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Le Lapin Gris, parcours de créatrice

Pour ce nouveau rendez-vous, je vous laisse découvrir le parcours de Nathalie, créatrice du Lapin Gris.

Vous trouverez de nombreuses informations sur les différents dispositifs d’aide à la création d’entreprise et pour plus de renseignements, vous n’aurez qu’à suivre les liens.

Bonjour Nathalie alias Maman est en haut,  En quelques mots, pouvez-vous nous dire qui vous êtes et quel est votre parcours ?

Je suis une maman de 37 ans (oui, j’ai réussi à l’écrire…) d’un petit loulou de 19 mois. Maman « sur le tard » par choix, j’ai d’abord souhaité m’investir dans ma vie professionnelle. Après une expérience salariée dans la communication et le marketing, une période de chômage suite à un licenciement économique et l’accumulation de CDD de remplacement congé maternité et parental (oohhh !), j’ai décidé à 30 ans de créer ma société de services à la personne. Secteur difficile compte tenu du turnover incessant, j’ai quand même géré ma petite EURL (13 salariées mais plus de 200 recrutements…) presque 6 ans avant de la revendre. Après une parenthèse d’un an pour m’occuper de mon fils, j’ai décidé de me relancer dans l’entrepreneuriat mais dans un secteur complètement différent : la vente en ligne d’objets déco pour chambre de petits loupiots ! Rien à voir donc.

Avoir un enfant, qu’est ce que ça a changé pour vous ?

Avec l’arrivée de mon bébé, mes 35 ans ont été l’année de la grande remise en question. Ma société tournait bien mais c’était beaucoup de stress et une vie professionnelle qui bouffait littéralement ma vie personnelle sur tous les plans. Je n’étais pas complètement heureuse et j’ai compris que je n’arriverai jamais à trouver l’équilibre dans un tel secteur d’activités. Et surtout, je ne voulais pas que mon enfant pâtisse de la situation. Avec l’arrivée de mon fils, j’ai réalisé que je ne voulais pas de cette vie même si j’avais beaucoup trimé pour en arriver là. Le plus important n’était pas la réussite professionnelle imposée par la société (un autre débat !) mais bien mon épanouissement personnel.

A quel moment avez-vous décidé de vous lancer dans la création de votre activité ?

Comme je le disais un peu plus haut, c’est à mes 30 ans que j’ai décidé de monter ma boîte. J’en avais un peu marre de cumuler les CDD et de devoir prouver encore et encore que « je le valais bien ». D’autant que, plus j’avançais en âge et plus les recruteurs m’interrogeaient sur mes ambitions de… maman.
Cela devenait difficile d’envisager un CDI sur un poste à responsabilités et je n’étais pas encore prête à faire ce qu’attendait de moi la société : devenir mère. J’ai donc décidé de créer mon propre emploi. Cela a été un vrai tournant dans ma vie professionnelle mais aussi personnelle car devenir patron c’est forcément sortir du cocon protecteur du salariat.

Comment avez-vous fait pour passer de l’idée de création au projet ?

Tout a été très vite en fait. J’avais travaillé dans une entreprise où j’avais vu beaucoup de mères débordées et fatiguées entre leur travail, leurs enfants, les tâches ménagères… J’avais envie de les soulager des corvées pour avoir du vrai temps libre à consacrer à leur famille et à elles-mêmes. A l’époque le secteur des services à la personne était en  plein boom.

Comme j’étais demandeur d’emploi, j’ai pu travailler sur mon projet immédiatement et à 200 % de mon temps. J’ai commencé basiquement par une étude de marché, puis mon business plan… et 6 mois plus tard je me suis retrouvée au Greffe du Tribunal de commerce pour immatriculer ma société.

J’avais trois avantages indéniables :
1 – j’étais sans enfants
2 – j’étais demandeur d’emploi indemnisé (et j’ai bénéficié du maintien des allocations chômage au début de la création)
3 – j’étais en couple avec mon homme qui gagnait correctement sa vie et qui me soutenait dans mon projet

Bref, j’avais tout le temps nécessaire, un toit sur ma tête et pas de réel souci de revenus. Cela a favorablement pesé dans la balance lorsque j’ai pris la décision de lancer ma société de services à domicile.

Dans mon projet actuel, j’ai un enfant et je ne suis pas indemnisée par Pôle Emploi mais j’ai toujours mon homme (devenu mon mari entre-temps !) et une base financière suite à la vente de ma précédente entreprise.

Lorsqu’on décide de se lancer dans la création d’entreprise, il est fondamental de s’interroger sur les finances compte tenu de l’environnement familial et donc répondre à la question « combien de temps puis-je rester sans travailler ? ». Il est tout aussi important d’être soutenu par ses proches et de bien mesurer les impacts que ce nouveau challenge aura sur la cellule familiale (moins de temps pour les enfants, moins de temps pour le couple…)

Avez-vous pu bénéficier d’un accompagnement par une structure pour vous aider dans vos démarches ?

A l’époque j’étais suivie par l’APEC, mais à part m’encourager, je n’ai pas vraiment eu d’accompagnement sur le projet.

Je suis allée à une réunion de la boutique de gestion CREER mais là encore les interlocuteurs me semblaient trop généralistes avec des propos sortis de bouquins sur la création d’entreprise que j’avais déjà lus…

En revanche j’ai suivi le stage de la CCI « 5 jours pour entreprendre » qui m’a beaucoup aidé, notamment à y voir plus clair et à structurer ma création. Grâce à ce stage, j’ai rencontré des professionnels (anciens créateurs, experts-comptables, avocats…) qui m’ont permis de réellement avancer sur le projet en répondant à des questions concrètes, terrain quoi !
Vraiment, je recommande ce stage qui permet de balayer en une semaine tous les aspects juridiques et financiers, du statut du chef d’entreprise au statut fiscal en passant par le compte de résultat, le RSI et les prévisionnels pour la banque.

Lors de vos démarches, avez-vous senti qu’être une femme pouvait être un frein à la création d’entreprise ou au contraire un avantage ? Comment cela s’est-il manifesté ?

J’ai bien senti en allant toquer aux portes des banquiers qu’avoir un homme avec des ressources financières et un CDI était indispensable pour l’accord d’un prêt. Encore aujourd’hui, malgré mon parcours réussi, la question m’est posée… Il ne faut pas se leurrer : la banque ne prête qu’à ceux qui pourront la rembourser (même si le prêt est accordé à l’entreprise, aucune banque ne prête sans caution personnelle). Donc elle s’assure qu’au sein du foyer, elle pourra se retourner vers quelqu’un, homme ou femme, en cas de défaillance.
Cependant, je dois avouer que les contacts avec des banquiers hommes étaient effectivement plus froids et moins enthousiastes à mon projet.
« – Qu’est-ce qui vous fait dire Madame, que cela va marcher ?
– Eh bien, Monsieur, si vous faisiez toutes les semaines l’intégralité du ménage et du repassage, je crois que vous en verriez l’intérêt… »
C’est d’ailleurs une banquière qui m’a accordé le prêt !

Vous étiez entrepreneure à la naissance de votre enfant. Aviez-vous déjà pris la décision de mettre un terme à votre activité pour vous consacrer à votre enfant ? Comment s’est pris la décision et à quel moment ?

J’ai effectivement vécu une grossesse très très speed compte tenu de mes fonctions mais j’ai tenu le coup jusqu’au matin de mon accouchement… En tant que TNS (Travailleur Non Salarié), mon « congé maternité » a été plutôt court puisque le versement des allocations maternité au forfait (donc indépendamment du salaire) dure 2 mois et demi. Bien sûr, on déclare officiellement qu’on a arrêté de travailler mais officieusement, ça turbine quand même…
Avant même d’être enceinte, je savais déjà que le secteur d’activités dans lequel j’évoluais ne serait pas propice à une maternité sereine, comme je l’évoquais plus haut. J’ai publié l’annonce de la cession de mon entreprise 3 semaines après avoir appris ma grossesse. Le simple fait d’avoir pris cette décision m’a permis d’être un peu plus zen face aux problématiques quotidiennes en me disant « c’est la dernière ligne droite ». Mais la vente d’une société n’est pas chose facile et je n’ai réussi à la céder au bon prix que 2 mois… après la naissance de mon fils.
Bien sûr, la grossesse et la maternité ne sont pas systématiquement un frein à l’entrepreneuriat au féminin, heureusement ! Dans mon cas, c’était vraiment lié à la pénibilité psychologique du secteur d’activités.

Aujourd’hui, vous envisagez de reprendre une activité professionnelle. Savez-vous déjà ce que vous allez faire ?

Oui, et toujours dans l’entrepreneuriat ! Ma première expérience ne m’a pas découragée, au contraire. Elle m’a formée et m’a permis de savoir ce que je voulais vraiment et les erreurs à éviter. Etre son propre boss, relever des challenges, créer, progresser, c’est vraiment fait pour moi… mais pas au détriment de mon épanouissement personnel et de ma famille. Aujourd’hui, je veux créer plus petit dans un secteur qui me plait vraiment. Je suis tombée dans la décoration de chambre pour bébés à la naissance de mon fils et j’adore cet univers. Je veux maintenant lancer mon e-shop dans ce domaine !

Comment vous y prenez-vous dans la journée pour travailler sur votre projet ?

Lorsque j’ai commencé à travailler sur le projet, j’ai vite réalisé que je ne serais pas efficace car mon fils demandait beaucoup d’attention. Les journées étaient rythmées par ses besoins de jouer, de manger, de dormir (ou pas…) Difficile de trouver une organisation pour moi quand tout ce que je faisais était en fonction de lui.  La solution a été de lui trouver une nounou quelques heures par semaine. Lorsqu’il est chez elle, je peux mieux me concentrer et avancer plus vite sur mon travail. Et après plusieurs mois de maternage, cela me fait aussi beaucoup de bien de faire autre chose que de m’occuper de lui et je ne suis pas une bad mother pour autant.

Comment articulez-vous les différents temps de vie dans votre journée et quelles sont les mesures mises en place pour faciliter votre quotidien ?

Selon les jours, j’amène mon fils chez la nounou pour 9H ou 13H30 et commence à travailler vers 9H30 ou 14H. Mon mari s’occupe de récupérer le loupiot en revenant de son travail en fin de journée. 18H30, c’est le bain et 19H00 le repas. En général au lit vers 20H00. Certains soirs je travaille encore un peu.
Le mardi matin, c’est jour de ménage ! Histoire d’avoir une maison un peu proprette la semaine et pouvoir travailler plus « sereinement » (car quand on travaille à la maison, on est toujours tenté de faire un brin de poussière par-ci ou un petit coup d’aspirateur par-là). La pause déjeuner est aussi l’occasion d’un peu de rangement (notamment la cuisine) et du lancement des machines de linge.
Le week-end, pour l’instant je travaille très peu, et le consacre à mon fils ou nos travaux. Mais je sais déjà que lorsque mon activité aura vraiment démarré, je devrais y consacrer pas mal de temps aussi le samedi et le dimanche.

Dans votre article « Entrepreneure vs mampreneure », vous expliquez bien les difficultés liées à la création d’entreprise pour les mères. Quels conseils pourriez-vous donc donner à un parent qui souhaite se lancer dans la création d’entreprise ?

Effectivement lancer son activité avec un enfant en bas âge dont on doit s’occuper la journée est très difficile. On manque de temps, d’organisation, de concentration. C’est faisable mais beaucoup plus long et laborieux qu’entreprendre sans enfants ou avec des enfants plus grands et plus autonomes. Je conseillerai quand même de se réserver au minimum 2 jours par semaine sans le loupiot pour avancer plus sereinement sur le projet et pouvoir rencontrer les organismes, des conseillers, etc… Le faire garder donc mais effectivement dans la mesure des possibilités financières, ou par les mamies et papis s’ils sont proches et dispos.
L’autre conseil que je pourrais donner quand on travaille à la maison, c’est de justement bien scinder travail et maison en se fixant de vrais horaires bureau. On ne laisse pas les dossiers de côté 5 minutes pour lancer la machine ou passer l’aspirateur sinon c’est l’engrenage et la maison qui prend le dessus !

De quelles aides pouvez-vous bénéficier pour créer votre entreprise ?

Lors de ma précédente création, j’avais bénéficié d’un prêt bancaire couplé à un prêt OSEO qui garantissait 70% de mon prêt bancaire.

Il existe aussi des prêts d’honneur type NACRE pour les demandeurs d’emploi ou type Initiative France dont je vais moi-même me rapprocher. Cependant ces prêts sont quasi toujours couplés à un prêt bancaire. L’avantage du NACRE c’est qu’il se passe en 3 phases dont une première phase d’accompagnement personnalisé pour le montage du business plan.

Côté garantie, il existe aussi le FGIF (fonds de garantie à l’initiative des Femmes) pour éviter les cautions personnelles et garantir les prêts bancaires. Pour les demandeurs d’emploi même non indemnisés, il est possible sous conditions de bénéficier de l’ACCRE qui consiste en une exonération de charges sociales la première année. Je vais moi-même en faire la demande.

Si vous avez quelque chose à ajouter, c’est à vous !

Euh… Merci Egalimère pour ton chaleureux accueil sur ton blog ! Et toi ? Tu te lances quand dans l’aventure de l’entrepreneuriat ?

Merci pour toutes ces informations et longue vie à ton entreprise. 
Et juste pour répondre : j’ai également des projets plein la tête mais pour l’instant, le poste que j’occupe me permet de me réaliser pleinement dans ma vie professionnelle alors l’entrepreneuriat, ce n’est pas pour tout de suite !

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Si vous aussi vous avez envie de partager votre parcours de créatrice d’entreprise, vous pouvez m’envoyer vos coordonnées par mail egalimere@gmail.com ainsi qu’un lien vers votre site ou votre page FB.

Pour rappel : ces interviews n’ont aucune visée promotionnelle de l’activité des personnes interrogées, l’objectif étant de communiquer sur le thème de la création d’entreprise par les femmes, d’apporter des informations et conseils.

Égalimère

Working-mum, pro de l'équilibre vie pro-vie perso, qui culpabilise, râle contre les stéréotypes & les inégalités, aime la vie, les sorties et les voyages.

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