Choisir ses combats pour réduire la charge mentale
Cela fait plusieurs fois que je l’entends cette phrase “Il faut choisir ses combats, tu ne peux pas être sur tous les fronts, tu vas t’épuiser”.

Je dis oui avec la tête mais je dis non avec le cœur.
C’est difficile pour moi de ne pas essayer d’agir à mon échelle pour faire changer les choses. Je me dis que si personne ne fait rien, bah, il ne va rien se passer. Je ne suis qu’une goutte d’eau dans l’océan. Mais ce sont justement toutes les gouttes d’eau réunies qui constituent l’océan.
Alors j’y vais tête baissée, je fonce, je m’engage !
Cela serait sans doute plus facile pour moi si je décidais d’être égoïste et de ne penser qu’à ma petite personne et à mon entourage. Si je m’en moquais de toutes ces choses qui me font grincer des dents (et la liste est longue ! ).
Mais non, je n’y arrive pas. Je ne suis pas WonderWoman mais je n’hésite pas à m’engager dans une action, défendre des causes si elles me semblent justes.

Alors je m’éparpille…
Je milite, j’assiste à des réunions FCPE, je vais bloquer le collège de mon fils, je prépare des flyers d’information pour les parents d’élèves.
Aucun parent ne se présente pour être parent délégué de la classe de Loulou ? Allez zou, j’adhère à la FCPE et me voilà déléguée des parents. J’assiste donc au conseil de classe, rédige le compte-rendu, l’envoie aux parents. Sans aucun retour mais bon, ça, je commence à avoir l’habitude.
Je publie sur ce blog, je suis présente sur les réseaux sociaux plusieurs fois par jour. Facebook, Twitter, Instagram sont mes moyens d’action quotidiens pour semer des petites graines d’égalité.
Mon activité professionnelle est dense ces derniers mois. J’assiste à de nombreux groupes de travail, conférences, participe à des émissions de radio, anime une WebConférence.
J’apporte mon soutien à l’Association PréMayotte. Je ne vois pas trop les effets alors je rage et je relance, j’interpelle les différentes enseignes et… rien ou en tous cas, pas grand chose.

En parallèle, mes enfants grandissent.
Ils arrivent à un moment charnière où ils ont encore besoin de nous mais veulent aussi leur indépendance.
Loulou aura 13 ans en fin d’année, il gère beaucoup de choses tout seul mais il faut encore être “sur son dos”. C’est usant de lui rappeler tous les jours, 5 fois par jour, les mêmes choses. Et il le supporte de moins en moins alors nous haussons de plus en plus souvent le ton l’un et l’autre.
Je n’aime pas la confrontation, je n’aime pas me fâcher avec mes enfants, je n’aime pas ces portes qui claquent.

Ti’Loulou va avoir 10 ans. Punaise, 10 ans… Il entre dans la phase où il affirme son caractère, il entre en opposition mais peut se mettre à pleurer parce qu’il reste finalement un enfant.
Ces derniers temps, nous avons consulté différents spécialistes dont la profession commence par ortho : orthophoniste, orthodontiste, orthoptiste…
A mon planning déjà surbooké avec les activités sportives, j’ai dû ajouter ces rendez-vous.
Et pendant 8 semaines encore, tous les lundi soirs, Ti’Loulou aura une séance de rééducation orthoptique dans la ville voisine.
Cela demande de l’organisation, de la rigueur dans la gestion du temps, de gérer mes priorités professionnelles, bien estimer le temps de travail que vont me prendre telle ou telle activité.
Et ce qui devait arriver a fini par arriver : je me suis épuisée !!!
Depuis fin février, nous nous préparons aux travaux dans la maison. Les week-end, nous avons fait du tri, du rangement, des aller-retours à la ressourcerie pour déposer nos affaires en bon état qui pourraient être revendues.
Les travaux finis, nous avons passé les week-end à tout réinstaller et faire encore du tri. J’ai posé 2 jours pour lessiver les murs de la future chambre de Ti’Loulou et les repeindre. Physiquement, j’ai morflé entre les courbatures et les douleurs lombaires.
Loulou est parti au ski avec le collège. Un réveil à 6 h qui équivalait un 5 h avec le changement d’heure. Une semaine de folie, un blocage de collège à 7 h 30 pendant 2 h, un retour de Loulou à 5 h 30… Je me sens de plus en plus fatiguée et je n’arrive pas à reprendre le dessus.
Je deviens lasse de me battre avec mes enfants pour qu’ils rangent leurs affaires, mettent la table, débarrassent, aillent faire leur toilette, préparent leurs affaires la veille, révisent…
J’en ai plein le dos de les entendre se chamailler tout le temps.
Depuis une semaine, j’ai la gorge nouée constamment, les larmes aux yeux pour un rien, envie d’exploser à chaque remarque de mes enfants.
Ma tête a dit STOP. Mon cœur est parti en miette.
Mardi soir, je me suis effondrée dans les bras de mon homme… Nous étions en train de discuter de l’attitude des enfants et j’ai avoué que j’étais en train de perdre pied.
Et soudain, j’ai éclaté en sanglots en lui hurlant que je n’allais pas bien là, que j’étais en train de lâcher prise sur l’éducation de nos enfants. Que je n’y arrive plus, que je suis perdue, que je ne sais plus comment faire.

Alors on s’est posé tous les deux et on a longuement discuté. J’ai pleuré, beaucoup pleuré parce que j’ai accumulé beaucoup de choses ces derniers temps.
Il fallait que ça sorte, que la pression s’échappe de la cocotte minute que je suis devenue. Je veux tout porter sur mes épaules, tout gérer, tout organiser, ne rien déléguer.
Bercée de l’illusion que je peux tout faire, toute seule, sans avoir besoin de personne, je me rajoute de la charge mentale en allant militer, en m’engageant dans des actions, en défendant de plus en plus de causes. Et ça m’épuise.
Alors je ne peux pas continuer comme ça si je veux préserver mon équilibre et celui de ma famille.

Il est donc temps pour moi de faire des choix, de choisir mes combats.
Cela signifie qu’il va falloir que je renonce à certaines choses, à certaines actions.
Je dois prendre le temps de me poser et de réfléchir à ce que je peux continuer à faire sans trop m’éparpiller. Garder une ligne directrice, arrêter de vouloir défendre “tout et n’importe quoi” même si cela me semble très important.
Arrêter peut-être de vouloir semer des petites graines tous les jours…
Je ressens un mélange de tristesse et de frustration parce que si je me suis lancée dans toutes ces choses, c’est parce que ça me tient à cœur. Que je suis convaincue que c’est utile et que ça ne sert pas à rien de militer, d’informer, de sensibiliser.
Mais je sais aussi que ces choix et renoncements sont nécessaires pour moi, pour ma famille…

Merci pour ces « maux » si intimes.
Je vous souhaite bon courage pour les jours à venir qui risquent d’être encore difficile à vivre mais ça sera pour mieux apprécier les prochains.
Prenez soin de vous, la santé, la communication, l’amour et la famille sont les bases pour un apaisement de l’esprit
Merci Sabine,
D’en parler avec mon mari, les enfants, ici me permet déjà de voir plus clair et de commencer à faire le tri entre toutes ces activités.
Ça ira de mieux en mieux je pense mais se sont aussi les relations qui changent avec les enfants qui deviennent plus difficiles à gérer. Je vais en parler bientôt
C’est vrai que tu es investie dans tellement de choses, en plus de tes courses à l’aube, tu es une personne entière et généreuse il faut que tu penses à toi pour mieux penser aux autres donc OUI pose toi Claire, respire 🙂
Merci beaucoup. Quelqu’un ma dit que j’avais peur du vide et que c’est sans doute pour cela que j’occupe mes temps “morts” dès que possible. Je ne l’avais pas envisagé de cette manière et avec le recul, c’est un peu vrai, je suis tout le temps dans le mouvement. Je ne me pose jamais. C’est quelque chose qu’il faut que j’apprenne à faire aussi mais c’est dur tellement j’ai envie de faire un milliard de choses, de profiter des beaux jours qui reviennent, d’aller donner un coup de main à la FCPE, aller voir jouer mes enfants, accompagner au judo… Je crois qu’en effet, toutes ces choses, sans que je m’en sois rendue compte avant, contribuent à une fatigue physique qui a joué sur le moral. Et quand le moral est en berne, les relations sont plus tendues avec tout le monde, notamment les enfants et au bout d’un moment, BAM, ça pète…
Maintenant que j’en ai conscience, il faut vraiment que je prenne le temps de me poser.
(tu me diras combien je te dois pour la séance psy 🙂 )
oui c’est très dur de renoncer à ce qui nous tient à coeur et moi au début ça me faisait terriblement culpabiliser (comme qd j’ai arrêté d’être parent délégué au collège ET à l’école primaire). C’est pour ça aussi que j’avais dit non au hand pour mes gars parce que je savais que je devais pas encore charger la mule. Parce que finalement j’en fais déjà tellement pour ma famille. Et qui fait quelque chose pour moi ? Vider le lave-vaisselle c’est normal ce n’est pas m’aider. Enfin bref, c’est un vrai lâcher prise qu’il faut faire. Ce que je tente aussi dans la prise en charge des devoirs…
Courage Claire !
Merci Sabine
Et en plus, pour toi, il y a toutes ces questions d’accessibilité, de distance, de trajets… qui rajoutent à la fatigue et au stress.
Alors tu as bien fait de penser à toi, même si tu as culpabilisé. Le lâcher-prise à priori, c’est pas mal hein mais punaise, comment on fait pour y arriver ??? 😉
Comme je te comprends!
J’ai l’impression de toujours devoir faire car sinon personne ne le fera. Alors je suis représentante des parents d’élèves, j’agis pour faire rentrer de l’argent dans la caisse de l’école, je milite pour une meilleure cantine. Alors je suis maman référente pour le spectacle de danse.
Et puis il y a les activités des enfants où ils faut les emmener, aller les chercher. Les rendez-vous médicaux. Les anniversaires des copains.
Et puis il y a mon activisme écologique avec l’association, et puis mes activités quotidiennes pour essayer de leur laisser une planète plus propre.
Et puis il y a mon activisme politique pour essayer de leur laisser une planète plus juste.
Et toujours cette volonté de changer le monde. Pour eux surtout.
Et au bout, l’épuisement permanent. Ce sentiment de découragement perpétuel (je m’active, mais si je suis seule, le monde ne changera pas; mais si je ne fais rien, il ne changera pas non plus)
C’est difficile de trouver la juste mesure et de ne pas s’oublier en route.
Tu as pris conscience du besoin de recentrer, c’est déjà un premier pas. Bon courage
OUi et bien quand je lis ton commentaire, j’ai envie de te dire de te recentrer toi aussi hein. Comme le dis Sabine Associés dans un commentaire, c’est dur de renoncer sans culpabiliser, de lâcher prise mais je crois qu’il faut qu’on apprenne à se préserver, à ne plus foncer tête baissée dans toutes ces actions ou causes qu’on veut défendre. EN choisir une et la mener entièrement, déjà, c’est bien non ???
Courage, c’est dur de renoncer à certaines choses mais…. se recentrer est positif. il vaut mieux faire moins, mais mieux.
Des bisous, et que le futur soit plein de petites graines, mais plantées dans la sérénité et non dans l’angoisse 🙂
Oui, tu as entièrement raison. En faire moins mais mieux. D’où l’importance de bien choisir mes combats.
Tu vois, la première chose à laquelle j’ai pensé, c’était d’arrêter le blog et les réseaux sociaux. J’y passe beaucoup de temps, c’est chronophage, parfois les commentaires sont vraiment violents… Je pense à ce blog tous les jours, j’alimente ma page de manière quotidienne. Alors je me suis dis que si j’arrête tout ça, je vais gagner un temps fou dans mes journées et surtout, je vais m’alléger d’une “charge” considérable.
Et puis non, Egalimère a pris trop d’importance dans ma vie pour que j’y renonce. Mais là encore, il faut que je fasse un tri dans ce que je veux défendre. Et là, c’est pas facile quand je vois tout le chemin qu’il reste à faire pour l’égalité filles-garçons, femmes-hommes…