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La femme avant la mère ?

Il y a les mères parfaites (ou qui se revendiquent comme telles) d’un côté et les mères imparfaites (ou qui se revendiquent comme telles de l’autre). Au centre de leurs préoccupations, leurs enfants. Elles sont « mères » et quelque soit le clan choisi, elles se définissent comme telles (cela doit fonctionner de la même manière avec les pères mais je ne vais pas m’étendre sur ce sujet aujourd’hui). A côté d’elles ou un peu plus loin, dans une espace de nogroupedemèreland, il y moi, il y a peut-être vous aussi. N’avez-vous jamais eu ce sentiment d’être un peu en marge de ces autres « mères » lorsque vous revendiquez votre statut de femme avant celui de maman ?

Egalimère

Femme, être une femme… 

Cette réflexion m’est venue après un déjeuner-blogueuses organisé par Boirons. Lorsque nous sommes arrivées, après les présentations d’usage, l’animatrice nous a proposé de choisir une, deux ou trois photos pour nous présenter. Je choisis donc deux photos : une qui représente mon blog et les sujets que j’aborde, l’autre qui me représente.

Chacune montre au groupe ses images à tour de rôle. Je crois bien que, de la quasi-totalité des participantes, je dois être la seule à ne pas avoir choisi une image représentant des enfants ou une famille. Dans les discours des autres, j’entends « Je m’appelle Joliprénomtoutdoux, je suis maman de 2-3-4-5… enfants, et je tiens un blog qui parle de ma vie de maman ou de mon organisation de maman ou de mes activités avec mes enfants…« .  Lorsque je me suis présentée aux autres, j’ai montré une première image qui représente pour moi l’égalité, thème que j’aborde sur mon blog.

Mains entrecroisées - source inconnue

La seconde image est celle d’une femme qui lève les bras. Elle représente pour moi la femme libérée, émancipée. Cela correspond à ce que j’aspire à être et aux sujets que j’aborde également sur le blog lorsque je parle de l’autonomie des femmes par le travail, au droit à disposer de son corps

Nous avons ensuite assisté à la présentation d’un complément alimentaire sur un format quizz très participatif et avons échangés sur nos impressions. A la fin de la réunion, l’animatrice nous demande quels thèmes nous souhaiterions aborder lors d’une prochaine rencontre. Elles sont quelques unes à s’intéresser aux maladies infantiles, à la prévention de la santé des nourrissons et jeunes enfants. Et moi ? J’ai demandé un thème qui me concerne MOI : les troubles gynécologiques chez la femme et la ménopause (du glamour en puissance !).

Après cette petite parenthèse dans ma journée, des remerciements et les bisous, je m’en suis retournée à ma vie de femme active. J’ai apprécié ce moment, très sincèrement. J’ai aimé rencontré les autres blogueuses, échanger avec elles et les animatrices. J’ai eu envie d’aller découvrir leurs univers au travers de leurs blogs.

Ce n’est que le soir, lorsque j’ai commencé à parler de cette rencontre avec mon cher et tendre que ça m’a sauté aux yeux. Bon sang !!! Je n’ai pas parlé de mes enfants !!! Je n’ai parlé que de moi, de ma fatigue, de ma thyroïde, de mon activité… Mais à aucun moment (ou presque) je n’ai parlé de mes enfants alors que les autres, oui…

Alors oui, c’était un rendez-vous avec les blogueuses dites « parentales » et c’est donc le jeu de se présenter en tant que maman et de parler de ses enfants. Peut-être que toutes les personnes présentes avaient des enfants plus jeunes que les miens mais quand même, ça m’a questionnée…

Passer de femme à mère  

Oui, ça m’a questionnée. Après tout, je suis la mère de deux merveilleux enfants (en toute objectivité bien sûr), bien élevés (polis et respectueux des autres la plupart du temps), propres (ils ne portent plus de couches à 9 ans et 6 ans ce qui peut signifier « propres » si on ne regarde pas sous la table après les repas), qui travaillent bien à l’école (ouf !), rangent leur chambre (de temps en temps), font leurs devoirs (parfois sans râler), pratiquent des activités sportives en plus du conservatoire…

Illustration @It's a mum's life
Illustration @It’s a mum’s life

Certes, mon rapport avec la maternité a été un peu particulier. J’étais tellement persuadée que je n’aurai jamais d’enfant que j’avais mis des tonnes de plâtre sur mon désir. Pour me protéger, mon esprit avait bien fait les choses en refusant toute sorte d’affection que je pouvais avoir pour des enfants. Encore pardon à mes chers neveux que j’aime très fort de n’avoir pas été la marraine qui fait des bisous et gros câlins quand vous étiez petits…

Ma vie a pris un autre tournant (libéréééé, délivrééé…) et avec cet amour naissant et grandissant est venu le désir d’avoir des enfants. Enfin, un pour commencer. Il a d’abord fallu que je conditionne mon cerveau après 15 ans de déni sur la possibilité de maternité.

J’ai été mère à 36 ans mais le chemin a été long et semé d’embûches : un an d’essais, une fausse couche, encore de longs mois d’essai et pour finir, un bébé prématuré. Mais je crois en la force du destin. Mon corps n’était pas prêt pour accueillir ce premier embryon. Faire naître Loulou avant, c’était sans doute faire naître en moi plus rapidement cet amour inconditionnel et cette envie de le protéger. Deux ans et demi-après, à presque 40 ans, nous accueillions au sein de notre foyer ce petit frère.

Nous étions désormais une famille, un tout mais également une somme d’individualités, de personnalités.

Egalifamily

Renoncer à ma vie de femme au profit de la mère ?

Mes enfants, je les aime. Parfois trop. Parfois pas assez. J’aime passer du temps avec eux et les entendre rire. Quand je les regarde grandir un peu plus chaque jour et gagner en autonomie, je me dis qu’il faut que j’en profite parce qu’un jour, ils quitteront la maison

C’est paradoxal de vouloir en profiter au maximum et d’avoir fait le choix de continuer à travailler non ? Et pourtant, c’est ce que j’ai fait. Je n’ai pas pensé à mon avenir sans eux, je ne me suis pas projetée dans le futur, j’ai juste repris le cours de MA vie. Je sais bien qu’ils ne seront pas toujours à mes côtés même s’ils seront toujours présents d’une manière ou d’une autre dans ma vie. Toutefois, cette question demeure : si j’avais consacré toute ma vie à leur bonheur et leur éducation, ne risquerais-je pas de me retrouver bien seule et malheureuse quand viendra le jour de leur envol ???

Je me rends compte que cette phrase peut me faire passer pour une égoïste et risque de faire réagir les personnes qui ont fait le choix de se consacrer à l’éducation de leurs enfants. Je parle ici de mon ressenti et en aucun cas de jugement bien ou mal pensant de ce que font les autres !

Travailler, avoir des activités associatives et sportives sont nécessaires à mon équilibre. J’ai besoin de ces petites bulles d’oxygène, de ces petits temps à moi et rien qu’à moi. J’aime ces moments qui m’appartiennent et pendant lesquels je ne suis pas « la Maman » mais la copine, la sœur, la confidente, la collègue, la salariée… Ces moments où je suis tout simplement moi. Ces moments où je me sens femme à part entière !

Concilier les deux ou les combiner ?

A quel moment suis-je la femme, à quel moment suis-je la mère ? Je suis l’une et l’autre, tout le temps, bien sûr. Je n’ai rien à concilier, simplement des postures à adopter. Et je m’en rends compte chaque jour qui passe, en fonction des endroits et des personnes avec lesquelles je me trouve.

Quand je suis dans un cadre professionnel, je suis la femme qui mène la discussion, celle qui guide et conseille, celle qui écoute, celle qui gère les projets…

Quand j’accompagne une sortie scolaire, je suis la mère, celle qui donne la main (les mains !), qui remet les blousons des autres enfants, qui s’assure qu’ils mangent bien et ne se blessent pas…

Quand je suis avec mon amoureux, je suis celle qui voit la petite lumière au fond de ses yeux, celle qui devine les fragilités derrière le mur, celle qui soutient, celle qui avance avec lui main dans la main…

Quand je suis avec mes enfants, je suis la mère, celle qui aime, celle qui protège, celle qui éduque, celle qui rigole, celle qui gronde, celle qui enlace et sent son cœur exploser dans sa poitrine…

Voilà, je suis tout ça à la fois même si je me sens avant tout être une femme ! Une femme qui a donné la vie et en mesure le bonheur chaque jour, même si elle ne le crie pas haut et fort…

Silent Sunday 5 - Précieux moment

 

Signature Egalimère

Égalimère

Working-mum, pro de l'équilibre vie pro-vie perso, qui culpabilise, râle contre les stéréotypes & les inégalités, aime la vie, les sorties et les voyages.

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