Ce thème « mes vêtements, mes choix » est largement inspiré du slogan « mon corps, mon choix ». Un clin d’œil au manifeste des 343 qui a été rédigé il y a 50 ans pour obtenir le droit à l’avortement. Mais c’est surtout une manière de parler du corps des femmes et les injonctions que nous pouvons subir, directe ou indirecte.
Les vêtements pour enfants
Quand j’étais gamine, il n’y avait pas cette profusion de magasins, toutes ces enseignes. Mes parents nous achetaient des vêtements dans la grande surface de la ville voisine et les plus petites récupéraient les fringues des plus grandes. On ne jetait rien, ma mère raccommodait les trous ou mettait des pièces de tissus par dessus. C’est sur, les fringues, on les gardait longtemps et on misait déjà sur le seconde main.
Niveau garde-robe, les choix étaient limités mais on s’en moquait puisque tout le monde était habillé pareil.
Oui, aussi incroyable que cela puisse vous paraître maintenant, les filles et les garçons pouvaient porter le même type de fringue. Sauf les jupes. Et les robes.
Mais, depuis quelques années, on assiste non seulement à une forte hausse des enseignes de prêt à porter pour enfants mais également à une sexualisation des vêtements de plus en plus marquée. Allez, je vous le donne en mille puisque vous voyez trèèèèès bien où je veux en venir : des vêtements roses pour les filles, des vêtements bleus pour les garçons. Des messages « douce et jolie » pour les filles et « fort et courageux » pour les garçons.
Face au poids des stéréotypes, pensez-vous que les parents font vraiment le choix des vêtements pour leurs enfants ?
Petit rappel à propos des vêtements genrés avec cette illustration de Elise Gravel (que je vous invite à suivre sur le site http://elisegravel.com/)
L’entrée dans l’adolescence
J’ai longtemps crié haut et fort « non à l’hypersexualisation des enfants !!! » quand je voyais ce type d’image.
Je trouve ça toujours aussi choquant de sexualiser le corps des jeunes enfants. Un enfant est un enfant et il n’a pas à porter les fantasmes d’une personne adulte. Ni à cacher sa poitrine sur la plage à 6 ans parce que le regard de certaines personnes sur le corps des enfants n’est pas bienveillant.
Et là où ça complique, c’est quand les filles commencent à changer de morphologie avec l’entrée dans l’adolescence.
Le mouvement des collégiennes et lycéennes
Il y a quelques temps, des collégiennes et lycéennes se sont révoltées en revendiquant le droit de porter des croc top pour aller en cours. Leur message était le suivant « nous n’allons pas changer nos tenues pour ne pas perturber les garçons, ce sont aux garçons de changer leur vision de nos corps pour ne pas être perturbés ».
Alors oui, il y a des règlements intérieurs concernant les vêtements dans les établissements scolaires et il faut les respecter parce qu’ils s’appliquent à tout le monde. Ça s’appelle la règle et cela prépare les jeunes au monde professionnel.
Mais j’ai approuvé cette revendication. Oui, moi qui crie contre l’hypersexualisation j’ai dit « bravo les filles ! ». Si j’ai eu cette attitude, ce n’est pas parce que je souhaite encourager les jeunes filles à montrer leur corps en toutes circonstances mais parce qu’elles interrogeaient l’ensemble de la société sur leur liberté de se vêtir et le regard des autres sur leur corps. Et ça a beaucoup fait régir dans la presse, sur les réseaux sociaux. Preuve que le sujet interpelle et ne laisse pas indifférent.
Pourquoi serait-ce à elle de cacher leur corps pour ne pas perturber les garçons et les hommes ?
Le harcèlement de rue
Parce que, cacher nos corps, c’est déjà quelque chose que nous faisons, parfois sans nous en rendre compte, quand nous sortons dans la rue. Pourquoi ? Pour éviter de se faire emmerder.
Attendez, je corrige : se faire siffler dans la rue, klaxonner, interpeller, insulter ça ne s’appelle pas « se faire emmerder ». Non, ça s’appelle du harcèlement de rue, un outrage sexiste pour être plus précise, et c’est puni par la loi. Et oui, les auteurs de ces actes peuvent être sanctionnés pour « outrage sexiste ». Les amendes prévues pour cette infraction vont de 90 à 1 500 €.
La mère ou la catain
Vous avez déjà remarqué à quel point porter certaines tenues est incompatible avec la vision de la mère pour bon nombre de personnes ?
Une fois que vous devenez mère, vous pouvez mettre au placard tout ce qui est au dessus du genou ou qui laisse apercevoir un bout de sein.
Avec la maternité, vous comprenez qu’il va falloir cacher certaines parties de votre corps. D’abord pour allaiter, puis à la plage ou la piscine parce que vous n’avez pas le fameux « body summer », pour finir par adopter des vêtements « convenables » aux yeux de la société.
Passé la cinquantaine
Passés les 50 ans, nous sommes nombreuses à nous autocensurer sur le choix de nos vêtements. Parce que nous avons une activité professionnelle qui nécessite un « dress code », parce que nos corps changent, parce qu’on n’ose plus montrer certaines parties de notre corps.
Mais aussi parce que le regard des autres nous fait bien comprendre que non, là Madame, c’est plus de votre âge…
Alors « mes vêtements, mes choix » ?
Voilà où m’a menée ce thème. A me dire que, à tous les âges de la vie, nous sommes très peu à pouvoir affirmer que nous portons ce que nous voulons, par choix, par envie, par plaisir.
Nous sommes souvent contraintes de changer nos habitudes vestimentaires en fonction de notre âge, de nos lieux de vie, de nos emplois.
Nous aimerions bien pouvoir le revendique ce « mes vêtements, mes choix » alors j’espère qu’au travers de vos participations à ce rendez-vous, je lirai des témoignages positifs.