Et non, pour toutes les tâches liées à la maison, je n’aide pas mon mari. Mon mari ne m’aide pas non plus d’ailleurs. Je vous explique pourquoi.
Une amie est passée à la maison cet après-midi.
Autour d’un café, on parlait de la vie, des choses du quotidien et, à un moment donné, je lui ai dit :
« Attends deux minutes, je fais la vaisselle et je reviens. »
Elle m’a regardée comme si je venais de lui dire que j’allais construire une bombe…
Alors elle m’a dit sur un ton aussi admiratif que perplexe :
« Heureusement que tu aides ton mari. Moi, je n’aide pas le mien, parce que quand je le fais, je n’ai aucune reconnaissance de sa part. Par exemple, la semaine dernière, j’ai passé la serpillière, et même pas un merci. »
Je me suis assise à nouveau devant elle et je lui ai expliqué que je n’aide pas mon mari. En réalité mon mari n’a pas besoin d’aide, il a besoin d’une compagne. Il ne s’agit pas d’une aide, nos tâches sont partagées.
Non, je n’aide pas mon mari
J’habite avec lui à la maison, donc, c’est normal que je nettoie la maison car je la salis également.
Je n’aide pas mon mari à cuisiner parce que moi aussi j’ai besoin de manger, donc, il est nécessaire que moi aussi je cuisine.
Je n’aide pas mon mari à faire la vaisselle, je le fais car moi aussi j’utilise des assiettes, des verres et des fourchettes quand je mange.
Je n’aide pas mon mari avec les enfants, parce qu’ils sont mes enfants aussi et que c’est mon obligation de mère.
Je n’aide pas mon mari à laver, étendre ou plier les vêtements, je le fais car le linge est aussi le mien et celui de mes enfants.
Je ne suis pas une aide à la maison, je suis une partie de cette maison.
Et, concernant la reconnaissance, j’ai demandé à mon amie quand avait-elle remercié son mari pour la dernière fois après qu’il ait nettoyé la maison, lavé le linge, changé les draps, donné le bain aux enfants, cuisiné et organisé tout le reste…
Est-ce que tu lui as dit merci ? Un vrai merci, du type : « Wahou mon chéri !! Tu es fantastique ! »
Mais comment ça, je n’aide pas mon mari ?
Cette publication vous semble étrange de la part d’une femme ? Vous vous demandez si c’est vrai ou faux ? Ou alors vous n’en voyez pas l’intérêt ? C’est vrai, après tout, pourquoi est-ce que je devrai expliquer à mon amie que je n’aide pas mon mari ?
Je vais vous expliquer où je voulais en venir avec cette publication.
A l’origine, cette publication a été faite par un homme, Andrea Bravo, en janvier 2017 sur Facebook. J’ai remplacé « ma femme » par « mon mari » et « un ami » par « une amie ». La publication d’Andrea Bravo a été partagée près de 215 000 fois !!!
Lorsque je lis les commentaires sous cette publication, je me dis qu’il reste du chemin à parcourir pour l’égalité dans la répartition des tâches domestiques.
Quand Andrea Bravo en parle, tout le monde s’écrit : « Wahou, un homme qui fait la vaisselle, le ménage et s’occupe des enfants ! La classe.». Son rôle actif dans les tâches domestiques est donc valorisé par tous ces partages. Il fait figure d’exception et donne l’image d’un homme « moderne » qui ne laisse pas sa femme se taper tout le boulot à la maison.
Mais c’est bien ou ce n’est pas bien ?
Le mérite de cette publication, c’est d’avoir éveillé les consciences chez certaines personnes. Elle a fait réagir, en positif ou en négatif. Mais elle a permis de mettre sur la table la question du partage des tâches au sein du foyer.
Ce qui peut sembler « exceptionnel » venant d’un homme est en fait le quotidien de nombreuses femmes. Faut-il encore vous rappeler que les femmes passent 4 fois plus de temps que les hommes à faire le ménage et s’occuper des enfants ? Et pourtant, cela semble encore tout à fait « normal » aux yeux de la plupart des gens. Pourquoi ? Parce qu’on entre dans le domaine du rôle social attribué aux femmes et aux hommes.
D’ailleurs, Andrea Bravo conclue sa publication par ces phrases :
» Cette histoire te parait absurde ? Bizarre ? Il y a encore beaucoup de gens qui sont toujours machos et qui croient que les femmes ont l’obligation de tout faire sans qu’ils lèvent le petit doigt. Remercie ta femme de la même façon que tu aimerais être remercié. Donne un coup de main, comporte-toi comme un vrai homme, un vrai compagnon et pas comme un hôte qui vient juste manger dormir prendre sa douche et satisfaire ses besoin sexuels… Sentez-vous à la maison. Dans votre maison ! Le véritable changement dans notre société commence dans nos foyers, c’est avec nos actions qu’on apprend aux enfants le vrai sens de la vie. »
L’épineuse question de la répartition des tâches et du rôle social
Pourquoi est-ce que cette question soulève encore le débat ? Dans un monde où on parle de plus en plus d’égalité professionnelle, de partage des tâches, de l’implication des pères, certaines résistances demeurent malgré tout.
Dès notre plus jeune âge, nous sommes confronté·e·s à ces images de l’homme qui bricole et la femme qui nettoie. Regardez les catalogues de jouets, les publicités, ce qui se passe dans certains foyers. Les enfants intègrent ces schémas comme étant « la norme » et vont les reproduire à leur tour.
Alors comment en venir à un partage des tâches au sein du foyer ?
Si j’avais la solution miracle, croyez bien que j’aurai déjà publié un livre et que je donnerai des conférences
Pour moi, c’est dès l’enfance qu’il faut agir sur ces stéréotypes liés à l’attribution des rôles des femmes et des hommes. Non, une fille n’est pas née avec un gène « lessive, ménage, repassage, enfants » et un garçon « bricolage, aventure, gagne pain ». Impliquer les petites filles et les petits garçons dans toutes les tâches de la maison peut déjà être un bon début. Quand je parle de toutes les tâches, je veux bien dire toutes les tâches, du ménage au bricolage.
Ensuite, le dialogue au sein du couple avant d’en arriver à la surcharge mentale comme l’illustrait si bien Emma dans une BD.
Bien sûr, il y aura toujours des résistances de la part des hommes mais aussi des femmes. Mais comme je le dis souvent, c’est en commençant à agir au sein de nos foyers pour nous pourrons agir à d’autres niveaux.
Et chez vous, comment répartissez-vous les tâches ? Comment l’avez-vous abordé ?