Il me restait un dernier article à publier dans la série « Démission » qui abordait la manière dont je l’ai annoncée. Ce dernier est resté longtemps dans les brouillons et il va finalement y rester. J’hésitais à le publier parce qu’il mettait en lumière les dernières raisons qui m’ont confortée dans l’envie de quitter une structure avec laquelle je partageais des valeurs. J’abordais notamment les nouvelles orientations prises, le manque de reconnaissance, la surcharge de travail. Mais également, un environnement professionnel fait d’hypocrisie, de harcèlement moral, de culpabilisation… Bref, c’est pas joli joli tout ça mais c’était mon ressenti. Presque 7 mois se sont écoulés depuis et je préfère vous faire un retour à froid sur ma démission.
Quand le corps parle…
Avant de partir, je me suis encore beaucoup investie professionnellement pour laisser le poste « clean » et préparer un document de transition le plus complet possible. Comme ce n’était pas vraiment « la bonne période » pour la direction générale, c’était la panique à bord. Du coup, BigBoss m’a demandé d’anticiper sur tout un tas de bilans/demandes de subvention/entretiens professionnels… J’étais au bord de l’épuisement professionnel depuis quelques temps mais, malgré tout, j’ai tenu bon jusqu’au bout (fierté personnelle de ne rien avoir lâché).
J’ai quitté cette structure un mercredi soir et commencé le lundi suivant dans la nouvelle. J’ai démarré ma prise de poste sur des chapeaux de roues, bien décidée à être opérationnelle le plus rapidement possible. Et c’est là que mon corps a parlé.
Je ressentais une douleur au niveau de l’épaule depuis quelques jours que je mettais sur le compte d’un faux-mouvement au Taekfitness. A peine 3 jours après ma prise de poste, la douleur est devenue fulgurante, m’empêchant de dormir et de me servir de mon bras. Chaque mouvement déclenchait une décharge électrique et une douleur très intense.
J’ai pu consulter ma super doctoresse en urgence avec une échographie dans la foulée… Diagnostic : bursite et calcification.
Petit mot de doctoresse « Vous avez porté beaucoup de choses sur vos épaules ces derniers temps alors écoutez-vous maintenant, levez le pied !« .
Éviter de faire les mêmes erreurs
Me retrouver ainsi immobilisée a provoqué en moi un profond sentiment d’injustice et de colère. Bordel, pourquoi ça arrive maintenant, juste au moment où je commence un nouveau job ?
Bah, c’est simple – a du répondre mon cerveau – tu es en train de faire la même chose qu’il y a 2 ans alors on te calme tout de suite. Tu ne vas pas recommencer à travailler 12 heures par jour. Hors de question de passer tes week-end à te former pour être opérationnelle au plus vite. Tu as vu où cela t’a menée ? Pour quelle reconnaissance ? Zéro ! Pour une revalorisation de ton salaire ? Mouah ah ah ! Donc, nous, ton cerveau et ton corps, on t’enjoint de te calmer tout de suite !
Pour être calmée, j’ai bien été calmée ! Un bras en écharpe pendant une quinzaine de jours, des anti-inflammatoires et des comprimés contre la douleur, des séances de kiné pendant 2 mois pour retrouver l’usage presque complet de mon bras.
Le message était bien passé et j’ai pris conscience qu’il ne fallait pas que je reproduise les mêmes erreurs. M’investir OK mais dans la limite de mes heures de travail.
Faire le deuil de son précédent poste
Travailler dans une nouvelle structure, c’est découvrir de nouvelles méthodes de travail et de management. Déjà, avoir une Bigboss qui travaille au même endroit que l’ensemble des salarié.es ça donne une autre dimension au rapport hiérarchique. Avoir des sessions de « Team Building », ça permet de rassembler les équipes autour des projets et d’entendre leurs propositions. De les entendre vraiment, hein, pas en faisant genre « Je vous ai entendu.es mais en fait, la décision était déjà prise alors pas merci… ».
Et puis, cerise sur le gâteau, avoir une Boss qui regarde mon agenda et m’envoie un mail en me disant que cela lui parait chargé et qu’elle veut voir avec moi si la charge de travail n’est pas trop lourde, comment dire…
C’est donc quelques semaines après ce changement professionnel que sont apparus ces sentiments qui, à froid, me font penser aux différentes étapes du deuil. Le déni, la colère, l’acceptation et la reconstruction.
Bon, pour être tout à fait honnête, j’ai essentiellement ressenti de la colère et du dégoût. Une énorme colère de n’avoir jamais été entendue quand je parlais de ma surcharge de travail. Colère par rapport aux refus d’augmentation ou primes au regard de mon investissement et ma charge de travail. Un profond dégoût envers certaines personnes par rapport à la manière dont elles ont agi avec moi et ont colporté des ragots sur les raisons de mon départ. Mais en oubliant que les gens ne sont pas dupes et trouvent cette manière de faire si basse qu’ils sont venus m’en parler.
Je pense que cela s’est bien ressenti lorsque j’ai rédigé les articles sur ma démission, notamment le dernier. C’est pourquoi il ne sera pas publié. A quoi bon remuer « la merde » du passé…
Aller de l’avant
Toute ma colère n’est pas passée mais j’ai la volonté d’aller de l’avant. Une volonté facilitée par ce nouvel environnement professionnel. Un poste plus près du terrain, de mes intérêts professionnels, des engagements en faveur de l’égalité femmes-hommes. Une équipe composée de jeunes femmes essentiellement qui me bluffent sur leur rapport au monde du travail. Une manière de manager davantage dans la proximité, l’écoute, la communication.
Comme dans toutes les structures, il y a des points négatifs mais, pour l’instant, ils sont minoritaires.
Retour à froid sur ma démission
J’étais enfermée dans un poste qui ne me convenait pas, avec une charge de travail énorme, mais un certain confort. Pour sortir de cette situation, il m’a fallu un coup de pied au derrière. Il m’a tout d’abord été apporté par un regard extérieur et un questionnement sur mes intérêts professionnels. Cela m’a permis de changer de regard sur les choses, mes missions, l’atmosphère générale, le changement de direction et d’orientation. Et puis, le retour des vacances a agit comme un accélérateur de mouvement.
J’ai réactivé mon réseau, mes profils sur les sites de recherche d’emploi, répondu à quelques annonces. Et puis, il y a eu cette opportunité, ces échanges et ces doutes mais au final, la certitude que le moment était venu de partir.
Encore une fois, ce n’est pas facile de quitter un CDI, un « confort », des avantages comme des congés supplémentaires, des jours enfants malades, des tickets resto, des RTT, des collègues…
A 52 ans, faire le choix de changer de structure était un risque à prendre.
Je me dis que si j’étais restée, j’aurai souffert du manque de confiance envers la direction générale, de n’avoir plus mon mot à dire sur des orientations qui ne me convenaient pas. J’aurai eu du mal à regarder dans les yeux les hypocrites et les opportunistes. Il m’aurait été difficile de ne pas réagir face au harcèlement dont peuvent être victimes certaines personnes. J’aurai sans doute fini en burn-out professionnel et la plus grande peine à remettre le pied à l’étrier.
Je ne saurai jamais comment aurait pu évoluer ma situation mais une chose est sûre, je sais que je ne regrette absolument pas mon choix.
Changer d’environnement me permet d’envisager l’avenir professionnel de manière différente, loin du classique CDI pour la vie. Je vais développer de nouvelles compétences, enrichir mon réseau, prendre des responsabilités, gagner en valeur sur le marché du travail.
Et même si tout se passe bien pour le moment, je garde à l’esprit que la mobilité est de rigueur dans ce nouveau monde professionnel.Je reste donc d’ores et déjà ouverte à toutes nouvelles opportunités.