Continuité pédagogique et télétravail
Voilà maintenant près de 3 semaines que nous jonglons entre la continuité pédagogique pour les enfants et le télétravail pour moi. Après une première semaine passée à chercher nos marques, nous commençons enfin à trouver un rythme qui convient à toute la famille.
Une mise en route de la continuité pédagogique difficile
Le premier lundi du confinement, nous avons été jeté dans le grand bain de la continuité pédagogique sans avoir eu la moindre consigne. Nous nous sommes donc retrouvés du jour au lendemain avec 2 enfants à la maison, des devoirs à faire, un travail à assurer, les repas à préparer, les tâches domestiques à réaliser.
Je pensais naïvement que mes enfants étaient assez grands (13 ans 1/2 et presque 11 ans) pour travailler en toute autonomie.
Loulou, en 4ème, est habitué à s’organiser pour ses devoirs. Nous n’exerçons plus qu’un contrôle en fin de semaine sur ce qui a été fait, pas fait. Il nous a montré qu’il en était capable et il s’y tient.
Ti’Loulou, en CM2, n’a pas beaucoup de devoirs à faire à la maison depuis le début de l’année. Son enseignante leur donne essentiellement des choses à relire, des tables à réviser, une poésie à apprendre.

Une présence parentale nécessaire
Mais force a été de constater que nos enfants rencontrent des difficultés de concentration sur une journée entière. Comme tous les autres enfants et nous aussi d’ailleurs.
Cette difficulté est exacerbée par différents types de tentations à la maison : un smartphone, une télé, une console de jeu, des bandes dessinées, des jeux, des jouets…
Donc, même s’ils se mettent sérieusement au travail, au bout de 15 minutes les voilà qui décrochent et sont attirés par autre chose. Si nous ne sommes pas auprès d’eux, nous ne voyons pas que l’un profite de notre manque d’attention pour jouer sur son ordinateur, que l’autre a récupéré un smartphone et regarde des vidéos.
Voilà pourquoi nous avons décidé, mon mari et moi, d’être présents à leurs côtés lorsqu’ils doivent travailler.
Une répartition de la continuité pédagogique
Mais, pour mon mari comme pour moi, il était hors de question d’y passer nos journées entières. S’il a dû cesser toute son activité professionnelle, il consacre une bonne partie de son temps à de la gestion administrative.
De mon côté, je suis en télétravail toute la semaine du coup. Je suis habituée à télétravailler une journée par semaine depuis près de 2 ans maintenant. Mais, en temps normal, je suis seule à la maison. Je n’ai pas à m’interrompre toutes les 15 minutes pour demander le silence, répondre à une question, expliquer une consigne, faire cesser les chamailleries…
Alors nous avons fait ce choix : je m’occupe des enfants le matin, mon mari prend le relais l’après-midi.

La gestion du matin
Je me lève tôt, comme tous les jours quand je dois me rendre au travail, et commence à travailler dès 8 h 00. J’ai une grosse heure devant moi pour avancer sur des choses qui demandent une certaine concentration.
Quand les enfants se lèvent, vers 9 h en général, ils prennent leur petit déjeuner seuls. Une fois leur toilette faite, je fais une pause pour lancer les devoirs à faire.
Loulou reçoit toutes ses leçons via Pronote. Nous voyons ensemble ce qu’il a à faire, il m’indique la manière dont il va s’organiser pour la journée et file dans sa chambre.
Ti’Loulou reçoit chaque jour de la part de sa maîtresse un document avec des choses à voir, toujours sur les mêmes thèmes : un chiffre mystère à trouver, de la conjugaison, des sciences et vie de la terre, un texte à lire avec des réponses à fournir. Il s’installe en face de moi sur la table du salon et commence à travailler.

Du télétravail sans cesse interrompu
Pendant le restant de la matinée, je lis mes mails, y réponds, et me consacre à des choses qui ne demandent pas trop de concentration. Ti’Loulou a énormément de mal à rester en place quand il travaille. Il se lève souvent, parle énormément, a soif, a faim, pose des questions qui n’ont rien à voir avec ses cours…
C’est difficile de faire la part des choses. Si je me concentre sur mon travail, Ti’Loulou n’avance pas dans ses devoirs. Mais si je me consacre à Ti’Loulou, c’est mon travail qui n’avance pas.
D’un côté comme de l’autre, je me sens en sous-régime. Mais j’ai compris qu’il ne fallait pas qu’on se mette la pression, nous, les parents, et c’est pour cela que je fais des choses qui peuvent être interrompues.

L’organisation de l’après-midi
Après la pause déjeuner où tout le monde participe à mettre la table, débarrasser, nettoyer… nous prenons un petit temps en famille pour discuter.
Puis, on s’y remet. Là, je vais m’enfermer dans la chambre de l’un des deux enfants de manière à pouvoir passer mes appels téléphoniques ou participer à des échanges sur Skype. Mais aussi avancer sur les projets qui demandent de l’attention.

Mon mari revoit avec les enfants le découpage de l’emploi du temps. Le temps des devoirs, le temps de pause, à nouveau devoir, goûter. Puis ils enchaînent sur un temps de loisirs avant de se mettre à la musique.
Nous arrêtons tout vers 18 h et c’est parti pour un sas de décompression : sport en famille, jeux, belote, fléchettes…
Voilà ce qui fonctionne chez nous
Pour en arriver là, nous avons bien tâtonné la première semaine. Comme je l’ai déjà dit dans une interview, seule, je ne pourrai pas concilier mon télétravail et la continuité pédagogique pour mes enfants.
Même s’ils sont autonomes ou en cours de le devenir pour Ti’Loulou, la présence d’un adulte est quand même nécessaire pour encadrer ces temps d’apprentissage. Pour répondre à leurs questions, chercher avec eux dans le dictionnaire, relire la leçon pour s’assurer que la consigne est bien comprise, corriger les erreurs de grammaire ou de conjugaison…
Niveau professionnel, tout le monde est bien conscient qu’on ne peut pas travailler 8 heures d’affilées. Pour autant, tout le monde fait ce qu’il a à faire. Chaque membre de mon équipe s’adapte en fonction de ses contraintes familiales ou personnelles et jusque là, tout se passe bien. On avance sur les projets, on communique tous les jours. Nous trouvons de nouvelles manières de collaborer, de partager nos dossiers, nos informations.

Bientôt les vacances… confiné.e.s
Les vacances approchent et nous allons maintenir ce rythme puisque nous entrerons dans la phase des « vacances apprenantes ». Nous devions partir dans ma famille dans le Sud mais nous allons rester à la maison.
Le rythme sera sans doute différent, un peu plus cool, plus détendu. Nous savons déjà que l’enseignante de Ti’Loulou va poursuivre les envois de documents quotidiens. Les profs de Loulou quant à eux vont continuer à mettre des cours et devoirs sur Pronote.
Nous ne savons pas encore combien de temps tout cela va durer. On nous parle d’un retour en cours le 4 mai mais d’autres rumeurs circulent sur un confinement bien plus long.
Nous avons trouvé un rythme qui nous convient pour l’instant mais est-ce que ça va durer ? Est-ce que les enfants vont continuer à jouer le jeu de la continuité pédagogique sans rechigner ?
En attendant, on s’adapte au jour le jour.
Des ressources pour vous accompagner
Je suis bien consciente que ce qui fonctionne pour nous ne l’est pas pour tout le monde. J’ai lu de nombreux témoignages de « parents au bord de la crise de nerfs » à cause de cette continuité pédagogique :
- des ressources à aller chercher à droite et à gauche
- une charge de travail énorme pour les enfants
- charge multipliée pour les parents qui ont plusieurs enfants à la maison
- une charge également pour les parents d’enfants ayant des difficultés scolaires
- charge exacerbée pour les parents d’enfants en situation de handicap
- les parents solos qui ne peuvent compter que sur eux-mêmes
- la culpabilité de ne pas « être à la hauteur » par rapport aux autres…
Face à toutes ces difficultés pour les parents, certaines personnes ont créé des groupes d’entraide sur les réseaux sociaux.
Diane Ballonad Rolland, créatrice de Temps et Équilibre, a créé un groupe d’entraide sur Facebook. Dans ce groupe, vous trouverez des partages de conseils, astuces, bons plans… https://www.facebook.com/groups/Sorganiserenteletravail/
NousToutes a créé un groupe WhatSapp « Confinement et parentalité » qui vous propose de recevoir chaque jour des idées d’activités et des conseils pour décompresser. Toutes les informations sont là : https://docs.google.com/document/d/1ElQF7EVO7iE_6pg-TKq0S_nqvONRv70c_1C4Stz4mYo/edit
Le Secrétariat d’État chargé de l’égalité etc. etc. a publié un « Guide des parents confinés » qui reprend des conseils de professionnel.le.s dans différents domaines. A lire ici : https://drive.google.com/file/d/1XxpfuBKAEYrUbpfKON5ArjAOadHAXILS/view
Merci pour ton billet, c’est intéressant / rassurant de voir comment ça se passe chez les autres 😀
De notre côté, nous sommes censés (télé)travailler tous les 2 aussi et nos enfants sont plus petits (7 ans et presque 5 ans) : bien évidemment, ce n’est pas compatible ! Sans forcément fixer sur la continuité pédagogique (même si je ne voudrais pas que ma 7 ans, en CP, décroche… j’étais prête à la jouer cool ^^), ils demandent une attention constante : besoin d’aide, chamailleries, aucune autonomie dans les jeux, pas d’idées, je m’ennuie… Au final, rien à faire, on est obligés d’être à leurs côtés en permanence et de poser des jours de congés / arrêt garde d’enfants.
Je pensais naïvement qu’avec 2 ou 3 ans de plus, les choses auraient été radicalement différentes mais je vois que non… C’est sûrement moins intense mais ils ont tout de même besoin de nous pendant longtemps 🙂
Oui, et c’est ce qui rend compliqué la conciliation télétravail – continuité pédagogique. Même plus grands, ils ont « besoin » d’être un minimum encadré dans leur travail sinon, l’appel des distractions est plus fort. Comme je l’ai dit, nous avons mis quelques jours à trouver ce rythme mais, même si pour l’instant ça fonctionne à peu près bien comme ça, je ne sais pas si cela va tenir dans la durée. Mais tout le monde se pose la même question…
Merci pour ce billet !
ici on a mis à peu près la même chose en place : mes enfants sont plus jeunes (6 et 9 donc CP et CM1) et on télétravaille tous les deux : donc dés le début du confinement on a convenu avec nos équipes que mon mari travaille le matin en continue 6h-14h et moi je lis mes mails et lance la journée de mon équipe entre 8h et 9h30 puis pas dispo pour le taf de 9h30 a 12h sauf urgences par tel, ensuite je bosse de 14 à 19h : pour l’instant ça passe comme ça, mais ça nous fait des sacrés journées et on est pas mal interrompus !
Pour la continuité péda, après quelques tâtonnements on a trouvé un planning qui nous convient et approuvé par les instits : pas tout à fait 2h le matin (9h30-12h avec une récré d’1/2h) de math/francais : le plus souvent sur ASP Maif ou sur ENT, et j’ai aussi quelques supports (mots croisés, petits problèmes par exemple) glanés sur internet : les maitres et maitresses ne nous ont pas donné beaucoup d’instructions à part des sites de vidéos éducatives, donc on improvise un peu. En fin de matinée histoire de les défouler, ils font un peu de sport sur la terrasse s’il fait beau, ou du dessin.
L’après-midi ils font « découverte du monde » avec leur père : vidéos éducatives, expériences de chimie, cuisine, jardinage, un peu d’anglais aussi, de l’électronique, de la programmation etc. Bref, plein de choses !
Le mercredi relache, et pour l’instant on arrive à limiter un peu les temps d’écran hors apprentissage. Mais demain soir c’est les vacances, et là ce sera relache pendant 2 semaines !
C’est une belle organisation que vous avez mis en place.
On va relâcher la pression pendant les vacances mais comme il y a un dispositif de « vacances apprenantes » au niveau de l’école et du collège, ils vont quand même travailler un peu pendant ces 15 jours.
Merci pour ce partage de votre organisation. Le mot « sous-régime » a vraiment fait tilt! J’entend énormément parlé (niveau pro) de « mode dégradé ». C’est le cas. Mais pour ma part c’est hyper frustrant…
Comme toi je me lève tôt (5h) pour avancer au calme avant le lever des zouzous (aléatoirement entre 6h30 et 8h…). Ici le casting est: 1 petit de 13 mois, 1 « grand » de 5 ans qui « saute une classe » cette année, 1 mari agriculteur…
On optimise à fond les siestes (aléatoires!) du petit pour y faire les devoirs du grand (qui heureusement adore l’école et travaille à vitesse grand V), et les réunions pour ma part, avec une capacité d’attention assez fluctuante au gré des agissements du/des enfants… Mon mari prend des pauses dej’ plus longues, que j’optimise pour aller bosser au calme…comme certains créneaux du week-end…
On arrive heureusement à « sacraliser » des moments à 4, sinon on passerait notre temps à se croiser grrrr
je rêve de revenir à un monde où je pourrai faire une chose à la fois 🙂 allez, même 2 ou 3, mais des « choses » qui mobilisent la même configuration de cerveau en tout cas 😉
Comme je te comprends ! Allez, on va y arriver, encore un peu de patience !