Aujourd’hui, je souhaite aborder un sujet peut être encore tabou dans certaines familles : les relations sexuelles des jeunes de 15 à 18 ans. Et plus particulièrement, de la contraception, des risques de grossesse et de maladies sexuellement transmissibles. Pourquoi ? Parce que, à la lecture de certaines publications, j’ai l’impression que ce sujet est avant tout une affaire de filles.
Contraception, grossesse, MST, une consultation complexe facturée 46 euros pour les jeunes filles…
La nouvelle est apparue comme ça, dans mon fil d’actualité sur Facebook, lorsque j’ai été taguée sur une publication :
« Les tarifs des consultations chez le médecin évoluent. Les détails viennent d’être publiés au Journal officiel, le 12 septembre. Les consultations complexes sont facturées 46 euros. Elles concernent […] et les jeunes filles de 15 à 18 ans qui souhaitent une obtenir une contraception ou une consultation de prévention contre les maladies sexuellement transmissibles. »
Ce n’est pas l’augmentation du prix de la consultation qui m’a fait sursauter parce que cela peut se comprendre. En effet, certaines consultations dites complexes prennent plus de temps au praticien. Donc, rien à redire à cela.
Non, ce qui m’a fait réagir c’est cette petite mention sur les consultations liées à la contraception ou la prévention des MST. Celle qui précise « les jeunes filles de 15-18 ans qui souhaitent une consultation de prévention contre les MST ». Donc, les filles qui veulent se renseigner sur les MST paieront 46 euros parce que c’est une consultation jugée complexe. OK, ça peut prendre du temps.
Mais, euhhhh… Si un garçon veut consulter pour se renseigner sur les MST, il n’est pas concerné par cette augmentation de tarif ? Ce n’est pas jugé complexe dans ce cas ?
Je me suis donc posé la question : pourquoi cette mesure ne concerne que les jeunes filles ???
Je ne suis pas juriste, mais j’ai quand même cherché à en savoir un peu plus. Cette publication du journal officiel émane de l’Union nationale des caisses d’assurance maladie.
Je me suis plus particulièrement intéressée à l’article 14.8 relatif à la première consultation de contraception et de prévention des maladies sexuellement transmissibles. Et là, surprise, qu’est-ce que je lis ??? Que « Cette consultation à fort enjeu de santé publique est réservée aux jeunes filles de 15 à 18 ans« .
OK, je peux comprendre que concernant la prescription d’une méthode contraceptive, notamment par voie orale, les filles sont davantage concernées. Cela nécessite un examen médical, un avertissement sur les contre-indications, les risques liés à l’association avec le tabac, etc… Et puis, même si les cycles menstruels et la reproduction sont abordés en classe, il vaut mieux un petit rappel de son médecin.
Mais oui, rappelez-vous les cours d’anatomie au collège !
Entre les rires gras et les regards gênés, ce n’est pas en classe qu’on peut poser toutes les questions qui nous préoccupent. Je ne sais pas si vous lisez les rubriques du Docteur KPote sur ses interventions en classe mais les réactions des élèves sont parfois flippantes !!! (Vous pouvez aussi le suivre sur Facebook)
Les adolescent·e·s d’aujourd’hui sont très jeunes confronté·e·s aux images pornos. Dans les magasins de journaux, dans les publicités, dans les vidéos, sur internet… Dès l’âge de 9-10 ans, un enfant peut avoir déjà vu des images pornographiques. Et oui, moi aussi ça m’a calmée… Ils ont donc une image faussée de la sexualité et c’est de là que peut venir le danger. Conduites à risques, manque d’informations, pudeur, tabou, la sexualité est un sujet qui doit être abordé auprès des jeunes.
Donc, une consultation pour parler des cycles, de la grossesse, de la contraception, des MST, de l’IVG : oui !
Mais, encore une fois, pourquoi est-ce que cela ne concernerait que les filles ?
La sexualité, une affaire de filles uniquement ?
En fait, ce qui m’a questionnée dans cette publication, c’est pourquoi faire mention spécialement des filles dans ces consultations. Parce que les garçons ne sont pas concernés par les maladies sexuellement transmissibles ? Parce que faire attention aux risques de grossesse reste l’affaire des filles ?
Je me souviens d’une conversation que j’avais eue avec une ancienne collègue. Son fils, âgé de 17 ans et sa copine du même âge venaient de lui annoncer qu’elle attendait un enfant. Ma collègue était furieuse après la jeune fille « Mais punaise, elle ne pouvait pas faire attention ? Elle ne pouvait pas prendre la pilule ou se protéger ?« . Lorsque je lui ai dit que pour concevoir un enfant, il faut être deux (sauf dans certains cas), que son fils aurait très bien pu lui aussi penser à mettre un préservatif, elle s’était fâchée. Parce que, pour elle, comme pour de nombreuses personnes encore, ne pas tomber enceinte est de la responsabilité des femmes.
Et c’est là que ça me fait grincer des dents…
Parce que pour moi,la sexualité, les risques de MST, de grossesse non désirée, ça ne doit pas être que l’affaire des femmes.
Je suis maman de 2 garçons et même s’ils sont encore trop jeunes pour penser au sexe, je ferai en sorte qu’ils soient informés. Je ne le ferai pas moi-même parce que je préfère qu’ils aient un avis externe, professionnel (coucou Le planning familial ! ). Mais ils connaîtront les cycles des femmes. Ils sauront que s’ils ne se protègent pas, ils seront eux aussi responsables en cas de grossesse. Que les maladies peuvent se transmettre sexuellement et que le SIDA tue encore.
Je n’ai pas envie qu’ils grandissent en pensant que les relations sexuelles ressemblent à ce qu’ils verront dans les films pornographiques. J’aimerai qu’ils apprennent le respect de l’autre, le consentement, la complicité et non la soumission dans la pratique sexuelle.
Qu’ils soient informés des risques liés aux rapports non protégés. Je n’ai pas envie que leurs futur·e·s compagnes ou compagnons soient les seul·e·s à porter la responsabilité de l’acte sexuel.
S’ils sont informés des risques, ils ne pourront pas dire qu’ils ne savaient pas, qu’ils pensaient que l’autre avait pris ses précautions, que ce n’est pas leur faute. Ça me tordrait le bide si un jour, mon fils fuyait ses responsabilités de la sorte.
Alors, même si les filles sont encore majoritaire à aller consulter pour être informées sur la contraception, les MST… ne laissons pas les garçons faire leur propre éducation sexuelle. Donnons leur les outils nécessaires pour qu’ils aient le même niveau d’information. Incitons-les à consulter un médecin, une association pour que les filles ne soient plus les seules à être mentionnées comme étant les principales concernées par cet enjeu de santé publique…