Faire garder son enfant sans culpabiliser
De temps en temps, on aimerait bien faire garder son enfant alors qu’on ne travaille pas mais la culpabilité nous rattrape. Pourtant, nous avons toutes et tous besoin de temps pour nous. Besoin d’un moment pour souffler, reprendre des forces, faire le point, relâcher la pression, ne pas craquer… Bref, un moment sans les enfants.
Pourquoi faire garder son enfant alors qu’on est « à la maison » ?
Je vais prendre un exemple très proche. Ma voisine a deux enfants de 5 ans et 23 mois. Elle travaille à son domicile en free-lance.
Elle a tout pour être heureuse : un métier qui lui plait et suffisamment de clients pour lui permettre de s’assurer un revenu convenable, un mari, deux enfants, une maison, des ami-e-s… Et pourtant, il lui manque quelque chose : du temps ! Du temps pour travailler, du temps pour s’occuper d’elle, du temps pour s’occuper de la maison, du temps pour voir ses ami-e-s…
Pourquoi ?
Parce qu’au motif qu’elle est « à la maison », elle n’ose pas demander une place en crèche pour le petit dernier ou le confier à une nounou. Encore moins de demander une place à la cantine pour l’aîné. Elle n’envisage même pas une inscription au centre de loisirs le mercredi et pendant les vacances scolaires.
Tout ça parce qu’elle a peur :
- du jugement des autres,
- que ces places lui soient refusées au motif qu’elle est à domicile,
- qu’on dise d’elle qu’elle est une mauvaise mère parce qu’au lieu de s’occuper de ses enfants, elle les confie à d’autres personnes
- de culpabiliser parce qu’elle en profite pour penser à elle
- passer pour une égoïste sir elle se consacrer à son activité professionnelle.
Alors ses journées ressemblent à un marathon.
Elle s’occupe du petit dernier, profite de la sieste de celui-ci pour travailler. Puis, elle file chercher le grand pour le déjeuner, le ramène à l’école. Elle travaille un peu entre deux lessives, un peu de ménage et des activités avec le petit. Puis elle va récupérer le grand, enchaîne sur le goûter, le bain, le repas… et une fois tout ce petit monde couché peut se remettre à travailler.
Vous le voyez venir vous aussi l’épuisement maternel ?
Variante : vous êtes mère-père au foyer, soit en congé parental, soit en recherche d’emploi…
Vos journées sont relativement bien remplies et par moment, vous vous dites que vous auriez bien besoin de souffler un peu.
Mais le « congé Maman-Papa » n’existe pas encore. Et pourtant, à aucun moment, vous n’envisagez de faire une demande pour une place en crèche ou au centre de loisirs.
Pourquoi ? Parce qu’on vous répète assez souvent :
« ces enfants, vous les avez voulu alors vous allez vous en occuper, et puis, sans vous plaindre s’il vous plait ! »
Autre cas, vous travaillez et vous avez demandé à bénéficier d’un temps partiel
Généralement, le temps partiel est pris pour avoir une journée avec vos enfants.
Sauf que cette journée où vous n’avez pas d’activité professionnelle, vous la passez à faire vos courses, votre ménage, vos démarches administratives…
Le tout en vous occupant de vos enfants. Ces derniers sont tellement heureux de passer une journée avec vous qu’ils ne cessent de vous solliciter. Et de sortir les jouets que vous venez de ranger, manger sur la table que vous venez de nettoyer…
Pourquoi ne pas laisser son enfant au centre de loisirs, à la crèche, chez la nounou les jours où on ne travaille pas ou si on est mère-père au foyer ?
Même s’il ne s’agit que d’une journée par semaine voire plus, vous ne le faites pas parce qu’il est toujours là, tapis dans un coin, le fameux sentiment de culpabilité !
Pourquoi est-ce qu’on culpabilise ? Voici quelques motifs (liste non exhaustive) :
- On ne va pas s’occuper de notre enfant,
- Notre présence nous semble indispensable à ses côtés pour qu’il s’épanouisse,
- On va déléguer à quelqu’un d’autre une tâche qu’on se dit devoir assurer,
- Nous allons penser à autre chose qu’à notre enfant pendant qu’il ne sera pas à nos côtés,
- On ne va pas lui apporter tout l’amour dont il aura besoin,
- Est-ce qu’on ne risque pas de rater des moments importants dans sa vie : les premiers pas, la première fois qu’il va manger tout seul, la première fois qu’il va faire du vélo sans les petites roues…
- Il risque de pleurer au moment où on va le laisser,
- On a l’impression de ne pas remplir notre rôle de mère-père,
- Notre entourage nous reproche de ne pas remplir notre rôle de parent…
Mais comment faire pour arrêter de culpabiliser ?
Encore une fois, pas de solution miracle, la culpabilité est un sentiment très personnel. Pour certaines personnes, il sera très difficile de passer. Mais pour d’autre, envisager les choses différemment permet souvent de lever (même partiellement) ce sentiment.
D’abord concernant les enfants :
- Un enfant ne vous en voudra jamais de l’avoir confié à une autre personne ou inscrit au centre de loisirs ! Donnez-lui des explications claires et compréhensibles en fonction de son âge. Et vous verrez qu’il sera content de passer une journée en dehors de votre présence. Pour preuve, la joie sur son visage quand il vous retrouvera en fin de journée,
- Ce sont des personnes qualifiées qui vont s’occuper de vos enfants, que ce soit à la crèche, une assistante maternelle, les animateur-trice-s du centre de loisirs.
- Vos enfants vont côtoyer d’autres enfants et rencontrer d’autres adultes qui seront de nouveaux repères.
- Dès que vous aurez franchi le seuil de la porte, votre enfant ne vous verra plus, il cessera de pleurer. Et s’en ira faire l’une des nombreuses activités proposées, si, si, je peux en témoigner.
- Au centre de loisirs, de nombreuses activités sont proposées que vous ne feriez peut-être pas avec votre enfant : sorties au zoo, aquarium, cité des enfants, cinéma, spectacle, ludothèque, cirque, expositions…
- Les enfants adorent retrouver leurs copains et copines et certains sont même fâchés lorsque vous venez les récupérer trop tôt.
Ensuite, parlons de nous, les parents :
- Lâchez prise ! Il faut faire confiance aux personnes qui vont s’occuper de vos enfants. Comme mentionné ci-dessus, le personnel est qualifié et les enfants sont bien encadrés,
- N’écoutez pas les autres, vous seul-e êtes capable de savoir ce qui est bien pour vous et pour vos enfants !
- Vous ressentez le besoin de prendre du temps pour vous ? Prenez-le plutôt que de continuer à prendre sur vous, à vous énerver après vos enfants, votre conjoint-e…
- Ce n’est pas parce que vous prendrez du temps pour vous que vous aimerez moins vos enfants et qu’ils vous en voudront. Au contraire, ils retrouveront une maman-un papa plus détendu-e et donc plus disponible.
- Ce n’est pas la quantité de temps passé avec eux qui en fait la qualité, faut-il encore le rappeler.
Et vous alors, vous culpabilisez de laisser votre enfant à la crèche, au centre de loisirs alors que vous êtes « à la maison » ????
Très bon article ! Je n'ai pas réussi à laisser mon Aîné a la crèche pendant les vacances scolaires (alors que nous avions seulement 5 semaines de déduit) Donc la crèche était payée mais je le gardais. J'avais des cours à préparer des copies à corriger mais tant pis. Je préférais le garder ( pour toutes les mauvaises raisons que tu as citées…) Heureusement, nous avons lâcher prise pour le second … Et même j'ai osé mettre l'ainé à la crèche alors que j'étais en congé maternité 😉 …
Merci !
Ce n'est pas facile de lâcher prise et de faire confiance mais parfois, quand on se sent dépassé-e, ou qu'on a simplement envie de prendre du temps pour soi, qu'est-ce que ça fait du bien de pouvoir souffler un peu. Sans culpabiliser sinon on perd tout le bénéfice.
Bravo à toi en tous cas d'avoir réussi !
C'est ma vie ça ! Sauf que je laisse ma fille de 2 ans 4 demi-journées à la halte-garderie, et que je laisse mon fils à la cantine depuis peu. Et pourtant… j'ai l'impression que ça ne suffit pas toujours … Et je suis mère au foyer, en formation par correspondance. Pour beaucoup, une mère au foyer, ça glande…
En tout cas super article, très utile. Merci.
Alors il est grand temps d'aller lire ou relire cet article
http://egalimere.blogspot.fr/2014/02/apprendre-deculpabiliser-etre-mere-au.html
Merci pour cet article.
Malheureusement aujourd'hui beaucoup de maman culpabilise à l'idée de laisser leurs enfants en crèche et moi la première car j'ai bénéficié d'une place en crèche d'entreprise grâce à l'entreprise de mon conjoint et il est vrai qu'au début je culpabilisais beaucoup mais après réflexion ça me fait beaucoup de bien et ça me permets d'avoir un peu de temps pour moi…et ma petite fille se retrouve avec d'autres personnes de son âge.
Je ne travaille pas je laisse ma fille chez une nounou je me dis que je fais travailler qq un et participe au taux de chômage hihi
J’ai été en congé parental et j’ai laissé mes enfants sans culpabiliser à la crèche, d’abord pour des demies journées, journées et semaine de 4 jours vers 3 ans. Ils n’ont jamais été fatigués, et j’étais très disponible pour eux le soir et surtout très détendue. Quand on s’occupe d’un enfant 24h/24h non stop pendant 8 mois, et qu’il ne fait toujours pas ses nuits, on peut se permettre ensuite de le laisser à la halte garderie, et de prendre des vacances. Surtout qu’on se rend compte que nos enfants s’éclatent avec leurs copains, les miens ne pleuraient pas au moment de la séparation. Et en l’absence de mes enfants, je ne passais pas mes journées à faire le ménage ou autres tâches ménagères, surtout pas!
Mes enfants mangent à la cantine. J’ai même laissé l’ainé 2 semaines en centre aéré pour qu’il puisse s’amuser avec son accord, il y a 2 ans. Et je ne culpabilise pas.
la seule fois où j’ai culpabilisé, c’est lorsque mon fils ainé avait 2 mois, que je me renseignais auprès d’une halte garderie pour pouvoir le faire garder à partir de l’âge d’accueil pour une demie journée de temps en temps. La directrice a osé me dire « oh mais il est trop jeune, votre famille ou vos amis ne peuvent pas le garder? » ce à quoi j’ai répondu: » ma famille habite loin et mes amis bossent et n’ont pas forcément envie de jouer à la nounou ». ça m ‘a tellement remuée, culpabilisée! j’en ai parlé à la psy de la PMI qui m’a de suite rassurée.
il y a aussi un problème d’ordre financier ca n’est pas que de la culpabilité parfois
Oui et vous avez tout à fait raison de le souligner.
Merci vous venez d’adoucir une nuit d’insomnie à culpabiliser suite à des réflexions que j’ai entendues de mamans connaissant le fait que je travaille à 80% alors que je faisais la queue pour inscrire mon fils aîné au centre aéré le mercredi matin. Je me sens une mère indigne…même si je sais que ce que je fais est vital pour moi, donc pour mes enfants. Les mères elles même contribuent à leur culpabilité, en jugeant un peu facilement la « mauvaise mère »