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Les cadeaux d’anniversaire des copains-copines

Aujourd’hui, je vous amène dans le monde merveilleux de la surenchère des cadeaux d’anniversaire !

J’ai découvert les fêtes d’anniversaire un peu tardivement et j’avoue que je suis admirative (un brin jalouse aussi) de ces parents qui organisent des fêtes thématiques avec toute la décoration, le gravity ou rainbow cake, les activités manuelles et les sacs de bonbons à ramener à la maison pour chaque invité-e-s… Je pense d’ailleurs qu’on tient là un bon concept de télé-réalité « Une fête d’anniversaire presque parfaite ? » où les parents se mettraient des notes les uns aux autres pour la
décoration, le gâteau, l’animation de l’après-midi… Mais je m’éloigne du sujet…

Depuis quelques temps, quelque chose me gène avec ces fêtes : les cadeaux d’anniversaire ! (Je parlerais des cadeaux genrés dans un autre billet)


Lorsque j’étais gamine, organiser un goûter d’anniversaire (on parlait encore de « goûter » et pas encore de « fête ») signifiait inviter des copains et des copines à la maison et passer toute l’après-midi à jouer ensemble en mangeant des gâteaux et des bonbons. On s’amusait et si on avait des cadeaux, c’était le petit plus mais nous n’invitions pas les copains-copines pour ça.

Maintenant, j’ai l’impression que non seulement, les enfants attendent des cadeaux mais pas n’importe quel cadeau, attention, pas la petite chose à 5 euros ou le petit cadre fabriqué main mais bel et bien LE cadeau. Et je trouve qu’à ce niveau là, il y a une espèce de surenchère au fur et à mesure que l’année scolaire s’écoule et que les fêtes d’anniversaire se succèdent.

Je m’explique. Il y a peu de temps, Loulou était invité à l’anniversaire d’un copain de classe. Nous nous sommes rendus dans un magasin de jouets – vous savez, un de ceux qui ont des rayons roses plein de poupées, chariots de ménage, machines à coudre et des rayons bleus remplis de pistolets, voitures, jeux de construction – à la quête du cadeau qui fera plaisir audit copain.

Stéréotypes jouets
Crédit photo @Egalimère

Alors que nous étions devant des boîtes de jeux de construction constitués de briques emboîtables et petites figurines (je ne citerai pas la marque sauf si elle m’envoie la prochaine collection Star Wars), je surprends cette conversation entre deux femmes :

–  » Ton enfant aussi est invité à l’anniversaire de UNTEL ? Oh là là, c’est difficile de choisir un cadeau, ils ont presque tout ces enfants… Je prendrais bien cette grosse boîte mais c’est un peu cher… Tu sais ce que tu vas prendre ?
– Oui, je pensais prendre celle-là (à 25 euros environ).
– Je vais peut être prendre celle-là parce qu’elle est dans mon budget (un peu plus de 10 euros). Oh mais attends, on pourrait prendre celle-là (environ 35 euros) si on se mettait ensemble !
– Ah oui mais si on fait ça, UNTEL va penser qu’on a mis la même somme toutes les deux, il ne saura pas que mon fils a payé plus cher !  »

Cette réponse m’a laissée quelque peu perplexe parce que je trouvais l’idée du cadeau groupé plutôt intéressante : on se met tous ensemble, on achète un plus gros cadeau et ça évite d’envahir la maison avec d’autres jouets… Mais voilà que cette personne, par cette simple remarque, a renforcé cette impression qui me tiraille à chaque anniversaire de copains-copines : faire reconnaître aux autres la valeur du cadeau d’anniversaire apporté !!!

Je suis toujours surprise lorsque j’accompagne un de mes fils à un anniversaire de voir, non pas que chaque convive ramène un cadeau, mais du coût de ces derniers. J’ai l’impression qu’à chaque fête d’anniversaire, les cadeaux sont de plus en plus onéreux et que cela a une grande importance pour les enfants présents.

Ce qui me met de plus en plus mal à l’aise, ce sont les commentaires des enfants eux-même :

« Mon cadeau est tout pourri, tu sais, ma mère avait pas trop d’argent alors on a pris que ça« .

Mais est-ce que l’amitié d’un enfant se joue à la valeur d’un cadeau ? Est-ce que les enfants ont déjà besoin, entre eux, d’indiquer le prix de ces derniers pour grimper sur une « échelle d’estime de l’amitié » ?  Si leur cadeau dépasse 15 euros, ils grimpent les marches et gagnent le statut de copain-copine, s’il coûte moins cher, ils descendent et rejoignent le coin des personnes qui ne valent pas la peine d’être fréquentées ? Que les enfants dont les parents n’ont pas les moyens de faire un cadeau à plus de 10 euros ne sont pas invités ? Qu‘on sélectionne qui va venir en fonction du cadeau que l’enfant est susceptible de faire ???

Femme embarassée
Illustration Les Créas de Nono

Je vous assure que parfois, lorsque j’entends parler certains enfants, j’ai l’impression d’entendre ça :

– A 4 ans, si t’as pas tout l’attirail Spiderman/Princesse des Neiges/Cars… t’as raté ta vie !
– A 6 ans, si t’as pas les derniers jeux de construction, t’as raté ta vie !
– A 8 ans, si t’as pas ta DS, t’as raté ta vie !
– A 10 ans, si t’as pas ton téléphone portable, t’as raté ta vie !
– A 15 ans, si t’as pas ton scooter, t’as raté ta vie !
– A 18 ans, si t’as pas ta voiture, t’as raté ta vie !
A 50 ans, si t’as pas une Rolex, t’as raté ta vie (oui, bon, c’est un peu du même niveau cours d’école…)…

Alors je me suis posé la question :

Mais d’où ça vient tout ça ?

Est-ce que c’est une question d’éducation, de représentations sociales, d’influence de la publicité et des médias ???

Nous vivons dans une société de surconsommation où certains enfants ont déjà tout ce qu’ils veulent, voire même plus tant le marketing devance leurs envies et crée des besoins :

– ils ont des cartes Pokemon, ils sont super contents, mais maintenant ça ne suffit plus, il leur
faut des Pokemon Ex, plus puissantes mais aussi plus chères pour pouvoir rivaliser avec les copains-copines dans la cour d’école !
– ils avaient une collection de jeux de construction à base de briques emboîtables, avant même la sortie du nouveau film ou dessin animé qui va affoler le box office, voilà les campagnes publicitaires qui débarquent sur nos écrans de télévision, dans la presse, pour faire naître l’envie chez nos chères têtes blondes (ou brunes, ou rousses) du prochain jeu associé qui sera forcément plus cher puisque sous licence !
– A chaque sortie de dessin animé qui va connaître un gros succès, les enfants sont bombardés d’images de produits dérivés : déguisement, vêtements, sacs, chaussures, papeterie…

Alors, nos chers enfants ont tendance à se laisser influencer et nous réclament à grands renforts de cris-pleurs-hurlement-bouderie-claquement de porte toutes ces choses qui leur sont indispensables pour « mieux vivre en société »… Et les fêtes d’anniversaire deviennent petit à petit ces moments où les enfants peuvent réussir à faire combler leurs désirs grâce aux cadeaux des copains-copines !

Crédit Photo @Egalimère
Crédit Photo @Egalimère

Mais c’est quoi au juste une fête d’anniversaire ?

C’est un après-midi qui est fait pour rassembler les copains et les copines, pour s’amuser et passer un bon moment ensemble et ce, quelque soit la valeur ou la grosseur des cadeaux, non ?

C’est ce que j’essaie d’apprendre à mes enfants et d’ailleurs, lorsque je les amène choisir les cadeaux pour leur copain-copine, je mets plusieurs conditions :

– Prendre contact avec les parents pour avoir la liste des cadeaux à éviter (vous connaissez sans doute des parents ayant eu une overdose de Reine des Neiges ou Cars non ?) et quelques idées de choses qui feraient plaisir à leur enfant,
– Le cadeau choisi doit faire plaisir au copain ou à la copine et non à mon enfant,
– On ne se précipite pas pour choisir le cadeau, on prend le temps de regarder les différents rayons dans les magasins parce que oui, on peut trouver quelque chose qui pourra plaire à l’enfant même s’il n’est pas dans le rayon « garçons » pour un copain ou « filles » pour une copine,
– On réfléchit à l’utilisation que l’enfant pourra en faire : seul, en famille, avec les copains-copines (j’ai tendance à privilégier les jeux qui permettent de jouer à plusieurs mais cela ne correspond pas au caractère de chaque enfant),
– Vérifier que le cadeau soit adapté à l’âge de l’enfant,
On ne dépasse pas une certaine somme que j’ai revue à la hausse quand même parce que force est de constater que pour moins de 10 euros, cela devient difficile de trouver quelque chose qui correspondent aux souhaits des enfants !

Est-ce que je culpabilise parce que j’achète un cadeau à moins de 10 ou 15 euros ???

NON ! Même si je sais que le cadeau offert à mon fils quelques temps avant aura coûté plus de 15 euros.

Parce qu’en ce qui nous concerne, si c’est ce cadeau qui a été choisi, c’est parce qu’on pense qu’il fera plaisir à l’autre ! Et bien souvent, c’est le cas. Cela demande un peu plus de temps, de connaître un peu mieux les goûts de l’enfant chez qui le nôtre est invité mais au final, quel plaisir de voir ce regard plein de surprise et des yeux qui s’illuminent !

Est-ce que j’ai l’impression d’être radine ? Non ! Que j’achète un cadeau à 15 euros ou à moitié prix à quoi reconnait-on sa valeur si on a pas le nez dans les étiquettes des magasins ?

Est-ce que le plus beau des cadeaux, ce n’est pas finalement celui qui va faire plaisir, donner un sourire à l’enfant, le plaisir de jouer avec, l’envie de partager des bons moments avec ses copains ou sa famille ??? 

 

Égalimère

Working-mum, pro de l'équilibre vie pro-vie perso, qui culpabilise, râle contre les stéréotypes & les inégalités, aime la vie, les sorties et les voyages.

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