En acceptant ce nouveau poste, je savais qu’il me faudrait relever de nombreux défis. Mais j’étais loin de me douter qu’à mon retour de vacances, après 10 jours seulement, je serai en pleine remise en question professionnelle. Insomnies, fatigue, énervement, je connais ces signes qui me font dire que c’est reparti pour un tour !
Prise de poste début mai, en plein confinement
Nous pensions, mon ancienne responsable et moi-même, que nous aurions largement le temps de faire un tuilage. Et puis, nous avons été confrontées à des urgences, des dossiers de subvention à monter, des bilans à préparer.
A 15 jours de son départ, on a flippé en réalisant que ça serait chaud pour tout voir. Elle a préparé une note avec les dossiers en cours, les partenaires, les projets… Ce qui a été grandement facilitant.
Du jour au lendemain, je me suis retrouvée sans ma bouée de sauvetage, plongée dans le grand bain des responsabilités.
J’ai bossé jusqu’à 12 h par jour pour essayer de me mettre à niveau sur les différents domaines d’activité, histoire de ne pas être prise à défaut sur des choses que je ne connaissais pas.
Retour au bureau
Revoir toute mon équipe a été un grand bonheur. Il n’y a pas à dire, les visioconférences, c’est bien pratique mais rien ne remplace le contact physique. A distance, avec des masques quand même.
Prendre possession de l’ancien bureau de ma responsable a été un peu difficile. J’avais l’impression de ne pas être à ma place, de ne pas avoir mes repères. Alors, petit à petit, j’ai fait du tri, rangé à ma façon, apporté mes décorations.
Je continuais à me former sur mon nouveau poste tout en assurant les missions de mon ancien poste. Au sein de mon équipe, nous nous sommes réparties certaines tâches histoire de me soulager un peu.
Il y avait beaucoup de boulot mais bon, c’était motivant, on travaillait bien en équipe.
Mais, nous rencontrons beaucoup de dysfonctionnements en interne.
On a beau être une équipe soudée, essayer de passer au dessous de tout ça, parfois, ça nous rattrape. Alors il y a des arrêts maladie à répétition, des arrêts maladie plus court. Et des démissions.
Je ne m’attendais pas à passer d’une équipe de 7 personnes à une équipe de 4 personnes fin juillet.
C’est donc en disant au-revoir à une collègue que j’appréciais énormément que je suis partie en vacances. Des vacances qui m’ont fait beaucoup de bien tellement j’en avais besoin. Le confinement, les 10 à 12 h de travail par jour, la pression que je me mettais pour être au top. Il était temps de faire un break.
Retour de vacances
Lorsque j’ai repris la semaine dernière, j’étais plus que motivée, j’avais hâte de retrouver mon équipe.
Mais je suis vite retombée dans une ambiance stressante, avec un nouvel arrêt maladie dans la structure, des collègues débordé.e.s.
Et puis, j’ai commencé à mesurer l’ampleur de ce qui m’attendait en septembre en attendant que 3 nouvelles personnes soient recrutées :
- continuer à me former sur mon poste et sur des thématiques que je ne maîtrise pas encore,
- assurer les fonctions de mon ancien poste vacant
- reprendre une partie des fonctions du poste vacant numéro 2
- reprendre une partie des fonctions du poste vacant numéro 3
- répondre aux urgences
- organiser l’activité de mon service
- préparer mes interventions pour des formations
- organiser les groupes de travail du mois de septembre et octobre pour les 3 postes vacants, saisir les noms et coordonnées des participants, envoyer des convocations et des ordres du jour, prévoir des liens Zoom…
- animer ou participer des groupes de travail
- relancer les partenaires
- avancer sur les conventions ou les projets en cours
- etc
- etc…
Résultat : au bout de 10 jours, je suis HS
Je pars de chez moi à 7 h 30 et je rentre vers 19 h 20. Du coup, je vois peu mes enfants et mon mari maintenant que les activités physiques ou culturelles ont repris.
Morphée vient me cueillir alors que j’ai envie de regarder un film ou un documentaire.
Mon cerveau se met en activité intense en pleine nuit en me rappelant que je n’ai pas répondu à tel mail, que je devais envoyer ceci, que la réunion est à telle heure, que ceci, que cela.
Hier soir, j’ai eu un gros coup de mou. La journée avait été difficile, j’ai essuyé des reproches que je trouve non fondés qui avaient du mal à passer.
Je suis arrivée chez moi à 19 h 30, nous avons mangé, discuté un peu et à 21 heures, les enfants étaient au lit. J’ai passé 1 h 30 seulement avec ma famille hier, et avant hier, et avant avant hier…
Voilà ce qui m’a fait réagir.
Je me casse le cul au boulot pour un salaire qui fait sourire les jeunes diplômées que je reçois en entretien, je n’ai aucune reconnaissance du travail accompli, je me prends des réflexions parce que je ne mets pas « les formes » quand j’ai quelque chose à dire… Et tout ça au détriment de ma vie de famille, de mes enfants.
Alors OK, ils sont tous les deux au collège maintenant, ils sont autonomes, ils préparent même à manger. Mais je ne veux pas de cette vie de Workingmaman qui ne pense que boulot, se lève tôt, rentre tard en ramenant ses soucis de boulot. Je ne veux pas de cette ambiance de travail pourrie qui nuit à ma motivation.
Alors hier soir, j’ai réactivé toutes mes alertes sur les sites d’offres d’emploi.
Je suis allée vider mon sac dans une story sur Instagram.
Mais ça n’a pas suffit, je me suis encore levée à 5 h 15 avec une multitude de questions et de réflexions…
Mais entre hier soir et ce matin, quelque chose avait changé.
La nuit avait quand même du porter conseil. En me levant, j’avais la ferme intention de ne pas baisser les bras, de relever mes manches et de me battre.
Si mon équipe m’a soutenue pour que je reprenne ce poste, est-ce que c’est pour tout lâcher au bout de 3 mois ?
Ma famille a du trouver un nouveau mode d’organisation alors il faudrait repartir à zéro avec un changement d’emploi ?
Je suis en train de recruter 3 personnes à qui je parle de notre bon esprit d’équipe, de notre volonté d’aller de l’avant et je quitterais le navire ?
Et ben non !
C’est reparti pour un tour
Ce matin, je suis donc allée courir pour me vider la tête.
J’ai lu des petits mots de soutien sur Instagram qui m’ont fait beaucoup de bien.
Et puis, arrivée au travail, j’ai décidé d’apprendre à dire « non« , « ce n’est pas à moi de faire ça », « je n’ai pas le temps de faire ça maintenant je travaille sur quelque chose », « oui, je ferai ça la semaine prochaine mais pas pour lundi, je n’aurai pas le temps alors je le note mais je ne peux pas dire quand ça sera fait »…
J’avais aussi décidé qu’à 17 h, je serai partie. J’étais arrivée à 8 h 30 dans la structure, j’ai déjeuné en 30 minutes alors que quelqu’un vienne me faire une remarque !
J’ai bien avancé sur plein de sujets. Des choses qui étaient en attente se sont débloquées. J’ai eu un retour super positif d’une partenaire pour laquelle j’ai trouvé une solution de dernière minute.
Je suis arrivée à la maison un peu après 18 h.
J’ai discuté avec mes enfants avant qu’ils partent à leur entraînement de handball. Je prends le temps de rédiger cet article dans le cadre du rendez-vous #10dumois sur le thème « c’est reparti pour un tour » et je me dis que c’était un thème prémonitoire.
Oui, c’est reparti pour un tour parce que ce soir, je me sens plus légère. J’ai retrouvé mon envie de faire avancer les choses. D’amener mon équipe avec moi sur de nouveaux projets, de nouveaux partenariats. Cela me tient à cœur de continuer à progresser sur des sujets pour gagner encore plus en confiance en moi.
J’avais dit sur Instagram que ça ira mieux demain. Je pense que ça ira encore mieux demain, et après-demain maintenant que j’ai redonné un ordre de priorité à ma vie familiale et plus à ma vie professionnelle.