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Confinement et running

Voilà bien un sujet qui a beaucoup fait parler pendant le confinement. Très honnêtement, je ne m’attendais pas du tout à un tel déferlement d’insultes sur les réseaux sociaux envers les personnes qui allaient courir. Je ne m’attendais pas non plus à ce cela me fasse autant culpabiliser d’avoir mis mes baskets pour aller faire du sport. Et donc, arrêter le running pendant toute la durée du confinement…

Attestation de sortie dérogatoire pour la pratique d’une activité sportive

Quand j’ai appris que le gouvernement autorisait la pratique d’une activité sportive à l’extérieur de son domicile, je ne me suis pas posé trop de question. J’ai rempli mon attestation et je suis allée courir.

Comme à mon habitude, je suis partie à 6 h 15, dans des rues encore peu fréquentées. Vers la fin de mon parcours, il y a un petit espace vert qui, à cette heure matinale, est souvent désert. C’est l’endroit que je préfère pendant ma course, ma petite récompense.

L’image contient peut-être : arbre, plante, ciel, plein air et nature

Mais là, je n’y suis pas allée parce que je respectais la distance de 1 km autour de mon domicile. Bon, j’avoue, j’ai du dépasser de 300 mètres pour aller au bout de la rue et traverser sur un passage piéton. J’ai tenu à faire la distance habituelle pour avoir des éléments de comparaison avec les précédentes courses.

De retour à la maison, je partage ma « performance » sur les réseaux sociaux.

Est-ce narcissique ? Non, cela permet à celles et ceux qui se sont mises à courir en même temps que moi il y a 3 ou 4 ans maintenant de trouver de la motivation. On salue les performances des un.e.s et des autres, on encourage quand il y a un coup de mou, on soutient quand la blessure empêche la course.

Et puis, tout d’un coup, quelques messages : « irresponsable », « comme tous les cons de coureurs », « tu répands le virus quand tu es essoufflée, c’est débile d’aller courir »… Wow, wow, wow, attendez 2 minutes les gens, qu’est-ce qui se passe ? C’est autorisé non ? Je respecte la distanciation sociale, je n’ai croisé quasiment personne alors on se calme et on discute avant d’insulter les autres non ???

Un petit tour sur les réseaux sociaux plus tard

Comme la plupart d’entre vous sans doute, quand je me fais traiter d’irresponsable, je m’interroge. Pourquoi est-ce que ma conduite serait irresponsable alors que le gouvernement autorise la pratique d’une activité sportive à l’extérieur ?

Il ne m’a pas fallu très longtemps avant de comprendre les raisons de la colère : l’affluence de coureurs et coureuses dans les rues des grandes villes !

Ce qui leur est reproché, ce n’est pas vraiment la course à pied mais le non respect de la distanciation sociale. La trop grande proportion de personnes qui se sont mises à courir dans les rues également. Mais aussi, la crainte des crachats au sol et de la propagation du virus par la transpiration et l’expiration.

Être en accord avec sa conscience

Je ne me sentais pas du tout dans la catégorie de « tous ces connards de coureurs » puisque, comme expliqué plus haut, je pensais bien faire les choses.

Et pourtant, je me suis sentie concernée par ces insultes, ces reproches, ces envie de certaines personnes d’aller « péter les genoux des coureurs »…

Pendant une semaine, je ne suis pas allée courir et tous les jours ou presque, j’ai vu passer des publications sur les « connards de coureurs »., ces « irresponsables »…

Mais, enfermée toute la journée à la maison, en télétravail, avec les enfants et leur continuité pédagogique, la bouffe à préparer, nettoyer la maison, le linge… j’avais absolument besoin de me dépenser.

Télétravail et continuité pédagogique

Je trouve dans le running de quoi me vider la tête et me shooter à l’endorphine ce qui me procure une sensation de bien-être que je ne trouve pas dans d’autres sports.

Mais là, alors qu’un matin j’étais sur le point de sortir, j’ai refermé la porte de la maison et je n’y suis pas allée.

Les reproches, les insultes, les menaces… avaient eu raison de ma motivation.

J’étais pourtant en accord avec ma conscience comme d’autres ont pu l’être en ayant des pratiques que je trouvais beaucoup plus sujettes à propagation du virus.

Et voilà donc le soucis. Ce que je trouvais comme étant une conduite à risque (exemple : courir l’équivalent de ma distance de course en montant et descendant les escaliers des immeubles collectifs) ne l’était pas pour tout le monde. Et ma conduite était aussi jugée à risque pour d’autres personnes.

En l’absence d’études, de données fiables, difficile pour les un.e.s et les autres quelle était la bonne attitude à adopter pour pratiquer le running.

Pause running forcée pendant le confinement

J’avais très envie d’aller courir mais j’ai donc refermé la porte de la maison. D’un côté, il y avait cette certitude que je faisais les choses correctement, dans le respect des distanciations sociales, à une heure où les rues sont peu fréquentées. D’un autre côté, il y avait cette idée que non, même si c’est autorisé par le gouvernement, ce n’est pas bien, il ne faut pas y aller sinon je risque de me faire insulter ou « péter les genoux ».

C’est donc à contrecœur et encore pleine d’interrogations que j’ai pris la décision de ne pas y aller pendant le confinement. J’ai cherché une vidéo « cardio boxing » sur Youtube. J’ai enchaîné les mouvements, j’ai soufflé, j’ai transpiré, j’ai dit des gros mots parce que c’était duuuuuuur.

A la fin de la séance, je me sentais bien. Pas de la même manière qu’après une course mais elle avait au moins eu le mérite de me défouler.

C’est ainsi que j’ai enchaîné tous les 2 ou 3 jours des séances « cardio hiit » « hiit ceci », « cardio cela ». J’ai changé de coach en fonction de mon humeur et de mes courbatures.

Déconfinement et reprise du running

Et puis, le 11 mai est arrivé. Nous étions déconfiné.e.s. Finies les attestations, finies les restrictions à 1 km autour de son domicile.

Malgré tout, j’ai attendu encore quelques jours avant de remettre mes baskets et m’élancer dans la rue. J’avais besoin de tâter le terrain des réactions sur les réseaux sociaux pour savoir à quoi m’attendre dans la rue.

Les « connards de coureurs  » ont laissé la place à « connards de parisiens qui s’entassent sur les quai de Seine » ou « connards de parisiens qui se ruent dans les campagnes à moins de 100 km de chez eux ».

Pour le coup, je me suis sentie beaucoup moins concernée puisque nous n’avons pas changé nos habitudes du jour au lendemain après le 11 mai.

Mise en jambe en famille

La première fois que je suis allée courir, c’était avec mon fils qui n’a pratiquement pas fait de sport depuis le début du confinement.

Nous avons emprunté des rues peu fréquentées, nous nous sommes écartés quand nous croisions des gens, l’inverse n’étant pas vrai. Mais comme nous étions susceptibles d’être encore dans la catégorie « connards de coureurs », je tenais à nous montrer « exemplaires ».

Nous n’avons pas couru longtemps mais cela a suffit à faire réapparaître les courbatures.

Retrouver cette sensation de bien-être et de liberté post confinement

Et puis, un jeudi matin férié, je me suis levée tôt. J’ai enfilé mes chaussures et je me suis élancée dans la rue. J’ai retrouvé mon parcours et ce petit coin de verdure qui m’avait beaucoup manqué.

Je n’ai croisé que peu de monde et nous nous écartions à chaque fois, le regard entendu.

Et j’ai kiffé ! Oh oui, qu’est-ce que j’ai aimé retrouver ces sensations, ce bien-être, ce sentiment de liberté.

Au retour, j’ai publié mon temps sur les réseaux sociaux et là… Rien. Enfin, si, j’ai retrouvé les commentaires bienveillants de mes ami.e.s de course qui reprennent petit à petit leur activité pour leur plus grand plaisir. Avec ce sentiment d’avoir retrouvé une sorte de légitimité à reprendre nos activités même si elles n’ont jamais été interdites dans les textes.

Égalimère

Working-mum, pro de l'équilibre vie pro-vie perso, qui culpabilise, râle contre les stéréotypes & les inégalités, aime la vie, les sorties et les voyages.

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