Au tout début du confinement pour cause de Covid 19, Loulou était très en colère contre moi parce que j’avais refusé qu’il aille retrouver un copain qui allait acheter du pain à la boulangerie. Il ne comprenait pas pourquoi les autres pouvaient continuer à sortir mais pas lui.
Difficile de faire comprendre ce danger invisible aux enfants
Lorsqu’on a commencé à parler du Covid 19, personne ne portait de masque dans les rues. On se « moquait » même des gens qui en portaient dans les transports en commun. Pour nous, ces personnes cédaient à la panique et ce n’était pas nécessaire comme l’ont répété les membres du gouvernement. Et puis, ils nous disaient aussi qu’il n’y avait que quelques cas isolés. Certains parlaient de « vilaine grippe »…
Alors, comment expliquer aux enfants que le COVID 19 est un ennemi mortel qui ne se voit pas ? Comment leur faire comprendre que les empêcher de voir les autres, ce n’était pas les punir mais vouloir les protéger. Vouloir nous protéger. Protéger les autres.
Et puis, il y a eu ce « nous sommes en guerre » et le décompte quotidien des morts du Covid 19.
Une fois confinés, nous étions branchés quasiment en continu à l’information. Le COVID 19 était présent à la télé, sur nos smartphones, à la radio, sur nos ordinateurs.
On entendait parler de la propagation du virus, des hôpitaux qui n’arrivent plus à faire face, des soignant.e.s épuisé.e.s, des morts toujours plus nombreux chaque jour.
Et puis, Loulou a découvert que, pour les personnes qui survivent au virus, il va falloir du temps pour réapprendre à vivre. Réapprendre à parler, à manger, à bouger, à se déplacer…
Au bout d’un moment, les enfants ont bien compris pourquoi nous étions ce genre de parents qui avaient voulu prendre les devants dès qu’ils avaient entendu parler de confinement. Pour les protéger.
Leurs vies confinées, un nouveau rythme
Au fil du temps, nous avons mis en place une nouvelle organisation dans la maison.
Les enfants ont réorganisé leur vie, leur rythme, se sont adaptés sans trop broncher, participent davantage aux tâches domestiques…
Mais, vivre 24 h sur 24 ensemble, forcément, cela a aussi une influence sur les liens fraternels. Déjà que leur relation était faite à base de
« je t’aime moi non plus« , la proximité a exacerbé ce type de rapports. Ils se chamaillent beaucoup, se disent des mots pas doux, se confrontent dans des luttes physiques…
Mais parfois, en fin de journée ils déposent les armes et se posent comme ça sur le canapé pour regarder un documentaire, une série…
A l’heure du déconfinement, je me demande ce qu’ils retiendront de cette période Covid 19
Quand je les entends crier de joie parce qu’ils ne vont pas retourner ni à l’école, ni au collège je me dis qu’ils se souviendront surtout de ça.
De l’école à la maison, de la continuité pédagogique, des cours sur Zoom…
Des devoirs envoyés par la maîtresse de Ti’Loulou avec quelques défis à réaliser;
Des activités faites en famille : des œufs peints pour Pâques, de l’apprentissage de la belote, du badminton dans notre petit bout de jardin, du handball dans le garage de l’immeuble…
J’espère que ce sont ces moments qu’ils retiendront. Qu’ils garderont en mémoire que, malgré la colère des débuts, les disputes de temps en temps, nous avons su faire face en famille.
Qu’ils se souviendront que, dans ce climat angoissant, nous étions ensemble et que pendant cette période, nos avons resserrés nos liens.