L’auto-prélèvement vaginal contre les violences gynécologiques

Vous ne connaissez pas l’auto-prélèvement vaginal ? Rassurez-vous, il m’a fallu attendre d’avoir 53 ans pour le découvrir et me demander pourquoi cela ne m’avait JAMAIS été proposé avant…

Oui, le titre est sans doute un peu exagéré mais c’est ce qu’il ressort dans les commentaires de ma publication du 8 avril sur Instagram sur le sujet (story à la Une « Accord patient.e« ).

Je ne vais pas rédiger tout un article sur l’acte en lui-même, pour cela je vous invite à vous rapprocher de votre médecin.

Mais c’est l’occasion de revenir sur une pratique qui me semble indispensable chez les professionnel.le.s de santé : le recueil du consentement !

Quel est le problème ?

Depuis que je suis gamine, je ne me suis jamais posé la question du consentement médical. Pour moi, tu entres chez un.e médecin, tu expliques ce qui ne va pas, il ou elle dit « on va regarder » et hop, c’est parti !

Tu retires les vêtements qu’il faut pour qu’il ou elle puisse procéder à son examen, il ou elle pose ses mains sur différentes zones de ton corps, son stéthoscope sur ta poitrine et ton dos dénudé, etc.

A la fin de son examen, il ou elle te dit que c’est bon, tu remets tes vêtements, tu écoutes le diagnostic, tu payes et tu t’en vas. Et puis c’est tout. Pas de quoi en faire une histoire. Ça a toujours été comme ça et personne ne s’est jamais plaint de quoi que ce soit.

Oui, c’était vrai, personne n’en parlait. Mais ça, c’était avant.

Avant que je travaille dans le domaine des droits des femmes et la lutte contre les violences sexistes et sexuelles. Mais aussi, avant le mouvement Metoo et toutes ces horribles histoires de viols et agressions sexuelles. La parole s’est libérée et avec elle, les interrogations sur de nombreuses pratiques dont certaines de la part de professionnel.le.s de santé.

Pourquoi parler du consentement des patient.e.s ?

Quand j’ai entendu parler des violences médicales, j’avais surtout en tête les violences gynécologiques.

Toutefois, il existe de nombreuses formes de violences telles que le refus de soins, des remarques sexistes/homophobes/grossophobes et tant d’autres encore…

Je fais le choix dans cet article de ne parler que de celles liées au corps pour essayer de vous faire comprendre pourquoi je trouve que ce consentement du patient est primordial dans la relation de soin.

Mon corps, mon droit

Est-ce que tout le monde entretien un bon rapport avec son corps ? Chacun.e d’entre nous se sent-il ou elle à l’aise lorsqu’il faut retirer ses vêtements pour un examen médical ? Est-ce que l’examen gynécologique n’est pas l’un de ces moments tout particulier pendant lequel on se sent vulnérable ?

Qui n’a jamais été rassuré.e quand un.e médecin demande si ça va ? Si c’est OK pour vous de retirer un vêtement, un sous-vêtement ? D’être prévenu.e de l’acte qui va suivre et de voir votre médecin s’assurer que cette pratique est OK pour vous ?

J’ai découvert cela avec ma généraliste il y a environ 3 ans. Auparavant, comme je vous l’indiquais, je n’avais jamais fait attention à ce recueil de consentement et je vous avoue que j’aurai à présent du mal à changer de type de relation avec un.e médecin ou tout autre professionnel.le de santé.

Et l’auto-prélèvement vaginal dans tout ça ?

J’étais assez triste d’apprendre le départ à la retraite de la gynécologue qui me suivait depuis près de 20 ans. Nous nous entendions bien, elle était drôle, attentive, et toujours très douce dans ses gestes.

Malgré tout, en 20 ans, je ne l’ai jamais entendu me prévenir des actes qu’elle allait faire. Ni me demander si c’était OK qu’elle m’examine avec ses mains ou le spéculum.

Mais hier, j’ai découvert un autre univers dans lequel la patiente est placée au centre des décisions relatives aux actes médicaux.

J’avais rendez-vous avec ma médecin pour un soucis gynécologique. En tout premier lieu, elle a pris soin de recouvrir le bas de mon corps avec un morceau de drap d’examen. Puis, elle m’a expliqué chaque acte qu’elle allait réaliser et attendu que je lui dise qu’elle pouvait pratiquer l’examen.

A la fin, elle m’a proposé de réaliser des analyses vaginales dans un laboratoire. Elle m’a tendu une ordonnance en précisant qu’elle avait indiqué « auto-prélèvement » afin que je puisse procéder moi-même à ce dernier.

Devant mon étonnement, elle m’a indiqué que cela me laissait le choix de le faire. Elle le propose pour permettre aux patient.e.s de se sentir plus à l’aise au moment du prélèvement.

Comment se passe l’auto-prélèvement ?

Pour reprendre le docteur, c’est à peu près le même principe que les autotests covid (pour plus d’informations, parlez-en avec votre médecin).

J’ai donc réalisé le prélèvement moi-même, en suivant les indications du docteur.

Si vous saviez tout ce qui est remonté à mon esprit à ce moment là ! Tous ces frottis, ces examens pelviens lors des grossesses/fausse-couche/après la pose du stérilet…

Toutes ces fois où des professionnel.le.s de santé ont introduit des choses dans mon corps sans s’assurer que j’étais prête pour cela, qu’ils ou elles avaient mon accord pour le faire.

Voilà pourquoi ce titre « l’auto-prélèvement vaginal contre les violences gynécologiques »

Comme pour bon nombre d’entre vous, mon corps a subi toutes ces fois sans que jamais je n’ai pris conscience de l’absence de consentement de ma part. Cela faisait partie du « normal », de l’examen.

Est-ce qu’il y a eu violences gynécologiques ? Quand les examens ont été pratiqués, cette notion n’existait pas. Ou alors nous n’en avions pas connaissance, conscience.

Depuis quelques années, et surtout depuis le mouvement Me Too, il y a eu des avancées dans la lutte contre les violences faites aux femmes. Cela a permis de faire évoluer certaines mentalités, et l’accord des patient.e.s, même s’il n’est pas systématiquement demandé, s’invite dans les cabinets médicaux.

Et puis, ça prend juste quelques secondes de s’assurer du consentement des patient.e.s pour pratiquer des actes. Et je vous assure que cela peut changer beaucoup de choses dans la manière d’appréhender la relation de confiance.

Pourquoi parler de l’auto-prélèvement ?

Tout simplement parce que c’est la première fois que j’en entends parler et que je ne suis pas la seule !

Pourquoi ? Est-ce qu’il est souvent prescrit ? Je n’ai pas encore eu le temps de creuser la question.

Mais si j’en crois les messages que j’ai reçus sur Instagram après avoir publié ma story, il faut croire que non.

Ce qu’il ressort de ces messages :

  • des remerciements pour en avoir parlé
  • certaines ont mal vécu ces types de prélèvement et pensent que le faire elles-mêmes aurait pu éviter des traumatismes,
  • d’autres pensent en faire la demande auprès de leur médecin/gynéco/sage-femme maintenant qu’elles savent que cette pratique peut-être prescrite (pour certains actes, je précise, car d’autres en peuvent être réalisés que par des professionnel.le.s de santé),
  • des prises de conscience sur la manière dont nos corps sont examinés sans se soucier de l’impact psychologique que cela peut avoir.

Voilà pourquoi j’ai voulu en parler un peu plus longuement dans un article, en espérant que cela soit utile aux patient.e.s.

Mais aussi, pour qu’il éveille les consciences auprès des professionnel.le.s de santé qui n’ont pas encore cette pratique.

Égalimère

Working-mum, pro de l'équilibre vie pro-vie perso, qui culpabilise, râle contre les stéréotypes & les inégalités, aime la vie, les sorties et les voyages.

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