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Le ptit préma devenu ptit trauma d’un jour

Dimanche matin, le réveil sonne à 6 heures pour la compétition de judo de Loulou. En me levant, je suis loin de m’imaginer comme cette journée va être longue et éprouvante. Bien loin de me douter que j’entendrai parler de ptit trauma à propos de mon fils…

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La compétition de judo

Nous arrivons vers 8 h 10 au gymnase où se déroule la compétition. Les premiers participants commencent à arriver, ils vont se changer, passent se peser. L’ambiance est légère est détendue même si les regards sont fatigués par des réveils trop matinaux pour un dimanche.

Loulou revient de sa pesée un peu dépité. Lors de la dernière compétition, il avait pu combattre dans la catégorie des moins de 46 kilos. Là, il lui faudrait perdre 300 grs pour être dans la même catégorie. Suivant les conseils donnés par l’organisateur, Loulou se rend dans le city stade à proximité et enchaîne les tours de terrain. Au bout de 20 minutes, il retourne se peser. Et là, catastrophe, il monte sur la 2ème balance qui indique 47,5 kilos. Il manifeste auprès de l’organisateur le changement de poids entre les 2 balances mais rien à faire, il combattra avec les moins de 50 kilos.

Là, je sens que la pression monte chez mon fils. Il manque de confiance en lui. Combattre contre des plus lourds lui fait craindre de tomber contre des « plus forts que lui ». Je le connais et je sens qu’il part vaincu. Nous rencontrons son professeur de judo à ce moment là. Il comprend que Loulou soit inquiet face à des combattants plus lourds mais le rassure. Il lui indique qu’il a toutes les capacités pour mener ces combats, que tout ne repose pas sur la force physique mais beaucoup sur la technique. Et puis, pour lui, l’essentiel est que Loulou prenne du plaisir dans ses combats. S’il gagne, c’est bien mais s’il perd, il apprendra quelque chose.

Les premiers combats commencent vers 9 h 50.

Une centaine d’enfants sont inscrits et je me dis qu’encore une fois, Loulou passera dans les derniers. Nous nous installons dans les gradins et regardons les premiers combats. Certains enfants sont très combatifs et viennent là pour gagner. Je trouve que quelques combats sont vraiment « agressifs » mais je me garde bien de le dire.

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10 h 50, Loulou est enfin appelé sur le tatami. Le premier combat est assez équilibré, il tente quelques prises mais se fait contrer et bam, ippon contre lui.

Je vois à sa mine déconfite qu’il n’est pas satisfait de son combat alors j’espère secrètement qu’il gagnera le suivant.

Deuxième combat et arrêt pour blessure

Le deuxième combat est très équilibré également. Loulou réussi quelques prises, son adversaire également. Il reste 15 secondes de combat lorsque son adversaire le met au sol, sur le dos et s’appuie sur lui pour le maintenir. L’arbitre met fin à la prise mais Loulou reste au sol en se tenant l’arrière de la tête. L’adversaire et l’arbitre s’approchent pour lui parler. Je n’entend rien, je suis trop loin dans les tribunes des spectateurs. Mais quand l’arbitre crie « Médecin !!! », je comprends que Loulou s’est fait mal, qu’il ne s’agit pas d’un simple choc contre le tapis.

Une secouriste arrive et prend en charge Loulou. Il arrive à se mettre debout alors elle l’amène à l’abris des regards pour des examens complémentaires. Le prof de judo de Loulou me fait signe qu’il l’accompagne alors je reste dans les gradins et j’attends.

A ce moment là, je ne suis pas du tout inquiète. Je pense que mon fils est un peu sonné par la prise mais qu’il va vite reprendre les combats. J’ai un peu l’habitude de ce genre de choses. Cela lui arrive fréquemment de mal se réceptionner, d’avoir mal, de reprendre son souffle mais de retourner « au charbon ».

Les minutes défilent et je commence malgré tout à m’inquiéter.

La secouriste va voir le prof et ensemble, ils me cherchent du regard puis me font signe de venir.

Lorsque j’arrive au niveau du poste de soin, je vois mon fils avec un collier de maintien cervical autour de son cou. Il est un peu pâle et il a le regard dans le vide.

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La secouriste m’explique qu’il n’y a rien d’inquiétant si ce n’est une perte de sensibilité à l’extrémité de ses doigts. Par mesure de précaution, elle préfère le garder quelques instants. 10 minutes s’écoulent, Loulou ne récupère pas la sensibilité au bout des doigts. Elle décide donc d’appeler les pompiers pour leur demander leur avis, savoir si je peux amener Loulou aux urgences ou s’ils l’évacuent.

Évacuation par les pompiers

Les pompiers lui donnent quelques indications, notamment sur la manière d’installer Loulou en attendant leur arrivée. La secouriste me rassure. Elle pense que ce n’est pas grand chose mais s’agissant des cervicales sur un enfant, ils ne veulent prendre aucun risque.

L’équipe de pompiers arrive rapidement. Pendant qu’un pompier prends les constantes, un autre examine Loulou, l’interroge, lui fait serrer les mains. A la fin de l’examen, ils décident de l’évacuer vers l’hôpital le plus proche. Ils installent Loulou dans une coque gonflable puis sur la civière. Même si je sais que mon fils n’a pas mal, qu’il n’y a sans doute rien de grave, ça me fiche un coup de le voir partir comme ça.

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Je le suis jusqu’au camion où les pompiers attendent la confirmation de leur destination. Lorsque les portes du camion se referment et qu’il s’éloigne en lançant sa sirène, les larmes me montent aux yeux. Je ne contrôle pas trop mes émotions même si je sais que ce n’est pas grave. La secouriste vient vers moi et me donne son numéro de téléphone. Elle me rassure une nouvelle fois en me disant que c’est certainement une entorse au niveau des cervicales et que ça passera vite. Je promets de la rappeler dès que j’en saurai plus et je rejoins la voiture direction les urgences.

Et l’attente commence aux urgences

J’arrive assez rapidement aux urgences et me présente à l’accueil. La personne chargée de l’accueil demande à sa collègue « Le ptit trauma qui est venu avec les pompiers il en est où ?« . Sa collègue désigne la salle derrière elle et m’indique comment y aller. Là, je retrouve mon fils toujours en compagnie des pompiers. Ils terminent de faire les transmissions à un médecin présent puis repartent en nous souhaitant une bonne journée. Le médecin procède à un examen rapide, donne quelques indications à l’infirmier et retourne à ses consultations.

L’infirmier prend les constantes, rempli une fiche qu’il dépose dans une bannette et part à son tour.

Loulou est toujours installé sur un brancard. Cela fait maintenant 2 heures qu’il est allongé avec le collier de maintien qui commence à le gêner.

Au bout de 30 minutes, nous sommes toujours en train d’attendre. Personne ne nous dit rien parce qu’il y a beaucoup de monde en ce dimanche aux urgences et que les consultations s’enchaînent.

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On voit défiler d’autres parents avec des enfants en pleurs, des grimaces de douleur.

Quand l’infirmier a fini de remplir une fiche, je le vois la déposer dans une bannette. Il y a différentes bannettes accrochées les unes au dessus des autres, de plusieurs couleurs. Là, je comprends que les fiches sont rangées par ordre d’urgence dans telle ou telle bannette. Celle de Loulou est en bas : non prioritaire. Je suis soulagée parce que cela signifie que Loulou va bien, que ses cervicales ne sont pas endommagées. Mais je comprends aussi que nous ne passerons en salle d’examen qu’une fois que toutes les urgences seront traitées.

Je l’explique à mon fils qui pousse un gros soupir. Il en a marre, il a faim, il veut se relever. J’interpelle l’infirmier entre deux portes et lui demande si Loulou peut s’asseoir et manger. Réponse négative, il ne bouge pas tant qu’il n’a pas été examiné. Il est 14 h 30, cela fait plus de 2 heures que nous patientons.

Le Ptit Trauma va bien

De temps en temps, une personne arrive, prend les fiches, interroge l’infirmier. J’entends quelques fois « Le ptit trauma » et cela fini par me faire sourire. Parce que ce ptit trauma de 11 ans 1/2; je l’ai appelé « mon ptit préma » pendant quelques années. Oui, encore maintenant j’ai tendance à dire « mon ptit préma » même s’il me dépasse bientôt.

Nous patientons encore près d’une heure et demi quand enfin, nous passons en salle d’examen. Nous voyons passer le médecin d’une salle d’examen à une autre, des enfants partir pour une radio ou rentrer chez eux.

Lorsque Loulou est enfin examiné, il peut se mettre assis. Le médecin retire le collier de maintien, demande à Loulou de tourner la tête à droite, gauche, en haut, en bas. Quelques palpations au niveau de la nuque, des épaules et le verdict tombe : une entorse cervicale, une minerve à porter 4 jours, pas de sport pendant 10 jours, antidouleur si nécessaire.

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Il est 16 heures quand nous quittons l’hôpital. Je trouve un sachet de biscuit au fond du sac de sport de Loulou et je lui donne à manger. Je n’ai même plus faim, juste envie de rentrer chez moi.

Après le trauma, la reconnaissance

Nous mettons un peu plus de 40 minutes à rejoindre la maison où nous retrouvons Egalipère et Ti’Loulou. Ils nous ont préparé à manger et sont soulagés de voir que tout va bien.

Je rappelle comme promis la secouriste pour lui donner des nouvelles et la remercier. Non seulement elle pris soin de mon fils mais elle était à mon écoute et n’a cessé de me rassurer.

J’appelle également le professeur de judo qui est à son tour rassuré.

Je n’ai pas pu appeler les pompiers mais eux aussi, j’avais envie de les remercier et presque de m’excuser. Lorsqu’ils sont arrivés, je ne savais pas ce qu’avait mon fils. Maintenant que je sais qu’il s’agit d’une entorse, je me dis qu’ils sont venus « pour rien » ou pas grand chose au final. J’en suis mal à l’aise parce qu’ils auraient sans doute été plus utiles ailleurs. Mais c’est la procédure alors je n’ai qu’à être reconnaissante pour leur prise en charge.

Enfin, les urgences. On dira ce qu’on voudra mais oui, l’attente est longue et c’est chiant. Mais nous avons vu passer une petite fille de 2 ans avec le poignet cassé, un enfant qui avait fait une chute à vélo… Nous avons vu des parents inquiets et certains qui pleuraient en voyant leur enfant souffrir. Malgré tout, les personnes qui travaillent dans ce service sont à l’écoute de chaque parent, de chaque enfant. Elles font au mieux même si ce n’est pas facile. Alors merci à vous qui étiez là un dimanche comme tant d’autres jours.

Bonhommecoeur Ti'Loulou

Loulou va bien, pas de trauma mais des histoires à raconter

Le soir venu, j’ai bien senti toute la pression de la journée retomber. J’étais lessivée et je n’étais pas la seule.

Le lendemain, Loulou s’est levé avec un terrible mal de ventre. Il a été pris de spasmes si fort qu’il en a vomit. Je l’ai conduit chez le médecin qui n’a pas pu conclure entre une gastro et le contrecoup de cette histoire.

Loulou est resté à la maison, il a dormi une bonne partie de la journée, il n’a rien mangé. Le soir venu, il a repris des couleurs et retrouvé son appétit. Il lui a sans doute fallu un peu de temps pour digérer ces événements.

Lorsqu’il retrouvera ses copains, il ne parlera pas de ses combats, ni de trauma, ni de l’attente aux urgences. Tout ce dont il parlera, ça sera d’avoir été évacué par les pompiers, d’être monté dans le camion avec la sirène et d’avoir pu échanger avec eux.

Depuis très longtemps, Loulou est attiré par ce métier, il a envie d’aider les autres, de les protéger, les secourir. Alors peut-être que dans quelques années, au détour d’une compétition du judo, vous entendrez un pompier raconter à un petit garçon ou une petite fille blessé·e son histoire du ptit préma appelé ptit trauma le temps d’une journée…

Compétition de judo podium Loulou

Égalimère

Working-mum, pro de l'équilibre vie pro-vie perso, qui culpabilise, râle contre les stéréotypes & les inégalités, aime la vie, les sorties et les voyages.

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