Comment passer d’un métier de Responsable des Achats à celui de psychopraticienne et formatrice en créant ScommC ?
Quelles sont les étapes pour bien préparer sa reconversion professionnelle ?
C’est ce que je vous propose de découvrir au travers de l’interview de Sandrine DONZEL.
Bonjour,
En quelques mots, pouvez-vous nous dire qui vous êtes et quel est votre parcours ?
Je suis Sandrine Donzel. Aujourd’hui je suis formatrice, psychopraticienne et conférencière.
A la base, j’ai une formation d’ingénieur en mécanique. Je suis arrivée à cette formation un peu par défaut : j’avais de très bonnes notes et « on » (profs, conseillers d’orientation, …) m’a poussée vers une carrière scientifique et un diplôme d’ingénieur « parce qu’il y aurait toujours du boulot ».
J’ai travaillé 15 ans en entreprise comme acheteuse ou responsable des achats. J’aimais bien mon travail mais l’arrivée de mes enfants a pas mal changé mes priorités et m’a fait découvrir un nouveau monde.
Un plan de licenciement économique m’a permis de me reconvertir et de changer de voie.
A quel moment avez-vous décidé de vous lancer dans la création de ScommC et pourquoi avoir fait ce choix ?
Depuis très longtemps – dès le début de la carrière – j’ai eu envie de faire « autre chose « , sans savoir trop quoi. J’avais exploré plusieurs pistes mais rien ne me paraissait faisable.
Et puis après l’arrivée de mes enfants, j’ai commencé à m’investir bénévolement dans des associations de soutien à la parentalité. J’animais des ateliers, des réunions d’échange, … Et quand est arrivée l’occasion de changer de voie, cette activité d’accompagnement s’est imposée presque naturellement. Du moins pour tout mon entourage amical qui m’a vivement encouragée à aller dans ce sens même si moi je n’y croyais pas trop.
Comment avez-vous fait pour passer de l’idée de création au projet ?
Un plan de licenciement économique dans mon entreprise m’a donné l’occasion de me reposer l’occasion d’une reconversion.
Au départ, j’étais partie pour retrouver du travail, éventuellement à temps partiel, et lancer mon activité en parallèle. Mais la consultante qui me suivait dans le cadre de ma reconversion croyait dans mon projet plus que moi et elle m’a beaucoup incitée à me lancer à temps plein.
Avez-vous pu bénéficier d’un accompagnement par une structure pour vous aider dans vos démarches, pour choisir le statut juridique le mieux adapté en fonction de votre activité, vous informer sur les aides à la création d’entreprise pour les femmes ?
J’ai été suivie par un cabinet privé, mandaté par mon entreprise pour accompagner les personnes concernées par le plan de licenciement. Si l’accompagnement était bien sur le plan de la motivation, il avait de grosses lacunes sur le plan de la gestion du projet, construction du business plan, recherche d’aides, etc. Je n’ai eu aucune information sur ce plan et les seules aides dont j’ai eu connaissance sont celles qui étaient fournies par mon ancienne entreprise. Je ne m’en suis rendue compte qu’après coup, au moment où les problèmes liés à ce manque se sont manifestés.
Lors de vos démarches, avez-vous senti qu’être une femme pouvait être un frein à la création d’entreprise ou au contraire un avantage ? Comment cela s’est-il manifesté ?
Je n’ai jamais senti de retours négatifs ou positifs du fait que je suis une femme. Mais je travaille dans un secteur d’activité majoritairement féminin, ceci explique peut-être cela.
La seule chose que j’ai un peu sentie, c’est qu’avoir une démarche marketing et communication active, savoir se vendre en gros – attitude un peu connotée « masculine » – est assez mal perçu dans certains milieux plutôt féminins. J’ai eu le sentiment qu’il faudrait « rester à sa place » et ne pas faire de vagues. Dire qu’on est compétent et qu’on a des choses à proposer, c’est un peu mal vu pour une femme. C’est du moins le sentiment que j’en ai eu à certains moments.
Quelles sont les principales difficultés que vous avez rencontré lors de la création de votre entreprise ?
Ce n’est pas lors de la création que cela s’est manifesté mais plus tard, justement parce que l’accompagnement que j’ai eu n’avait pas abordé l’aspect commercial et business plan et de la façon dont j’allais gérer ça.
Quand l’accompagnement financé par mon ancienne entreprise s’est terminé, je me suis retrouvée très seule et pas forcément armée pour faire vivre mon entreprise correctement.
L’accompagnement n’avait pas abordé les difficultés qui pouvaient se présenter, les points clés à surveiller, notamment sur le plan commercial (gérer son flux d’entrée, faire de la prospection, …).
Je n’avais aucune clé, aucune info pour savoir où m’adresser pour mes questions ni en tant que femme ni en tant qu’entrepreneur.
Ca a été très compliquée et j’ai traversé des moments financièrement et psychologiquement difficiles.
De quoi aviez-vous besoin pour vous lancer dans votre nouvelle activité ?
De très peu de choses sur le plan matériel : un ordinateur, une connexion internet, un téléphone, un cabinet pour recevoir les gens et des salles de formation.
J’ai surtout eu besoin de soutien et de mon réseau pour démarrer et me faire connaitre. Et de beaucoup de courage et de temps 🙂 !
Pouvez-vous nous dire en quoi consiste cette activité ?
Je suis psychopraticienne et formatrice et je travaille sur l’efficacité relationnelle dans la relation à soi et aux autres.
Je suis spécialisée dans la relation parent-enfant, adulte-enfant plus largement. Mais j’accompagne aussi tous types de problématiques personnelles – angoisses, phobies, dépression, stress, confiance en soi … – et relationnelles – couples, travail, …
j’interviens sous différentes formes, en individuel et en collectif (ateliers, conférences, formations, …)
Comment faites-vous pour concilier votre activité professionnelle et votre vie personnelle ?
Ce n’est pas toujours simple car je travaille beaucoup en soirée ou les samedis. J’ai un rythme irrégulier et j’habite dans une campagne où il est impossible de trouver des activités sportives – autres que gym douce – en journée par exemple.
Ca demande donc de l’organisation.
J’essaie de consacrer le plus possible mon temps libre aux enfants, surtout dans les périodes où j’ai été beaucoup absente (à certains moments il m’arrive de ne pas être à la maison 4 soirs sur 5).
Quelles sont les mesures mises en place pour faciliter votre quotidien ?
Mon mari travaille depuis la maison. C’est lui qui récupère les enfants quand je suis absente. heureusement car s’il n’était pas là ou si je devais payer quelqu’un pour garder mes enfants, je ne pourrais pas faire ce que je fais.
Nous nous organisons aussi régulièrement des temps à 2 sans les enfants, des temps seuls chacun de notre côté (l’autre part avec les enfants pour 1 ou plusieurs jours ou simplement on se fait une activité ou une sortie avec des amis sans l’autre).
Nous pouvons aussi compter sur le soutien des grands-parents pour garder les enfants si besoin.
Sans ce soutien et ces relais, je ne sais pas comment je ferais !
Quels conseils pourriez vous donner aux femmes qui souhaitent se lancer dans la création de leur activité ?
Je n’aime pas trop donner des conseils parce que chaque expérience est différente. Mais je pense quand même que chercher un maximum d’infos sur les aides possibles et de soutien avant de se lancer est important. Une fois le nez dans le guidon, on n’a pas toujours le temps ni les moyens de faire les formations ou accompagnements qui seraient nécessaires. Alors qu’au lancement, on a droit à plein de choses mais il faut aller fouiner de partout pour les trouver.
Donc OSER est le maitre mot : oser demander, chercher, oser se vendre, oser faire des choses qui sortent l’ordinaire même si certaines personnes vous freinent.
Si vous avez quelque chose à ajouter, c’est à vous !
Créer une entreprise, c’est comme avoir un enfant supplémentaire. Cela pose beaucoup de questions, ça crée du stress, des contraintes mais aussi beaucoup de plaisir. Ca vaut être compliqué par moments, parfois très stressant et épuisant mais c’est beaucoup de bonheur à la fin.
Merci Sandrine pour toutes ces informations.
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