You are currently viewing L’épuisement maternel ou Burn-out maternel
Illustration Môman Imparfaite

L’épuisement maternel ou Burn-out maternel

Depuis la semaine dernière, de nombreux témoignages sont publiés sur les réseaux sociaux et les blogs parentaux concernant l’épuisement maternel.

Qu’est ce que l’épuisement maternel ? Comment y faire face ? Où trouver de l’aide et du soutien ?

Voilà quelques informations et mises à jours :

Certains matins, vous vous levez plus fatiguée que d’autres, vous traînez des pieds, l’impression que rien ne va. Vous ne supportez pas les caprices, les chamailleries ni les cris de vos enfants. Vous avez envie de pleurer, de hurler, de frapper même parfois.

Vous pensez à vous réfugier ailleurs, partir, vous isoler mais vous êtes rattrapée par la culpabilité. Vous savez, cette petite voix qui vous dit

« Mais non, tu ne peux pas partir voyons, tu ne vas pas baisser les bras pour si peu. Après tout, de quoi de plains-tu ? Tu les as voulu ces enfants alors tu ne peux pas les laisser, il faut que tu assumes... »

Vous avez bien essayé d’en parler autours de vous mais vous avez bien senti les regards et les commentaires plein d’incompréhension : « Ben, ça a toujours été comme ça non ? Pourquoi est-ce que c’est maintenant que tu te plains ??? « . Oui « se plaindre »… Notre entourage n’a pas suivi de formation en psychologie et les qualités d’écoute et d’empathie ne sont pas données à tout le monde. Quand on explique qu’on va mal, on se « plaint » alors on finit par ne plus rien dire…

Petit à petit, vous vous repliez sur vous, vous n’en parlez plus, vous subissez et arrive le jour où rien ne va plus, où vous craquez…

Si vous vous reconnaissez dans ces descriptions, vous êtes sans doute confrontée au Burn-Out maternel autrement appelé épuisement maternel.
Heureusement, le Burn-out maternel est de moins en moins tabou en France même si les médias en ont surtout parlé à la suite d’histoires assez sordides d’infanticides.

La médiatisation de ce syndrome a permis à certaines mères de libérer leur parole, de sortir de l’isolement et même de faire face à ce sentiment de culpabilité.

Parce que oui, oser avouer qu’on en peut plus, que c’est difficile, qu’on ne supporte plus les cris et les pleurs de ses enfants, qu’on est à bout de force dans une société qui nous vend de la « mère parfaite » à tout va, ce n’est pas facile.

épuisement maternel illustration Môman Imparfaite
Illustration Môman Imparfaite – http://www.moman-imparfaite.com/

 

Cela fait un moment que je voulais aborder ce sujet sur mon blog mais je me disais que tout avait déjà été dit, écrit (voir liste des articles en fin de billet).

Et puis, en discutant avec d’autres mamans, en consultant des blogs, je me suis rendue compte que le sujet était encore bien d’actualité et qu’en parler, encore, pouvait permettre à certaines femmes de mettre des mots sur leurs maux, de sortir de ce sentiment de culpabilité qui les envahit et les enferme un peu plus chaque jour dans une situation dont il va être difficile de sortir sans une aide extérieure.

Les signes de l’épuisement maternel ou burn-out maternel 

Ils peuvent revêtir des formes diverses et variées comme j’ai pu le lire ou l’entendre lors des accompagnements avec certaines femmes (* les prénoms ont été changés).

Ainsi pour Carole (*) « Après quelques nuits assez difficiles avec mes enfants, j’avais décidé de faire une sieste le weekend, j’étais épuisée, j’avais besoin de me reposer. Je me suis couchée mais au moment de me lever, je n’ai pas pu, ma tête tournait… Je suis retournée me coucher et je n’ai pas quitté mon lit de la soirée. Le lendemain matin, impossible de me lever, j’avais mal à la tête des nausées. Le seul endroit où je me sentais bien, c’était dans mon lit, au chaud sous ma couette, en position fœtale… Je n’avais plus la force d’en sortir… Ça a duré plus d’une semaine, le médecin était venu me voir me première fois, il a d’abord pensé à un virus puis, quand il est venu une seconde fois, il a prononcé LE mot : dépression…  »

Pour Sylvie (*) , c’était un refuge dans l’hyperactivité :  » Je ne dormais plus parce que je me disais que c’était du temps perdu alors que j’avais tant de choses à faire à la maison. Je ne me reposais plus, j’étais tout le temps en mouvement, il fallait que chaque minute, chaque seconde soit optimisée, ne pas perdre de temps, surtout pas, parce que je ne pouvais pas laisser ma maison sale, pas rangée, le linge non plié, la vaisselle non faite… Si je me couchais en ayant laissé quelque chose traîner, je ne trouvais pas le sommeil alors je me relevais, je rangeais mais il y avait toujours autre chose à faire et mes nuits étaient de plus en plus courtes. Un jour, mon corps a lâché, j’avais perdu trop de poids sans m’en rendre compte, j’avais trop tiré sur la corde et je me suis effondrée... »

Juliette (*) quant à elle avait trouvé d’autres moyens de « tenir le coup » : « Mon travail était déjà une grande source de stress. Arrivée à la maison, je ne supportais plus les cris des enfants, j’en devenais méchante avec eux, je leur criais sans arrêt dessus. La seule chose qui me permettait de mettre de la distance, c’était l’alcool. Je n’avais pas conscience que je craquais. »

Pour Florence (*), ce fut plus progressif :  » Je ne me suis rendue compte de rien. Moi qui suit si coquette, j’ai commencé à ne plus choisir mes vêtements le soir et à mettre les premiers qui me tombaient sous la main, à moins me maquiller, à ne plus aller chez le coiffeur, à prendre du poids… Je me suis complètement laissée aller comme si mon aspect extérieur devait refléter mon mal-être intérieur…  »

Sur la toile, je découvre également des billets très touchants de blogueuses qui témoignent de ce qu’elles ont vécu, traversé, en particulier ceux de Maman Pipelette « L’épuisement maternel, on en parle ?« , Maman Débordée « Dépression et Tutti Quanti« , Maman au bord de la crise de nerf « Burn Out maternel, on s’en sort ! »

Comment se rend-on compte qu’on glisse vers l’épuisement maternel ou burn-out maternel ? Quelle est la différence avec une dépression post-partum ? 

Je vais reprendre ici un extrait de l’interview de Stéphanie Allenou, auteure de « Mère épuisée », en date du 26 avril 2013 parue sur le site so-nantes.com :

 » Il y a ce qu’on appelle les baby blues – cela peut survenir les premiers jours qui suivent la naissance de l’enfant. Ce n’est pas grave du tout, cela passe tout seul. 
Après, il y a la dépression post-partum qui est quelque chose de beaucoup plus sérieux qui se déclenche toujours dans la première année. Dans la majorité des cas, il y a un problème d’attachement, comme si la mère n’avait pas d’instinct maternel. C’est assez étrange pour elle de s’occuper d’un enfant qu’elle ne reconnaît pas forcément comme étant le sien. Dans ce cas-là il faut une vraie prise en charge –  quand cela perdure, ce sont les relations à long terme qui peuvent être en danger. 
L’épuisement maternel, c’est souvent un peu plus tard, donc après la première année. C’est un enchaînement de choses qui fait qu’on passe d’une fatigue passagère à une fatigue chronique et un épuisement. »

Pour Sylviane Giampino, psychologue et spécialiste de la parentalité dans une interview au magasine Parents : « On parle d’épuisement maternel quand les mères ont le sentiment qu’il n’y a plus de coupure entre elles et les contraintes du quotidien. Même si elles investissent la maternité, elles se sentent sous pression du matin jusqu’au soir et ne parviennent plus à récupérer. »

Comment faire pour s’en sortir ?

Dans son article « Burn-out maternel : quelques pistes pour s’en sortir« , Diane Ballonad-Rolland, Consultante en organisation personnelle et en gestion du temps et auteure du blog Zen et Organisée indique :  » Il est difficile de sortir du syndrome d’épuisement maternel seule, sans l’aide d’une personne compétente. Il n’y a aucune honte à accepter de se faire aider quand on en ressent le besoin, bien au contraire.
Si vous sentez que vous n’en êtes pas à ce stade, tant mieux. Néanmoins, il est possible que vous n’en soyez pas loin et qu’il soit nécessaire de prendre les devants. Soyez vigilante : le burn-out s’installe dans votre vie de manière insidieuse, sans faire de bruit. Mieux vaut ne pas lui ouvrir la porte et le laisser à l’extérieur de votre vie

Au travers des différents articles que j’ai lu, les conseils pour s’en sortir sont assez similaires :

– En parler ! Oui, ça semble une évidence mais il ce n’est pas facile pour les raisons déjà évoquées : culpabilité, peur du jugement des autres, sentiment de honte et de dévalorisation de soi…Osez vous confier à votre conjoint, un-e ami-e, vos parents, toute personne en qui vous avez confiance.
– Aller consulter : votre médecin traitant, le pédiatre, le centre de PMI qui pourront vous orienter vers d’autres spécialistes ou structures, des psychologues, sophrologues…
– Savoir accepter toutes les aides qui vous sont proposées : la famille, les ami-e-s, votre conjoint… peuvent prendre les enfants le temps d’un après-midi, d’une soirée, vous proposer de les amener à l’école en même temps que leurs enfants, de faire quelques courses en même temps que les leurs… Tout ce qui pourra alléger votre charge de travail, votre charge mentale, tout ce qui peut vous soulager est bienvenu.
– Prendre du temps pour vous sans culpabiliser : vos enfants peuvent survivre sans vous, cela a déjà été dit et redit alors je vous renvoie à l’article consacré à ce sujet sur le blog 
– Sortir de l’isolement : de plus en plus de structures proposent aux parents de se rencontrer (cafés poussettes, maison des solidarités, lieux d’accueil parents-enfants…) et de nombreux groupes de paroles existent sur Internet.

Diane Ballonad-Rolland conseille également de prendre contact avec des réseaux de soutien à la parentalité tel que l’Ecole des parents 

Stéphanie Allénou a créé sur Facebook des groupes de discussions pour les parents qui ont besoin d’échanger avec d’autres parents. Ces groupes sont en mode secret. Pour y entrer, demander Stéphanie Allenou en « amie » et lui écrire en message privé en précisant votre souhait d’entrer dans le groupe Mère épuisée du département de votre choix.

Lucille, après avoir traversé cette douloureuse expérience, a décidé d’en créer un blog : « Épuisement Maternel« . Elle nous en parlait dans une interview. Vous trouverez également sur ce dernier un espace d’informations et d’échanges.

– Arrêter de vouloir ressembler à l’image de la mère parfaite, relâcher la pression, soyez moins exigeante envers vous même…

Avant d’en arriver là…

Comme vous le savez, ce sont encore les femmes qui ont en charge la plupart des tâches domestiques et l’éducation des enfants (80 %).

Pour les mères actives, la double journée est donc bel et bien une réalité qui peut conduire à l’épuisement soit dans le domaine professionnel, soit dans le domaine personnel.

Ne croyez pas que les mères au foyer soient épargnées par le burn-out maternel, elles en soufrent également et sont même soumises à la double peine du jugement des autres (genre de remarques types  » elles ont fait le choix – ou non – de rester à la maison pour s’occuper des enfants alors pourquoi craquent-elles, elles l’ont voulu… » )

Si le partage des tâches ménagères est une des mesures à mettre en œuvre pour parvenir à l’égalité entre les femmes et les hommes, il en va également de la santé physique et mentale de certaines femmes.
Impliquer le conjoint dans les tâches domestiques c’est se libérer du temps et de certaines contraintes qui bouffent le quotidien.
Si vous en avez les moyens et la possibilité, faire appel à des aides ménagères, des baby-sitter…

Prendre du temps pour soi, sortir de l’isolement, ne pas hésiter à dire quand vous êtes fatiguée, apprendre à déléguer et à déculpabiliser.

Pour aller plus loin :

Quelques articles sur le sujet 

http://www.zen-et-organisee.com/article-burn-out-maternel-quelques-pistes-pour-s-en-sortir-118470573.html

http://so-nantes.com/wordpress/?p=724 avec une interview de l’auteure de « Mère épuisée » Stéphanie Allenou

http://www.psychologies.com/Famille/Etre-parent/Mere/Articles-et-Dossiers/Meres-epuisees-gare-au-burn-out 

http://yahoo.mamantravaille.fr/maman_travaille/2011/03/m%C3%A8re-%C3%A9puis%C3%A9e-st%C3%A9phanie-allenou-t%C3%A9moigne-dans-un-livre-sur-le-burn-out-maternel.html

http://conboudu.com/2014/01/burn-out-parental-maternel-ou-paternel-c-est-%C3%A9quivalent.html

http://www.huffingtonpost.fr/liliane-holstein/la-depression-liee-au-fait-detre-parents_b_5886426.html

Quelques sites :

http://www.ilot-familles.com/epuisement-maternel/

Les ouvrages de références :

– Mère épuisée de Stéphanie Allenou (2011, Editions LLL  – Réédité en livre de poche, 2012, Marabout)
– La fatique émotionnelle et physique des mères – Violaine GUERITAULT – Editions Odile Jacob 2004
–  Lilianne Holstein, Le burn out parental, éditions Josette Lyon

épuisement maternel - Mère épuisée Stéphanie Allenouépuisement maternel - La fatigue émotionnelle et physique des mères - Violaine Guéritaultépuisement maternel - Burn out parental - Liliane Holstein

 

*    *    *    *    *    *    *    *    *    *

Si vous connaissez d’autres sites ou avez d’autres informations à partager, n’hésitez pas, l’espace « commentaire » est à vous ! 

 

Égalimère

Working-mum, pro de l'équilibre vie pro-vie perso, qui culpabilise, râle contre les stéréotypes & les inégalités, aime la vie, les sorties et les voyages.

Cet article vous donne envie de réagir, laissez un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.