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Fais ce qu’il te plaît #stopharcelement

Nous sommes en mai et forcément, je pense à ce proverbe : en mai fais ce qu’il te plaît… Oui, mais pas trop quand même ! Pourquoi ? Lisez ce qui suit et vous comprendrez…

Ce matin, je consulte la météo sur mon smartphone. Il va enfin faire beau après toutes ces semaines de grisaille et de froid. Beau et chaud, l’occasion de ressortir les tenues estivales, de remettre cette petite robe ou cette petite jupe que j’aime tant. Pourquoi pas un short aussi comme je ne travaille pas et que j’ai envie d’aller me promener au parc avec les enfants ? Ah oui, un short, c’est bien, c’est cool, ça permet de s’asseoir dans l’herbe, de faire des acrobaties avec les enfants, de se sentir plus libre de ses mouvements… Alors j’opte pour le short.

Me voilà habillée, la journée peut commencer. Il fait beau. Il fait chaud et je suis habillée comme ça me plaît.

Parce que oui, en mai fais ce qu’il te plaît !

Les enfants se réveillent. Je leur propose d’aller pique-niquer au parc une fois qu’ils auront pris leur petit déjeuner et qu’ils auront fait leur toilette. Je leur recommande de mettre des vêtements un peu long pour se protéger des éventuelles chutes au skate-parc et ils obtempèrent sans trop de résistance. Leur humeur est joyeuse. Il fait beau. C’est une belle journée qui commence.

En mai fais ce qu'il te plait

Pendant que les enfants se préparent avec leur père, j’ouvre mon réfrigérateur et constate que je manque de quoi réaliser nos sandwichs pour le repas de midi… Je décide d’aller faire quelques courses à la supérette du coin.

J’ai envie de remettre ces chaussures à talons que je portais l’été dernier en pensant à nouveau à l’adage fais ce qu’il te plaît. Et elles me plaisent bien ces chaussures. Le talon est un peu haut mais elles sont tellement confortables. Ça ira très bien pour aller faire les 2/3 petites courses vite faites bien faites !

Allez zou, j’enfile mes chaussures, attrape mon sac à main, et je file d’un pas léger vers la supérette.

En mai fais ce qu’il te plaît… ou pas… 

25 mètres parcourus, premier coup de klaxon. Je me retourne mais non, je ne connais pas le conducteur qui me gratifie d’un sourire. Je soupire en même temps qu’une insulte s’échappe de ma bouche et poursuis mon chemin.

150 mètres parcourus, je croise ce monsieur qui fixe mes jambes, remonte son regard jusqu’à ma poitrine (regardez-moi dans les yeux putain !!!) jusqu’à ce qu’il me dépasse. Nouveau soupir, nouvelle insulte qui sort de ma bouche.

350 mètres, j’approche du magasin. C’est alors que je croise quelques jeunes qui semblent d’une humeur toute aussi joyeuse que la mienne. Regards appuyés, ricanements, sifflements et l’un d’eux ose le

« Vous êtes charmante madame ! Vous êtes bonne aussi !« 

J’ai envie de répondre : « Oui, je suis charmante mais je pourrais être ta mère et je ne pense pas que tu apprécierais qu’une bande de jeunes s’adresse de cette manière à celle qui t’a mis au monde. Je ne pense pas que tu apprécierais de savoir qu’à ce moment là, son cœur se serre et que la peur commence à l’envahir parce qu’elle ne sait pas comment ces jeunes vont réagir si elle répond ou si elle ne répond pas !« …

Je choisis de ne rien dire, de poursuivre ma route en soupirant… et en laissant s’échapper quelques insultes…

Paye ta shnek appel
Campagne Paye ta Shnek

J’arrive enfin dans le magasin où je croise cette mère de famille qui me dévisage et me détaille de la tête aux pieds. Elle me passe une première fois devant en me disant quelque chose que je ne comprends pas. Je la croise à nouveau dans le rayon suivant, elle me fixe et s’adresse à moi :

« Faudra pas vous étonner s’il vous arrive quelque chose !« 

Je ne saisis pas tout de suite à quoi elle fait allusion mais je commence à être pressée de rentrer chez moi. Je saisis au vol de quoi préparer mes sandwichs et me dirige vers la caisse.

Je dépose mes articles sur le tapis et attend que mon tour arrive. Je sens une présence derrière moi mais n’y porte pas vraiment attention. Au bout de quelques secondes, il me semble que la distance entre la personne et moi est bien trop proche. Même si je m’avance pour échapper à cette situation qui me dérange, mon corps se raidit, se crispe. Qu’est-ce-qui pourrait bien m’arriver alors que je suis encore dans le magasin, devant plein de monde ??? Je devrais me sentir en sécurité non ?

Sexisme dit ordinaire et harcèlement de rue

Mon esprit s’emballe. Je repense à toutes ces femmes victimes de harcèlement dans les transports en commun, à ce sexisme de rue, aux campagnes de sensibilisation telles que Take Back The Métro, au billet d’un blogueur qui a tant été partagé et relayé.

Mais il est où là, le héros des réseaux sociaux ?

Il n’est pas là pour me demander si « ça va cousine » ? Je commence à avoir peur et regretter d’avoir mis ce putain de short aujourd’hui ! Qu’est-ce qui va se passer une fois que je serai à nouveau dans la rue ????

J’essaie alors de me rappeler les bons conseils lus sur le Projet Crocodile ou sur Paye ta Shneck. Ce n’est pas parce que je suis une femme que je dois avoir besoin d’un blogueur très connu sur les réseaux sociaux ou tout autre homme pour me sortir de là !

Je dois être capable de me défendre toute seule tout comme je dois être capable d’intervenir si une femme est victime de harcèlement, de violences…

Le caissier saisit enfin mes articles. Je les jette rapidement dans mon sac, règle et me précipite vers la sortie sans me retourner. Des insultes sortent de ma bouche mais elles sont dirigées contre moi. Mais pourquoi est-ce que je n’ai rien dit ? Pourquoi je n’ai pas réagi pour mettre un terme à ces situations qui bouffent mon quotidien ???

Paye ta shnek tenue
Campagne Paye ta Shnek

Je me sens finalement remontée à bloc, énervée par tant de sexisme et de non respect des femmes.

En mai fais ce qu’il te plait ne serait donc réservé qu’aux 50 % de la population masculine ? Nous, femmes, devrions continuer à porter des pantalons parce que la vue de nos gambettes à l’air réveille le mâle (mal) ? Pas tous, heureusement, il ne faut pas non plus entrer dans le stéréotype !

Non, ce n’est pas parce que je suis une femme que je dois me laisser emmerder de la sorte !!!

Ce n’est pas parce que je suis une femme que je dois avoir peur d’agir, de réagir !!!

Non, ce n’est pas parce que je suis une femme que je devrais avoir peur tout le temps dans la rue !!!

Ce n’est pas parce que je suis une femme que je n’ai pas le droit de m’habiller comme JE veux !!!

Et ce n’est pas parce que je suis une femme que je dois renoncer à mes jupes et mes shorts pour ne pas avoir à subir ces réflexions. Ce n’est pas parce que je porte ce genre de vêtement qu’il devrait m’arriver quelque chose ! Ce n’est pas parce que je fais ce qu’il me plaît qu’il ne faudra pas que je m’étonne s’il m’arrive quelque chose !!!

En mai, continuons à lutter contre le harcèlement de rue !

Cet article est tiré de faits réels mais je n’ai pas vécu toutes ces situations le même jour. Vous pouvez donc d’ores et déjà arrêter de vous demander si mon article est vrai ou rédigé par une mytho.

Mais cela arrive à d’autres femmes, au quotidien.

D’autres femmes qui seront toujours trop nombreuses à ne pas savoir comment réagir, à se sentir démunies face à ces situations, à attendre des autres une parole, un geste, une aide.

Le but de mon article est de vous amener à réfléchir à ce qui se passe dans nos vies de femmes. A cette censure que nous nous imposons dans le choix de nos tenues pour ne pas être emmerdées dans la rue.

Nous aimerions bien faire ce qui nous plait mais ne le faisons pas parce qu’on se dit qu’en cas d’agression, on nous dira qu’on l’a bien cherché vêtue de la sorte.

Parce qu’on se dit que s’il nous arrive quelque chose, personne ne va intervenir.

Mais aussi parce qu’on ne sait jamais comment réagir…

Je voulais donc vous rappeler quelques campagnes qui ont été réalisées, vous rappeler qu’il est possible d’agir seule ou à plusieurs.

Hommes et femmes, ne laissons pas le sexisme et le harcèlement de rue pourrir notre quotidien.

Agissons ensemble pour qu’enfin, en mai, en juin, en septembre, quel que soit le mois, quel que soit le temps, nous puissions faire ce qui nous plait !

Pour mieux comprendre le harcèlement de rue avec des illustrations, rendez-vous sur le blog de l’excellente Diglee : http://diglee.com/stop-harcelement-de-rue/

Stop Harlècement de Rue - Diglee

Ta mère en short

En rédigeant cet article, je me suis rappelée d’un mouvement qui avait été lancé par Cranemou l’an dernier sur les réseaux sociaux : #TaMèreEnShort ! Vous pouvez relire son billet ICI, celui de Milie C’est Quoi Ce Bruit ICI et celui de Rock’and Mom ICI.

J’avais beaucoup aimé cette initiative qui consiste à se prendre en photo en short, en robe ou en jupe et à la publier sur les réseaux sociaux avec les hashtags #TaMèreEnShort et #StopHarcèlementDeRue.

Et vous savez quoi ? Je me demande si cette année, on ne devrait pas relancer le mouvement, un peu comme un message de sensibilisation qui serait adressé au plus grand nombre pour attirer l’attention des un·e·s et des autres sur le harcèlement de rue et le sexisme « ordinaire ».

(Edit du 11 mai 2016 : le mouvement est relancé 🙂 voir sur la page Facebook de Cranemou)

En mai fais ce qu'il te plaît - Ta mère en short
#TaMèreEnShort #StopHarcelementDeRue

 

CECI EST MA PARTICIPATION AU RENDEZ-VOUS #10DUMOIS SUR LE THÈME FAIS CE QU’IL TE PLAÎT 

10 du mois macaron participant-e-s

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Égalimère

Working-mum, pro de l'équilibre vie pro-vie perso, qui culpabilise, râle contre les stéréotypes & les inégalités, aime la vie, les sorties et les voyages.

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