S’il y a un épisode de ma vie d’étudiante dont je ne suis pas très fière, c’est bien cette expérience avec les petits poissons dans le cadre de travaux dirigés en physiologie. Avec le recul des années, je me prends à rire de cette anecdote mais sur le coup, j’étais moins en proie à la rigolade.
EXPERIMENTATION SUR LES PETITS POISSONS
Ce cours de Travaux Dirigés portait sur l’apprentissage et la mémoire chez le poisson rouge et plus particulièrement le conditionnement d’évitement actif. Rassurez-vous, je vous explique en des termes plus simples.
Le prof nous demande de nous installer devant les tables sur lesquelles sont disposés des aquariums. Dans un autre aquarium, des petits poissons nagent bien tranquillement, bien loin de se douter de ce qui les attend.
Le prof nous explique que nous autres, jeunes étudiants en psychologie, allions procéder à une expérience sur ces derniers pour leur apprendre à éviter une situation désagréable.
Pour cela, les petits poissons seront placés individuellement dans des aquariums composés de 2 parties séparées par une paroi avec une ouverture pour qu’ils puissent passer d’un côté à un autre. Les deux parties sont munies de plaques en métal permettant de délivrer des chocs électriques.
Nous devrons apprendre aux petits poissons à éviter de se prendre un choc électrique et fuir cette situation avant qu’elle se produise. Pour cela, on appuie sur une lumière qui se situe dans la partie où se trouvent les petits poissons avant d’envoyer un choc électrique. Les petits poissons réagiront en quittant cette partie de l’aquarium pour se réfugier dans l’autre. Et là, qu’est-ce qu’on fera ? Pareil : petite lumière, on attend, choc électrique… Il nous prévient que les chocs électriques peuvent ne pas être suffisants pour faire réagir les petits poissons selon leur intensité et qu’il faudra dans certains cas l’augmenter.
Au bout de quelques fois, dès qu’ils apercevront la lumière, les petits poissons fuiront directement dans l’autre partie de l’aquarium. C’est ce qu’on appelle le conditionnement d’évitement actif.
EGALIMERE ET SON PETIT POISSON DANS L’EAU
Une fois ces explications données, le prof nous invite à choisir un poisson et le placer dans l’aquarium. Avec ma binôme, nous en attrapons un et le laissons prendre connaissance de son nouvel environnement. Il passe d’un côté à l’autre et nous le laissons explorer l’aquarium jusqu’au signal du prof.
Ma binôme appuie sur la lumière, nous attendons un peu, j’appuie sur le bouton qui envoie le petit choc électrique. Rien ne se passe.
On se regarde en se demandant pourquoi alors je propose de renouveler l’expérience.
Elle appuie sur la lumière, on attend, j’envoie le choc… Rien. Le poisson ne bouge pas…
On réfléchit quelques instants et on se dit que l’intensité électrique ne doit pas être assez forte alors j’augmente un peu l’intensité.
Elle appuie sur la lumière, on attend, j’envoie le choc… Rien. Aucune réaction du poisson.
Bon, là, il commence à me chauffer ce poisson alors j’augmente encore un peu l’intensité en me disant qu’il va bien finir par bouger.
Elle appuie sur la lumière, on attend, BAM, j’envoie le choc et là… Toujours RIEN !!!
On regarde autour de nous et on voit que tous les autres binômes réussissent à faire passer leur poisson d’un compartiment à un autre en procédant de la même manière que nous.
On ne se décourage pas, on tente une nouvelle fois. Lumière, pause, choc électrique et… RIEN !
C’est à ce moment-là que le prof vient nous voir pour savoir comment se déroule l’expérience. On lui explique que notre poisson ne réagit pas au stimulus électrique et lui montrons la manière dont nous précédons. Lumière, pause, choc… Et là, devinez… Toujours rien.
Le prof se penche sur notre installation et nous demande sur quelle intensité était réglé le bouton envoyant la commande électrique à notre arrivée. Je lui indique le chiffre. Il reste perplexe avant de nous dire :
« Si vous continuez ainsi, ce n’est pas un poisson conditionné que vous aurez mais un poisson grillé !!! »
En réalité, si notre poisson ne bougeait pas, c’est parce que l’intensité du courant envoyé était déjà tellement forte que cela le tétanisait et l’empêchait de faire le moindre mouvement. Les étudiants du groupe d’avant n’avaient pas remis le bouton en position initiale et l’avaient laissé sur l’intensité qui avait était nécessaire à faire bouger leur poisson. Du coup, lorsque nous avons commencé l’expérience, le choc était déjà trop fort et en l’augmentant, je condamnais notre petit poisson à le subir sans réussir à le fuir…
En diminuant l’intensité, l’expérimentation a parfaitement fonctionné… Et je suis repartie du TD avec mon petit poisson pour me faire pardonner.