Il n’y a pas de « petite » victoire et encore moins quand il s’agit de celle-ci sur l’épreuve du maillot de bains. Qu’est-ce qui s’est passé dans cette cabine pour que j’en sorte le sourire aux lèvres, bien décidée à partir avec cet ensemble dont les tailles sont dépareillées ?
Une virée shopping pour Loulou… et pour moi
Samedi matin, les enfants sont réveillés tôt. A l’approche de notre départ en vacances, Loulou m’indique que son maillot de bains est trop serré. Allez, ça tombe bien, c’est la fin des soldes et nous devrions bien pouvoir trouver de quoi le satisfaire.
Nous filons donc dans le magasin de sport le plus proche de chez nous et nous lançons à la recherche des bonnes affaires. Loulou trouve rapidement un maillot de bains qui lui plait et file l’essayer. Pendant ce temps, je flâne dans les rayons. Et c’est là que je vois de jolis maillots de bains dont le pourcentage de réduction m’incite au « crime ».
Je choisis plusieurs modèles. Pour certaines marques, le haut et le bas sont attachés ensemble par taille. Pour d’autres, il est possible de prendre des tailles différentes.
Me voilà donc avec plusieurs maillots à essayer et c’est là que ça commence.
L’épreuve du maillot de bains
Le premier modèle, en taille 40, est difficile à enfiler. Il me serre et une fois sur moi, il me rappelle que je n’ai plus 20 ans. En fait, ce n’est pas qu’il est trop petit, c’est juste qu’il comporte trop peu de tissus à l’avant et à l’arrière. Et là, je me dis que ce modèle n’est pas compatible avec mon statut de « presque quinqua mère de famille« . No way baby, hop, il dégage !
J’enfile un haut et un bas en taille 40. Le bas est nickel, il serre un peu mais je pense qu’il va se détendre à l’usage. Le haut est clairement trop grand. Je m’imagine déjà plongeant dans une piscine et le retrouvant au niveau de ma taille. J’essaie la taille 38. Encore trop grande… OK. Donc, à celles et ceux qui croient encore que la poitrine reste la même après une grossesse, je crie « C’est un fake !!!!« .
Je n’avais pas prévu d’essayer de taille en dessous de 38 pour le haut. Me voilà donc bien embêtée… Comme Ti’Loulou est à mes côtés dans la cabine, je l’envoie en mission : aller me chercher le même en taille 36. Il revient, mission accomplie !
J’enfile le haut en 36 et là, rien à dire, c’est la taille qu’il me faut. Il tient bien, ne m’écrase pas la poitrine, ne fait pas trop petit… Non, c’est bien une taille 36 qu’il me faut pour le haut.
Quand soudain…
Et là, sournoisement, je l’entends qui revient. Cette voix venue du passé. Celle-là même qui m’a bousillée de l’intérieur toutes ces années. Et une nouvelle fois, elle n’est pas tendre avec moi :
- « Petits seins et gros culs, et il n’y a rien qui te gêne là ???
- Quand je regarde les filles, certaines sont taillées comme des mannequins… Toi, t’es plus gaulée comme une bouteille de Perrier. Fine en haut, large en bas…«
Des phrases comme celles-là, je pourrais en faire un recueil. Elles font beaucoup de mal à entendre et croyez-moi, elles laissent des traces, bien des années après.
Mon premier réflexe a été de retirer ce maillot de bains pour en essayer un autre. Mais je n’aimais pas sa forme une fois sur moi. J’ai failli baisser les bras et une nouvelle fois sortir de la cabine en allant reposer toutes ces affaires.
C’était sans compter sur l’innocence et la bienveillance d’un regard.
Ti’Loulou à la rescousse
Parce que cette voix du passé était très présente et qu’elle commençait à prendre le dessus sur mon humeur, je n’ai plus fait attention à lui.
Mais Ti’Loulou était dans la cabine avec moi. Il a assisté à tous ces essayages. Au moment où j’allais remettre mes affaires, il me demande quel modèle je choisis.
- « Aucun Ti’Loulou, il n’y en a aucun qui me va…
- Moi, j’aime bien celui-là – dit-il en m’indiquant le modèle bleu en taille 40 en bas et 36 en haut
- Ah bon ? Tu trouves qu’il me va bien ? Je vais le remettre pour voir alors… – et je l’enfile à nouveau
- Wouahhh, tu es belle comme ça maman ! C’est joli, j’aime bien moi ! »
Il y a eu un moment de silence pendant lequel je fixais mon fils. Il souriait et son regard pétillait. Aucun mensonge sur son visage, juste l’expression de sa sincérité.
Il regardait mon reflet dans le miroir et ce qu’il voyait, ce n’était pas une bouteille de Perrier. Ni une femme avec des petits seins et un gros cul. Il me voyait moi. Sa mère. Et il me trouvait belle.
Tout d’un coup, je me suis sentie à l’aise dans ce maillot de bains. Après tout, qu’importe la taille mentionnée sur les étiquettes. A part moi (et vous maintenant ), qui le saura ?
Allo, la voix dans ma tête ?
Silence radio… Elle s’était tue. Écrasante victoire de l’innocence contre la violence verbale !!!
Alors tu sais quoi la voix dans ma tête ? Tu vas bien sagement aller regagner ta tanière et y rester enfouie jusqu’à la fin des temps. Parce que si tu reviens, on va te botter le cul à nouveau. Je n’ai pas fait tout ce travail ces dernières semaines pour que tu reviennes tout gâcher. Oh non !!!
Tu as failli gagner mais tu as eu en face de toi un adversaire bien plus fort que toi, même du haut de ses 8 ans.