avoir eu le courage de partir plus tôt. C’est en parlant des violences faites aux femmes et en me renseignant sur le sujet que j’ai réalisé que non, tout ça, ce n’était pas de ma faute. Je suis victime. IL est coupable. J’ai vécu sous l’emprise d’un pervers manipulateur et cela peut arriver à tout le monde, même à celles et ceux qui disent « Mais moi, jamais de la vie je ne supporterai ça ! » parce que c’est quelque chose d’insidieux, de pervers justement. Mais quelque chose qui laisse des traces, qui fait perdre toute confiance en soi, qui détruit… C’est cette fragilité qui fait ma force maintenant. Parce que je sais pas quoi je suis passée, même si mon entourage familial a encore du mal à réaliser combien tout cela a pu me détruire… Bref, aujourd’hui, je suis une warrior et j’ai envie de dire à toutes celles et tous ceux qui vivent ces situations qu’on peut s’en sortir, que c’est difficile, que ça peut être long mais que oui, c’est possible !
Merci pour tes mots, ils me touchent beaucoup
Tu es magnifique et courageuse
Merci
ton témoignage est très fort, les photos magnifiques, et toi sublime. Quel courage!
Merci. C’était important pour moi de le faire, d’aller jusqu’au bout, même si ce n’est pas facile. Mais ça m’a aidée à aller de l’avant.
Super, j’aurais pas osé. En tout cas je trouve que tu n’as pas de raison d’être complexé
La principale raison de ce complexe c’est d’avoir vécu des années sous cette emprise et cette injonction au « corps parfait ». C’est le regard d’un autre sur mon corps qui était loin d’être toujours bienveillant. Je ne m’étais pas rendue compte à quel point tout cela était fortement ancré en moi d’où ces complexes, cette envie de toujours maîtriser mon poids, mon corps… J’espère que tout cela est derrière moi maintenant 🙂
bravo pour ce travail sur toi et ce chemin parcouru. j’ai grandi avec une mère qui m’a toujours trouvé trop grosse. La dysmorphophobie, je vie avec depuis toujours. je ne me souviens pas m’être déjà sentie mince – y compris quand je rentrais dans du 36 ! C’est un regard sur soit très spécial que peu de gens peuvent comprendre et beaucoup vont juste te dire « ça va hein, t’as pas à te plaindre »…sauf que non, ça va pas. C’est en toi et c’est tout.
Alors bravo d’avoir pris cela à bras le corps. (l’expression est de rigueur)
(et ces photos sont sublimes, ça donne envie de se mettre au running!)
Avec tes mots, je sais donc que tu ne comprends que trop bien ce que je ressentais depuis toutes ces années. Je te souhaite de réussir à aimer cette image de toi, parce que tu es une belle personne.
Tu es juste magnifique <3
Tout comme toi 🙂
Quel article ! Wahou ! C’est très touchant Tout ce que tu partages !
Merci beaucoup.
J’admire ta démarche ! Tu es un exemple pour d’autres femmes qui ont rencontrés des difficultés à accepter leur corps. C’est important de sentir bien dans sa peau. Et tu as décidé de tout faire pour être bien avec ton corps. C’est une super idée ce shooting photo.
ps : Je te trouve magnifique ! 😉
Merci beaucoup Emilie
On est tous different face à notre regard sur notre corps et personne ne doit nous juger sur cela.
Nous aider à s’accepter oui.
Tres belle démarche, j’ai tenté mais le résultat n etait pas à la hauteur espérée de ma part!
Tes clichés sont beaux, un jeu de lumiere que j aime beaucoup.
Bravo à vous 2! Belle collaboration.
D.
Très bel article, je l’ai partager sur ma page #plaisirsphotos, car beaucoup de mes modèles hommes ou femmes’ sont dans votre cas et cet article leur permettra peut être de mieux comprendre les biens faits de la photos.
Merci
Emmanuel, photographe amateur.
Vous êtes magnifique pour votre âge^^
Lisa