La semaine dernière, j’ai vu sur Facebook la publication de 7 à la maison au sujet d’un événement blog à Marineland. A priori, plusieurs personnes s’y étaient rendues mais je n’ai rien vu dans mon fil d’actualité.
Je suis donc allée lire l’article sur son blog. 7 à la maison ne cautionne pas les parcs animaliers et elle explique pourquoi. Elle EX.PLI.QUE !
Sans jugement de valeur, sans insulte, avec son ressenti et ses mots. Et là, je me suis dit qu’elle avait eu l’intelligence de ne pas critiquer les autres. De ne pas les insulter ou les traiter de barbares.
Et qu’est-ce que j’ai apprécié cette démarche que je trouve bien plus pédagogique que les insultes et les appel à pourrir la page de commentaires négatifs.
Retour à l’été 2014
Quand j’étais gamine, à l’époque où l’Internet n’existait pas et où nous avions moins accès à l’information, j’avais un rêve : voir des orques ! Mes copains et copines d’école allaient à Marineland et en revenaient des étoiles plein les yeux. Plus j’en entendais parler et plus je voulais m’y rendre.
Mais voilà, papa ouvrier, maman au foyer, 4 enfants à la maison, le budget familial était serré. Donc pas de Marineland pour la famille.
Été 2014, mon mari, les enfants et moi sommes en vacances dans le sud de la France. En voyant les prospectus pour ce parc animalier, les enfants demandent si on pourra y aller. J’y vois l’occasion de réaliser un rêve de gosse, la perspective d’un bon moment en famille. Alors nous y allons et je poste une photo sur les réseaux sociaux. Une seule photo.
S’en est suivie ce qui demeure à jamais une de mes pire soirée réseausocialesque…
Au retour de la sortie, j’ai allumé mon portable et découvert des insultes, des images d’animaux torturés en commentaires ou par messages privés, des appels à boycotter mon blog et ma page, d’autres à venir pourrir mon fil d’actualité.
Certaines personnes sont allées jusqu’à insulter ma famille, mon mari, mes enfants. Et comme je l’ai déjà dit : ON NE TOUCHE PAS A MES ENFANTS !!! alors ce furent les commentaires de trop.
J’ai bloqué de ma page Facebook toutes les personnes qui m’avaient insultée, envoyé ces messages. Puis j’ai supprimé ma publication.
J’ai trouvé tout ceci d’une violence incroyable. Violence à laquelle je n’avais jamais été confrontée et surtout pas préparée.
En lisant ce billet de 7 à la maison, cet événement m’est revenu en mémoire et, vous commencez à me connaître, je me suis mise à cogiter.
Pourquoi toute cette violence pour défendre les grandes causes ?
J’ai l’impression que cette tendance à la violence verbale se développe sur les réseaux sociaux notamment.
Attention : je ne généralise pas, tout le monde ne défend pas les grandes causes à grands renforts d’insultes ou commentaires désobligeants.
Mais c’est ce que je constate de plus en plus sur les réseaux sociaux, et encore dernièrement. Quelques exemples :
Le Nutella :
Publiez une photo de Nutella et voilà que se déchaînent des commentaires sur la déforestation, le danger de mort des espèces animales, et des « pauvres connards et connasses qui consomment ces merdes sans en avoir rien à foutre« .
Les cosmétiques
Une blogueuse essaie une nouvelle marque de shampoing sur son enfant. Mais quelle mère inconsciente elle fait ! Tous ces perturbateurs endocriniens, ces produits chimiques, l’emballage en plastique. Et le « Faut vraiment être conne ou débile pour mettre ces merdes sur la tête de son pauvre gosse !!! »
Les vêtements
Papa machin est content de la nouvelle tenue qu’il a acheté pour sa fille dans une enseigne à bas-prix. Mais il n’a pas pensé « à tous ces enfants exploités dans les industries textiles, leurs conditions de vie précaires« . Il « cautionne le capitalisme alors qu’il ne laisserait pas sa fille bosser dans ce pays le sombre père de mes deux« .
Les parcs animaliers ou de loisirs
Vous vous rendez dans un parc animalier, vous voulez partager ce moment sur les réseaux sociaux… Je ne vous fais pas un dessin, certaines personnes viennent d’en faire elles aussi l’amère expérience.
Vous passez un bon moment dans un parc de loisirs mais cela n’est pas du goût de tout le monde. Avez-vous pensé à ces salarié.e.s exploité.e.s ? La destruction de la faune et de la flore pour construire ce parc ? Les nuisances pour l’environnement ?
Le féminisme
Sur une page féministe, vous posez une question parce que vous ne comprenez pas forcément en quoi un acte est du patriarcat. Vous n’êtes pas déconstruite pour poser ce genre de question, vous êtes emprunte de masculinisme, le patriarcat a encore de beaux jours avec des personnes comme vous. Et hop, vous êtes banni.e de la page.
Amazon
Damned ! Mais c’est la fin des commerces de proximité, l’exploitation des salarié.e.s, etc, etc…
Je cite quelques exemples qui me viennent en tête mais il en existe pour bien d’autres grandes causes. Et encore une fois, je ne généralise pas à toutes les grandes causes, ni à toutes les personnes qui défendent ces dernières.
Informer sur les grandes causes plutôt qu’insulter ?
Je suis peut-être naïve mais j’ai tendance à croire que certains comportements relèvent d’un manque d’intérêt ou d’information.
Quand j’achète un produit, je ne me renseigne pas forcément avant sur sa composition, son mode de fabrication, son impact écologique.
Si je vais visiter un pays, peut-être n’ai-je pas connaissance que les femmes dans ce dernier sont dépourvues de droit (enfin si, un peu quand même…).
Lorsque je crie sur mon enfant, je reproduis peut-être ce que j’ai vu faire sans forcément remettre en cause mon attitude…
Ce que je veux dire par là, c’est qu’en fonction de nos vies, de notre niveau d’ouverture d’esprit et de curiosité intellectuelle, nous n’avons pas les mêmes centres d’intérêts.
Nous n’avons pas les mêmes valeurs, la même sensibilité sur tous les sujets. Nous n’allons pas forcément chercher l’information si ce n’est pas un sujet qui nous préoccupe.
Il existe une multitude de sujets qui peuvent nous préoccuper : l’écologie, la faim dans le monde, la défense des animaux, les droits des femmes, l’éducation bienveillante, la sécurité routière…
Chacune de ces grandes causes est honorable et mérite qu’on y accorde de l’importance. Mais il faut aussi accepter que des personnes ne s’en soucient guère, que les causes que vous défendez n’intéressent pas forcément tout le monde.
Insulter, intimider, appeler à la haine fait-il avancer les grandes causes ?
Vous, je ne sais pas. Mais moi, quand on me crie dessus, quand on m’insulte, ça ne me met pas dans des dispositions favorables pour engager un dialogue. Non, ça me donne soit envie de fuir, soit envie de « rendre la pareille » mais certainement pas envie de savoir en quoi cela met la personne dans un état pareil.
Face à la colère ou la haine, j’ai l’impression de me heurter à un mur, à une montagne, à une forteresse… L’impression que chaque argument que je pourrais avancer me reviendra tel un boomerang en pleine face.
Et ça, je ne trouve pas que ce soit très productif pour faire avancer les grandes causes.
Vous voyez, c’est un peu à l’image de ce que prônent depuis plusieurs années les mouvements pour une éducation bienveillante à l’égard des enfants. Crier avec les enfants (et les adultes) n’est pas la meilleure solution. Expliquer, argumenter, comprendre, écouter, échanger, oui.
Enfin, c’est comme ça que je le conçois et c’est comme ça que ça fonctionne avec moi.
Oui à la pédagogie !
Voilà en quoi j’ai trouvé l’article de 7 à la maison très intéressant et pédagogique. C’est de cette manière que j’aurai aimé qu’on m’ouvre les yeux sur les conditions de vie des animaux à Marineland.
Pareil pour l’écologie, la santé des enfants, les pesticides… Même si on en parle de plus en plus, certaines personnes peuvent passer au travers des messages de prévention. Oui, même à l’heure du numérique, de l’internet, des tablettes, des smartphones… si vous ne cherchez pas une information sur un sujet particulier, elle ne vient pas forcément à vous.
Je reste convaincue que toutes les causes valent la peine d’être défendue. Il reste tant de chose à faire pour préserver notre planète, le monde animal, faire avancer les droits des femmes et des enfants.
Mais il convient de trouver les bonnes manières de faire passer les messages. Avec de la pédagogie, avec de l’humour, avec des articles de fonds, avec des liens vers des publications… mais sans doute pas en usant de la violence verbale.