Il existe différentes sortes de mères : les mères cools, les mères copines, les mères poules, les mères inquiètes… Mais s’il y a bien une chose que toutes ces mères ont en commun, c’est qu’elles ne sont pas que des mères. Rencontre avec l’auteure du blog « Pas qu’une mère » pour parler de son quotidien et de son mode d’organisation.
En quelques mots, que pouvez-vous nous dire de vous, de votre parcours, de votre activité ?
Sitôt le bac en poche, je me suis orientée vers la fac de psycho. J’avais un rêve : devenir Clarice Starling du Silence des agneaux (quelle idée !). Je me suis donc dirigée vers le parcours Psychopathologie que j’ai complété avec un Diplôme Universitaire de Criminologie. Tout roulait jusqu’à mon stage de dernière année que j’ai effectué au sein d’un service de médecine légale. Le boulot consistait à mener des expertises que ce soit auprès des victimes que des agresseurs. Et comment dire ?… Côtoyer le viol, la pédophilie, l’agression physique, etc., je me suis très rapidement rendue compte que ça n’était pas pour moi.
J’ai décroché mon titre de psychologue avec une idée en tête : trouver davantage de sérénité dans le travail. J’ai donc postulé pour une offre de psychologue dans l’Education Nationale. J’ai été embauchée en tant que contractuelle trois années durant. Puis, je me suis décidée à passer le concours afin d’être titularisée. J’ai obtenu le dit concours en 2012. S’en sont suivies deux années de formation à Paris. Depuis septembre, j’exerce donc en tant que psychologue dans les collèges et les lycées.
A savoir également que, durant ces années de formation, j’ai donné naissance au tout p’tit. Cela a été très difficile de tout cumuler. Partir de chez soi à 6h pour ne revenir qu’à 20h. Taper près de 5 h de trajet par jour. Ne pas voir son enfant. Ne pas voir son Homme. Rater plein de choses. Mais il fallait que je m’accroche. Je le faisais pour mes Hommes. Pour pouvoir assurer une stabilité professionnelle à l’avenir.
Depuis quand tenez-vous ce blog et d’où vous en est venu l’idée, l’envie ? Pouvez-vous nous le décrire ?
Je tiens mon blog depuis avril 2014. C’est à peu près à ce moment là que j’ai décidé d’arrêter de subir ma vie. J’avais très mal vécu mon congé maternité. Je vivais très mal le fait de passer à côté de ma vie pour une formation. Il fallait que je trouve un exutoire. Un endroit rien qu’à moi où je pourrais parler de tout. Je n’ai pas réfléchi bien longtemps. L’idée a dû me trotter dans la tête deux jours avant que je ne me lance.
Comment je décrirais mon blog ? Et bien je dirais qu’il s’agit, en quelque sorte, de mon journal intime (enfin pas intime du tout pour le coup !). J’y dépose tout : mes angoisses, mes réflexions, mes humeurs, etc. Un seul fil conducteur : l’humour. Enfin j’espère… Quoique ces derniers temps, mes billets prennent une couleur plus « sombre » puisque j’en dévoile encore davantage sur moi.
Devenir Maman, qu’est-ce que ça a changé pour vous ?
Ah ah ! La question qui tue ! Et bien devenir maman a fait de moi une boule d’angoisses ! Cela a révélé tous les travers de ma personnalité. Les premiers mois du tout p’tit ont été un enfer. J’ai subi mon congé maternité. J’étais très loin de l’image de la jeune maman épanouie. Pour être claire, j’en ai chié ma race !!! Aujourd’hui, heureusement, les choses se sont apaisées. Toujours est il que, aux personnes qui disent « tu verras devenir mère, c’est que du bonheur », j’ai envie de dire fuck !
Comment se passe le quotidien dans votre famille ?
Dans ma petite maisonnée, nous sommes donc trois : le tout p’tit, mon Homme et ma trombine. L’homme et moi travaillions pendant que notre fils envoie du bois à la crèche (et oui c’est pas de tout repos d’enchaîner pâte à modeler et peinture sur soie).
Notre journée type : débout à 6 h 30 -> petit déjeuner pour notre fils pendant que son père et sa mère enchaînent les cafés (va falloir songer à mettre en place la caféine en intraveineuse) -> départ à la crèche pour 7 h 30 -> retour au domicile vers 18 h -> jeux -> 19 h dîner pour le tout p’tit -> bain -> dodo à 20 h 30 -> les parents dînent et discutent de leur journée.
Comment faîtes-vous pour articuler vos différents temps de vie ? Quelles sont les solutions mises en place pour faciliter votre quotidien ?
Des solutions pour faciliter le quotidien ?… Si quelqu’un en a, je suis preneuse !
Pendant longtemps, j’ai tenté d’organiser les choses (j’ai d’ailleurs investi dans les outils Mémoniak). Jusqu’à ce que je me rende compte que je n’avais la main sur rien !
Plus sérieusement, ce qui me facilite le quotidien n’est rien d’autre que mon Homme. Il gère le petit lorsque je dois faire à manger, le ménage et autre corvée des plus épanouissantes. Inversement, je m’occupe du petit quand il doit faire à manger, le ménage… Et oui, chez nous c’est partage des tâches : tu manges donc tu fais à manger, tu portes des fringues donc tu fais des lessives, etc.
Et quand je veux aller me bourrer la gueule (en oubliant un peu trop vite que le tout p’tit a un réveil interne digne de l’horlogerie suisse), l’Homme gère que ce soit le soir mais aussi le matin (quand je réalise que « putain deux verres de pif et j’ai la tronche en vrac comme ça ?!? »).
Votre employeur a-t-il mis en place des mesures pour favoriser l’équilibre entre la vie pro et la vie perso de ses salarié-e-s ? Quelles sont les mesures qui vous semblent les plus pertinentes au regard de votre situation ?
Mon employeur n’est autre que le Ministère de l’Education Nationale. A ma connaissance, pas grand-chose de mis en place. Si ce n’est que, dans mon académie, c’est grâce au rectorat que j’ai pu obtenir une place en crèche (partenaire de la crèche interentreprises). Et ça, c’est énorme !!!
Avez-vous bénéficié du congé parental ? Comment avez-vous vécu cette période et le retour au travail ?
Ouh la la, ne parle pas de malheur !!!! J’allais pas me traîner mon post-partum pendant 1 an !!! Non, pas de congé parental pour moi ! La fin de mon congé mater a été une délivrance… Reprendre le boulot m’a fait sortir la tête de l’eau. C’est d’ailleurs de là que vient le nom de mon blog. Etre mère ne suffit pas à mon bonheur. J’ai besoin d’exister par ailleurs pour me sentir vivante.
Si vous aviez des conseils à partager avec les autres parents, quels seraient-ils ?
Lâcher prise ! Je ris toute seule car ceux qui me connaissent savent que j’en suis incapable. Pourtant c’est un conseil que j’aurais aimé entendre avant de devenir mère. Cesser de vouloir tout contrôler et prendre les choses comme elles viennent. Ma maison est loin d’être nickel, mon frigo est souvent vide, le tout p’tit arrive régulièrement à la crèche avec du chocolat sur le pull, l’homme a des trous dans ses chaussettes, etc. mais OSEF (On S’En Fout) !!!!
Quelque chose à ajouter, c’est à vous :
Merci à toi Egali-Mère de m’avoir offert cet espace de paroles. Et un gros bravo pour ton blog ! Une jolie cause que tu défends ! Le tout p’tit aussi se bat au quotidien contre les stéréotypes sexués ! Avec ses bouclettes, il se tape tous les jours des remarques type « quelle jolie petite fille » ! Et oui, c’est évident, seules les filles ont les cheveux bouclés… Et elles sentent bon. Alors que les garçons ont le crâne rasé et les ongles sales bien sûr !