Voilà, vous venez de terminer vos études et vous vous lancez dans le monde merveilleux de la recherche d’emploi et, vous risquez assez rapidement d’être confrontée aux discriminations à l’emploi des femmes.
Vous vous appliquez à rédiger votre CV, votre lettre de motivations, vous envoyez environ 50 courriers/mails par semaine, vous recevez dans le meilleur des cas 5 réponses, négatives la plupart du temps mais vous vous accrochez et puis un jour, votre téléphone sonne : un recruteur (qui peut être aussi bien un homme qu’une femme mais pour vous éviter une écriture épicène parfois difficile à lire, je m’en tiens au « recruteur ») !!!
Vous vous rendez donc à votre premier entretien d’embauche, la boule au ventre, ce boulot, vous le voulez et vous allez tout faire pour l’obtenir. Mais vous ne vous attendez sans doute pas à certaines questions qui risquent de vous déstabiliser, et pour cause…
Discriminations lors de l’entretien d’embauche :
Vous vous présentez en essayant de paraître sûre de vous. Vous vous rappelez tous les conseils qu’on vous a donnés, vous avez préparé la liste de vos qualités, défauts, comment vous vous voyez dans 5 ans, qu’est-ce qui vous plait dans le poste, est-ce que vous aimez travailler en équipe, comment sont vos relations avec la hiérarchie…
L’entretien commence, vous répondez aux questions prévues et puis soudain, viennent celles auxquelles vous ne vous attendiez pas :
– Envisagez-vous d’avoir des enfants prochainement ?
– Vous vivez en couple, est-ce que votre conjoint a une situation stable ou serez-vous amenée à déménager pour le suivre ?
– Je vous aurais bien affectée au service XXX mais il n’y a que des hommes, je n’ai pas envie que ça fasse des histoires…
– Ah là ma ptite dame, ça va pas être possible ! Vous ne pouvez pas vous habiller comme ça pour aller voir nos clients, vous comprenez ce que je veux dire ?
C’est votre premier entretien, vous répondez à ces questions alors que vous seriez en droit de brandir un panneau :
Alors oui, les employeurs sont en droit de poser des questions, de chercher la perle rare qui sera disponible, souriante, intelligente, créative… mais il y a des limites qui sont fixées par la loi.
En 2009, le CSA avait réalisé un sondage pour la HALDE (devenue depuis le Défenseur des Droits) d’où il ressortait qu’une femme sur trois, active ou retraitée, avait eu le sentiment d’avoir été victime d’une discrimination sur son lieu de travail parce qu’elle était une femme.
J’ai pris l’exemple du premier entretien de recrutement pour montrer que le processus de discrimination peut intervenir dès l’entrée dans la vie active. Mais il se poursuit tout au long de la carrière des femmes.
Discriminations et plafond de verre
Nouvelle étape de recrutement, vous avez entre-temps eu des enfants, et vous vous entendez demander :
– envisagez-vous d’avoir d’autres enfants ?
– avez-vous déjà un mode de garde pour vos enfants ?
– si vos enfants sont malades, comment faites-vous ?
– comment ferez-vous avec vos enfants si vous êtes amenées à effectuer des déplacements professionnels ?
– les réunions après 18 h, ça ne vous pose pas de problème ?
– 3 enfants (ou 4 ou plus), mais comment allez-vous vous organiser pour travailler et vous occuper d’eux ?
– ce poste nécessite de partir une semaine voire 1 mois en formation, pensez-vous que cela sera possible pour vous ?
Pensez-vous que le recruteur poserait ces questions à un homme ??? Rarement en effet !
Voilà un petit florilège de ce qu’on peut appeler des questions discriminatoires, liste non exhaustive bien sûr !
Ces questions interviennent dans le cadre d’un entretien de recrutement mais peuvent tout aussi bien intervenir dans celui des entretiens annuels, des entretiens d’évaluation, des entretiens pour une promotion de poste…
Les discriminations dont font l’objet les femmes sont essentiellement liées à une situation de grossesse ou de maternité.
Nombreuses sont en effet les femmes qui, en raison de leur grossesse, ne se sont pas vues renouveler une période d’essai, voire une rupture de contrat pendant ladite période d’essai, le renouvellement d’un CDD, la signature d’un CDI…
Pour d’autres, au retour de congé maternité, ce sont les pertes de responsabilités, la suppression de primes associées au salaire, l’absence de promotion ou de proposition de formation…
Il y a également le fameux “plafond de verre”, expression pour désigner les barrières invisibles excluant les femmes des niveaux hiérarchiques les plus élevés. Ces mécanismes sont pour la plupart inconscients mais, pour être intervenue dans certaines entreprises sur des actions de sensibilisation à l’égalité, ils peuvent s’expliquer par des phénomènes de cooptation. Les femmes sont souvent absentes des conférences/colloques/séminaires qui nécessitent des déplacements, elles ne restent pas prendre un verre avec leurs collègues à la fin de la journée, elles ne participent que rarement aux instances représentatives du personnel… Elles sont donc moins visibles que certains hommes et, au moment de nommer un-e candidat-e, ce n’est pas à elle que la direction pensera en premier.
Je trouve l’expression de Marlène Schiappa, de l’association Maman Travaille, le « Plafond de mère » très explicite pour parler des freins à la carrière des femmes.
Toutes les femmes n’ont pas vocation à évoluer professionnellement, privilégiant leur vie familiale à leur vie professionnelle mais il faut savoir que ces discriminations existent et que certaines femmes en sont victimes.
Quelles sont les discriminations ?
Pour le Défenseur des Droits, » Les discriminations prohibées par la loi sont explicitement et limitativement définies, tant pour les critères que pour les domaines dans lesquels s’exercent les discriminations.
Elles portent sur l’origine, le sexe, la situation de famille, la grossesse, l’apparence physique, le patronyme, l’état de santé, le handicap, les caractéristiques génétiques, les mœurs, l’orientation sexuelle, l’âge, les opinions politiques, les activités syndicales, l’appartenance ou la non appartenance, vraie ou supposée, à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée.
Elles visent les inégalités de traitement dans l’emploi, le logement, l’éducation et la formation, l’accès aux biens et services, publics et privés, l’accès aux soins et aux services sociaux. »
Source : http://www.defenseurdesdroits.fr/
Quels sont vos droits ?
Le Défenseur des droits a publié un dépliant intitulé « une grossesse sans discrimination » reprenant les obligations légales des employeurs vis-à-vis des salariées.
Un petit clic vaut mieux qu’un grand discours alors je vous renvoie sur le site du Ministère du Travail, de l’Emploi, de la Formation Professionnelle et du Dialogue Social : http://travail-emploi.gouv.fr/informations-pratiques,89/les-fiches-pratiques-du-droit-du,91/egalite-professionnelle,117/la-protection-contre-les,12789.html
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