La ménopause ou le deuil du petit dernier
Lors de notre dernier rendez-vous « Entre 10 blogs », je vous confiais qu’une page se tournait dans ma vie de mère, n’osant pas prononcer LE mot qui me parait finalement difficile à accepter : la ménopause ! Alors non, même si le sujet est encore un peu tabou, la ménopause, ça n’est pas sale, c’est le corps qui change mais pas seulement, c’est une remise en question de l’avenir personnel et professionnel, du désir de maternité, de la féminité, de la sexualité… Je ne vous repasse pas le film de ces quelques jours de retard pendant lesquels je me suis projetée dans une vie à 5 (pour finalement me rendre compte que ce sera à tout jamais une vie à 4) mais pour résumer, je suis passée par toute une gamme de sentiments.
Je sentais bien qu’il se passait quelque chose mais je n’arrivais pas trop à définir ce que c’était.
Quelques jours plus tard, je tombe sur l’Aveu 171 chez ma copine La Mère Coupable. Cet article fait écho à ce que je ressens et je replonge dans une espèce d’ambivalence de sentiments. Étrange ce qui se passe, cette gorge qui se noue, ce cœur qui se serre, ce vide qui commence à se faire ressentir…

Illustration Mademoiselle Maman
Comme pour enfoncer encore un peu plus le clou dans ma poitrine, voilà qu’autours d’un café un mercredi matin, après avoir déposé nos enfants à l’école, une de mes copines lance le sujet. Elle racontait combien elle appréciait de profiter de son fils cadet, qu’elle avait du mal à le laisser grandir et devenir autonome malgré son entrée à l’école parce que c’est « Le petit dernier » et de conclure par un « C’est quand même difficile de se dire qu’après lui, il n’y en aura plus, que c’est fini ! »
Mais voilà, c’est donc ça ce que je ressens depuis quelques jours, j’arrive enfin à mettre un mot sur ce que je suis en train de vivre et tous ces sentiments qui se bousculent dans ma tête : LE DEUIL DU PETIT DERNIER.
Alors oui, je m’estime heureuse d’avoir connu la maternité alors que j’avais tiré un trait ferme et définitif dessus dans ce que j’appelle « ma vie d’avant » et pourtant, j’ai beau me convaincre qu’on est bien là, tous les 4, je sens qu’il se passe quelque chose dans ma tête et dans mon cœur de mère.

Illustration @Les p’tites créas de Nono
J’avais déjà entendu cette expression « se sentir complète » en parlant de la maternité et je m’étais déjà posée la question de savoir si moi aussi, je me sentais complète avec mes deux enfants. Je mentirai si je disais que je n’ai jamais voulu de 3ème enfant. Cette envie m’a rattrapée à plusieurs reprises mais comme je l’avais déjà indiqué, la raison prenait le dessus : j’ai eu mon 1er enfant à 36 ans, le 2ème à presque 40, les murs de la maison ne sont pas extensibles, nous avons mis en place une organisation qui nous convient et permet de concilier nos vies professionnelles et nos vies personnelles… Bref, tout un tas de « bonnes raisons » pour me convaincre que notre famille est « complète ». Je n’ai jamais ressenti comme un besoin viscéral d’avoir un 3ème enfant, comme un but dans ma vie, comme étant une condition essentielle à mon bonheur, à notre bonheur.
Et pourtant, jusque là, il restait comme une porte ouverte sur une éventuelle grossesse, un petit dernier « surprise » parce qu’un stérilet n’est pas fiable à 100 %, un changement d’avis et une envie soudaine d’agrandir la famille…

Illustration It’s a mum’s life
Pendant ces quelques jours de retard, j’ai espéré secrètement que tous ces signes que mon cerveau envoyait à mon corps étaient autre chose que de l’autosuggestion. Je me suis imaginée porter la vie une dernière fois, voir mon ventre s’arrondir, sentir bouger cet enfant, faire sa connaissance, l’accompagner dans ses premiers jours de vie et les suivants jusqu’à ce qu’il soit suffisamment autonome pour voler de ses propres ailes…
Je me suis imaginée débordant de cet amour inconditionnel et PAF ! Retour à la réalité, voilà, c’est fini, retour sur terre, la maternité, c’est bel est bien terminé !
Je réalise que moi aussi, j’ai du mal à laisser grandir mes enfants, surtout le « petit dernier », que j’aimerai prolonger ces moments si délicieux où ils ont encore besoin de nous, où ils découvrent tant de choses, où ils apprennent à devenir les citoyens de demain, des petits hommes en construction…
Mais mon rôle de parent, c’est justement de les amener à nous quitter un jour, à devenir autonomes et être suffisamment sûrs d’eux pour construire leur avenir. C’est les accompagner dans leur vie d’enfant en essayant de leur transmettre de belles valeurs pour en faire des adultes responsables et respectueux des autres. C’est faire le deuil de leur enfance, le deuil de ces moments qui ne durent que l’espace d’un instant et sont pourtant si précieux, le deuil de ce bonheur éphémère…
En ces instants où je réalise que je n’aurai plus jamais de « petit dernier », je me sens triste de tirer un trait sur la maternité, nostalgique, presque vide de l’intérieur, même si il y avait peu de chances pour que mon désir devienne réalité.
Alors je me tourne vers mon passé, je regarde d’où je viens, tout ce chemin parcouru pour me libérer de quelques vieux démons et réussir à devenir celle que je suis aujourd’hui. Je pense à mes enfants et je me dis qu’il faut que je profite pleinement de l’instant présent, à cet homme qui m’accompagne au quotidien depuis quelques belles années, à tout ce qui me reste à faire dans les différents domaines de ma vie et je me surprends à sourire, à être confiante en l’avenir et en tous ces nouveaux moments à venir !
Ma vie de femme ne s’arrête pas à la ménopause. Au contraire, elle s’ouvre sur de nouvelles pages et de nouveaux chapitres à écrire…
Ton article est très touchant.
Pas de ménopause pour le moment mais j’ai du mal à faire le deuil d’une nouvelle maternité aussi, j’ai envie de garder Poupette bebe encore un peu. Et comme toi je me pose régulièrement la question de me sentir complète avec mes deux poupées…
Merci pour ton retour et ton ressenti. Difficile de savoir si on se sent vraiment complète alors j’espère que tu trouveras ta réponse. En attendant, profitons de nos enfants au jour le jour <3 <3
Je n’y suis pas encore donc je ne sais pas comment je reagirai mais je crois qu’écrire aide à passer tous les caps de la vie 🙂 en tout cas c’est super touchant et effectivement en route pour une nouvelle vie 😉 et <3 en attendant de te bisouiller bientôt 🙂
Voilà, la vie ne s’arrête pas à un mot, à une étape mais elle continue avec de nouvelles perspectives.
A bientôt pour les bisous en vrai <3
Très joli témoignages <3
Je pense que je serais un peu comme toi, même si je sais que moi c'est déjà bel et bien fini car la raison l'emporte et il faut penser aussi à soi, lorsqu'elle arrivera ce sera un coup de massue. Il te reste à profiter de tes loulous qui grandissent et c'est aussi une belle continuité. Bisous <3
Même si la raison l’emportait, il y avait toujours cette porte ouverte… qui vient de me claquer à la figure 😉
Alors oui, je vais profiter pleinement de ces moments avec mes enfants, c’est le « bon côté » de la chose.
Merci Maman Pomme
Merci pour ce très bel article. Il permettra sûrement à beaucoup d’entre nous de mieux appréhender ce passage et mieux comprendre nos sentiments. J’ai été très émue en le lisant.
Merci beaucoup Sandra. Je suis contente alors si mon expérience et ce que j’en retire peut être utile.
J’écris à chaud après cette lecture… et je dois avouer que c’est un moment un passage qui me fait peur. Non pas pour l’absence de petit dernier mais pour tous ces changements que l’on subit « naturellement »… peur pour la femme/mère qu’on est… peur pour la suite.
Cependant la sérénité de ce billet rassure aussi quelque part et je te souhaite de continuer à t’épanouir tel que tu es. <3.
Très joli billet.
Merci beaucoup <3
J’ai souvent utilisé l’expression « être au complet ». Les enfants ayant mis du temps à arriver, j’ai vécu des années durant avec ce sentiment de ne pas être au complet. Je ne sais pas combien de fois on a dit « on fera ça quand on sera au complet »… bref. Aujourd’hui nous le sommes. Même s’ils devaient être trois et ne sont que deux, nous sommes au complet… au point que si Dame Nature après nous avoir dit non, nous faisait la farce de dire oui sans prévenir, je ne le vivrai pas bien du tout et me poserais serieusement la question de garder ou pas cette petite chose. bref. Mes seules craintes concernant ce passage dans l’autre monde (LOL), sont ce que cela va impliquer sur moi… surtout depuis que mon gynéco et mon médecin m’ont dit, de concert « vous allez en chier à la ménopause »… bref… à suivre…
Mais je comprends que ça puisse être un moment particulier voire difficile. Mais comme tu le dis très bien, la vie de femme ne s’arrête pas pour autant!
Merci La Carne et bon courage après le « diagnostic » du gynéco et du médecin !
Ton article me touche tout particulièrement…je n’en suis pas encore « là » mais je ressens bien ton ambivalence de sentiments sur ce 3ème espéré.
Moi aussi, je dois faire le deuil du petit dernier. Je vais avoir 40 ans et j’ai 3 enfants (le 1er étant placé, ce n’est pas moi qui l’élève). Tu vas me dire que je ne uis pas vieille pour un petit dernier. Le problème est que ce petit 4ème me couterait la vie à 50%. Je ne veux pas mourir. Je veux voir grandir mes princesses. C’est quand même dur de se dire que je ne metterai pas au monde un dernier petit être. Je te souhaite une jolie journée.
Merci pour ton retour très touchant. Profites de ta vie et du bonheur que tu peux avoir au quotidien <3 <3
Article qui me touche beaucoup car je me pose justement en ce moment cette question: « suis je prête à me résoudre à ne plus avoir d’enfants ? ». Ma petite dernière de 6 mois grandit trop vite. Je ne suis pas sure d’accepter que tous les moments que je vis avec bebe sont les derniers. Qu’il n’y en aura pas d’autres…!
C’est difficile de répondre à cette question. Parfois, il faut laisser un peu de temps au temps et la réponse vient d’elle même.
Merci pour votre article qui parle avec justesse de ce sentiment : la porte s’est refermée d’un coup et je l’ai prise en pleine figure ! Je n’ai rien vu venir, trop occupée par la vie, le travail, les autres…bref je n’ai pas fait attention au temps qui filait entre mes doigts. Le deuil du petit dernier, il va bien falloir que j’y arrive…je reste sur une fausse couche, ultime signe de ma possible maternité et puis, plus rien…je me sens si vieille, comme fauchée en pleine course. C’est ça, je courais, je courais, je respirais à plein poumons, riais à pleines dents et je suis tombée. Je ne veux pas être ménopausée : je ne le veux pas !!! je me sens glacée, choquée…Je voulais juste quelques années 2 ou 3 tout au plus…Bien sûr, ce n’est pas grave, ce n’est pas une maladie etc…j’entends déjà les commentaires de ceux qui ne comprennent pas : j’avais déjà à faire le deuil de ce bébé surprise il me faut maintenant faire le deuil de mes espoirs…
J’ai mal au cœur et pour le moment je n’ai pas d’autre chapitre à écrire…
Effectivement ça doit être un passage comme les règles les grossesse dans notre vie de femme…Un tournant dans notre vie qu il faille accepter avec plus ou moins d aisance. Je comprends même si je ne suis pas dans ton cas….Et j avoue qu il n est pas simple d être femme avec tous ces changements hormonaux. J espère que tu arriveras à trouver ton nouveau chemin de vie pour continuer à t épanouir
Je crois qu’il y avait un « cap » à passer et surtout, un deuil définitif à faire sur la possibilité d’un éventuel ptit dernier. Les choses sont claires maintenant et même si ça m’a mis une petite claque, j’ai réalisé que ma vie ne s’arrêtait à la maternité. Mes enfants grandissent, un jour ils vont partir et c’est à cela que je dois me préparer maintenant. Bon, j’ai encore quelques années devant moi mais ça viendra bien plus vite que je ne le pense 🙂
Coucou…Tu sais je te comprends tellement… J’ai du mal et j’aurai du mal à « lâcher » mes 2 petits. Il n’y aura jamais de 3ème car j’ai du subir une hystérectomie l’année dernière. Même si je l’ai bien accepté car trop de risque de cancer et autres désagréments (il y a deux billets détaillés sur le blog hein^^ je ne vais pas « polluer » tes coms :-P), j’ai aussi connu cette ambiguïté de sentiments et réflexions. Nous avons connu des naissances corsées mais nos enfants sont en pleine forme malgré tout donc on profite pleinement de tous ces instants qui passent tellement vite. Je t’envoie plein de gros bisous car j’ai pu me « préparer » et « choisir »…. Dans ton cas c’est plus compliqué émotionnellement car il faut accepter quelque chose à laquelle tu n’es pas préparée….Profite de vivre ta vie avec tes loulous et ton homme à 200% ma belle, le temps file tellement vite….gros chaudoudous
Il y a un énorme décalage entre mon âge mental et mon âge réel. J’oublie que j’ai 47 ans et j’ai l’impression d’en avoir 10 de moins. Mais non, mon corps me renvoie bien à mon âge physiologique 😉
Du coup, tu as entièrement raison, je profite du moment présent parce que je me rends compte qu’ils sont uniques et qu’ils passent bien trop vite.
Gros bisous
Ne te preoccupe pas de ton âge physiologique <3 nous on t'aime telle que tu es. Sois celle que tu as envie d'être et croque la vie à pleine dent. Gros bisous
❤ Mais est ce qu’au final on fait vraiment ce deuil un jour?
Je croyais l’avoir fait après mon troiz, jusqu’au jour ou mon docteur m’a dit « bon c’est bien vous avez 3 enfants (12, 10ans1/2 et 7ans), parce qu’après l’opération une grossesse ne sera plus envisageable »! (Rien de grave l’opération mais rendrais compliquer une grossesse).
Bien que je pensé être au complet, rêvant quand mm secrètement qu’un jour peut être un enfant nous rejoindrait, ça m’allait bien.
Le faite de ne pas vouloir mais pouvoir si je le voulais. Mais là le faite de ne plus pouvoir me faisait me posé la question « et si je voulais! »
L’interdit je pense, nous donne une autre vision de la chose, même si avant on voulait pas.
Et c’est ainsi que la décision est arrivée, nous aurons un 4ème, oui nous avions tout, tout été caler, vas falloir casser tout ça et tout revoir, mais c’est pas grave.
Et la petite à 8 semaines, et dans ma tête c’est compliquer, il faut bien que ça s’arrête un jour, et je vais vraiment maintenant devoir faire cette opération, et surtout ce deuil c’est fini, le ventre ect…
Je suis très heureuse, combler, mais pourquoi je suis mal encore quand je compte les premières fois, les dernières!
Alors je me pose la questions, est ce qu’un jour on le fait ce deuil?
(Excuse moi pour les fautes)