Aujourd’hui, en allant sur Linkedin, j’ai réalisé que c’est mon « anniversaire professionnel ». Cela fait 8 ans maintenant que j’ai intégré une structure avec laquelle je me sens en adéquation au niveau des valeurs. Et pourtant, une chose me taraude l’esprit depuis quelques jours : pourquoi n’ai-je jamais négocier mon salaire dans cette boîte ?
L’effet « lune de miel »
Après une expérience qui s’est terminée de manière hallucinante, j’étais en pleine période de réflexion sur mon avenir professionnel. J’ai vu une annonce sur le site de Pôle Emploi et ce fut une évidence pour moi : c’était LE poste que je souhaitais occuper à présent.
J’ai passé un premier entretien pendant lequel je n’ai pas su répondre à quelques questions. Je me suis mise à faire des recherches, à lire, me renseigner davantage sur des projets, des dispositifs législatifs en vue du 2ème entretien.
Pendant le 2ème entretien, j’ai parlé comme si j’étais déjà en poste pour montrer que j’avais bien compris ce qu’on attendait de la personne qui serait recrutée. J’ai expliqué comment nous pourrions mobiliser les partenaires sur un projet, la manière dont je voyais le travail en équipe…
Je me voyais déjà tellement dans ce poste qu’il y a une chose à laquelle je n’ai pas porté attention sur le coup : le salaire !
La négociation salariale…
En réalité, si, j’avais bien fait attention au salaire proposé. Mais comme il était supérieur à celui que je touchais dans mon précédent poste, j’étais contente de gagner plus pour faire quelque chose qui me plairait.
Avant d’aller plus loin, je rappelle que je travaille « dans le social et l’accompagnement des personnes en recherche d’emploi ou en reconversion professionnelle ». Et dans ce domaine, il y a de nombreux organismes peu scrupuleux sur les conditions de travail et de rémunération…
A aucun moment donc je n’ai eu l’idée de négocier le salaire. Pour mes précédents emplois, après avoir acquis une bonne expérience professionnelle, j’ai toujours essayé de négocier le salaire. Mais à chaque fois, c’était la même chose « non négociable ». Donc, j’ai accepté des postes où j’étais payée en fonction des grilles de salaire des conventions collectives.
Alors, où est le problème ?
Le problème, c’est maintenant que je m’en rends compte. Quand je suis arrivée dans cette structure, j’avais tellement été habituée à avoir un salaire « bas » que je n’ai pas du tout négocié.
Mais aujourd’hui, alors que je suis en train de recruter de nouvelles personnes pour mon équipe, je me rends compte que la négociation salariale fait partie du jeu de l’entretien.
Ce salaire qui m’avait semblé plus élevé il y a 8 ans décourage certaines personnes qui postulent. Voire même, les incite à refuser le poste et aller voir ailleurs…
J’ai reçu un bon nombre de candidatures venant de jeunes diplômé.e.s, de personnes à la recherche d’une première expérience professionnelle. Or, pour ces postes, il faut un minimum d’expérience de terrain, un niveau de diplôme, des connaissances spécifiques.
C’est là que je constate que les personnes qui correspondent au profil, avec de l’expérience, négocient quasiment toutes le salaire qui est proposé. Quasiment toutes.
Et devinez quoi ?
Même si le salaire en lui même ne peut pas être augmenté en raison de la grille salariale, il est possible de trouver quelques arrangements. Alors non, ma structure ne peut pas répondre à certaines demandes car il y a des limites budgétaires qui ne peuvent être franchies. Toutefois, il existe dans les entreprises d’autres moyens de satisfaire aux demandes : reprise d’ancienneté, fourniture d’un téléphone portable, ordinateur portable, aménagement des horaires…
Donc, quand le salaire proposé et les conditions ne correspond pas aux aspirations des candidat.e.s, ils ou elles refusent les postes.
Et depuis que j’ai découvert ça, bah, ça m’a amenée à réfléchir à la question de la négociation salariale au moment de l’embauche et en cours de carrière.
Être sûr.e de soi et de ses compétences pour négocier !
Dans mon cas, si je n’ai pas négocié, c’est que depuis le début de ma carrière j’ai accepté de travailler sans reconnaissance de mon niveau d’étude, de mon diplôme.
Avec le recul, je considère que je n’étais pas suffisamment informée sur le monde du travail, les conventions collectives, les grilles de salaire. Pas suffisamment sûre de moi ni de mes compétences pour débouler dans le monde du travail en disant « je vaux tant et si vous ne pouvez pas me l’offrir, je n’ai rien à faire chez vous !« .
Quand je suis sortie de mes études universitaires, j’ai pris le premier poste qui se présentait là où d’autres de ma promotion ont pu attendre d’avoir LE poste qui leur apporterait directement un statut cadre, un salaire à hauteur de leur diplôme.
Encore une fois, je ne vais pas pleurer sur mon sort, je porte un regard positif sur mon parcours professionnel et les compétences que j’ai pu acquérir au fil du temps. Ce sont toutes ces expériences, heureuses et moins heureuses, qui me permettent aujourd’hui d’occuper un poste à responsabilité.
Non, la question est : mais pourquoi on n’ose pas négocier son salaire ???
C’est vrai ça ! Pourquoi n’ose-t-on pas alors que d’autres le font de manière tellement assurée qu’on leur donnerait tout de suite le niveau de salaire demandé.
Est-ce qu’il n’y aurait pas encore là dessous une histoire de syndrome de l’imposteur ? Un manque de confiance en soi ? Une méconnaissance de ce qu’est la négociation salariale et de nos droits ? La peur qu’on nous refuse le poste parce qu’on a osé négocier le salaire ou les conditions de travail ?
Sans doute un peu de tout ça en fonction de nos parcours et de nos personnalités.
Hélas, je n’ai pas de solution miracle puisque je ne suis pas une référence en la matière. Mais, maintenant que j’ai mis le doigt sur cette question, cela me donne envie de creuser ce sujet que j’avais laissé de côté.
Je sais qu’il existe des actions de sensibilisation, des formations, du coaching pour apprendre à négocier son salaire. Je vais prendre le temps de mettre un peu plus le nez dans tout ça et je vous en parlerai dans un article, histoire de nous donner la force d’aller négocier !