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Crédit Photo @Egalimère

Lutter contre les stéréotypes filles-garçons ?

Mercredi 10 juin matin, j’ai assisté à une vente privée Ribamb’Elles organisée par Esprit Mamans.

J’ai un faible pour ces créations sur mesure. J’ai pu les découvrir via différentes rencontres avec Sandrine (co-créatrice de Ribamb’elles avec Sandra) lors d’un atelier customisation de bodys pour We Love Préma. Sandrine a depuis créé Apprentis Créateurs).

Les créations de ces tours de lit, coussins, couvertures, gigoteuses… étant sur mesure, nous en sommes venues à parler du choix des parents sur les motifs et les couleurs. Et forcément, lorsque je suis lancée sur le sujet, je ne peux m’empêcher d’aborder la question des stéréotypes et celle l’égalité entre les filles et les garçons.

Pourquoi ? Parce qu’il est encore difficile pour certains parents de comprendre en quoi l’éducation qu’ils vont donner à leur enfant pourra avoir une influence dans sa vie personnelle et professionnelle.

Loin de moi l’idée de nier les différences entre les filles et les garçons – faut-il rappeler que le contraire d’égalité c’est inégalité et non différence – mais la question était posée :

Comment faire dans la vie de tous les jours pour lutter contre les stéréotypes qui enferment les petites filles et les petits garçons dans des rôles sociaux ?

Si la sensibilisation était facile et portait rapidement ses fruits, de nombreuses actions n’auraient plus lieu d’être et mon blog se tournerait vers des sujets davantage liés à la parentalité, aux loisirs, aux voyages… Mais non, il reste encore beaucoup de choses à faire tellement les stéréotypes ont la vie dure.

Pendant la grossesse :

Je prendrai un exemple et je vais grossir le trait pour montrer que tout cela est bien ancré dans nos mentalités (et bien renforcé par les stratégies marketing) : vous attendez un enfant et vous envisagez d’aménager sa chambre. Dans les premiers mois de grossesse, vous avez du mal à vous projeter dans la décoration, vous imaginez bien quelques motifs avec des animaux de la savane ou de la forêt, du papier peint jaune ou vert, des rideaux blancs…

Et puis vient le moment de l’échographie qui vous permet de connaître, si vous le souhaitez, le sexe de votre enfant. Presque du jour au lendemain, la décoration de la chambre devient bien plus claire dans votre esprit : du rose, des princesses, des fées, des fleurs ou des papillons s’il s’agit d’une fille, du bleu, des chevaliers et des dragons ou des pirates s’il s’agit d’un garçon.

Il en va de même pour les vêtements de votre futur bébé et de ses doudous, tétines, biberons et là, oui, on peut reparler du marketing genré qui vous propose le même modèle de gigoteuse/doudou/biberon/tétine en rose et en bleu

Maintenant que vous connaissez le sexe de votre enfant et qu’il se met à bouger dans le ventre maternel, que ressentez-vous ???  « Oh là là, la coquine, qu’est ce qu’elle bouge, une vraie danseuse ! » ou « Oh là là, le coquin, qu’est-ce qu’il est fort quand il donne des coups de pied, il fera du rugby comme papa ! »… Avant même de pouvoir serrer votre enfant dans vos bras, vous commencez à lui attribuer des qualités et envisagez pour lui un avenir professionnel, sportif, culturel.

Vous ne vous en rendez pas compte mais c’est à ce moment là que vous commencez à attribuer un rôle social à votre enfant en fonction de son sexe (encore une fois, je généralise, cela ne se passe pas comme ça pour tout le monde).

A la naissance de votre enfant :

Votre enfant est enfin là, après ces mois passé à l’imaginer, à l’attendre… Dès ses premiers jours de vie, l’entourage va agir différemment avec lui selon qu’il soit garçon ou fille.

Prenons l’exemple des premiers pleurs et là, je ne vais pas vous refaire la même démonstration mais vous renvoyer à l’étude dont je parlais dans le billet « Tu seras une femme, mon fils ! »

Campagne lutte contre les stéréotypes ville de Genève
Photo : campagne « Moins de clichés, plus de liberté » – Ville de Genève

Votre enfant grandit, commence à prendre en main des objets, à les manipuler. Que font la plupart des parents en achetant les jouets premier âge ??? Voilà, des petites voitures pour les garçons, des poupées pour les filles… Mais là encore, nous sommes « guidés » dans nos recherches sur les sites de vente en ligne et dans les magasins de jouets où la différence « fille » et « garçon » est clairement marquée (couleurs, nature des jeux…).

Puis, les premiers pas et les « Attention ma chérie, tu vas de faire mal » ou les « Allez, continues, ce n’est pas la première chute ni la dernière que tu feras mon fils ! »…

Campagne lutte contre les stéréotypes ville de Genève
Photo : campagne « Moins de clichés, plus de liberté » – Ville de Genève

Pendant la petite enfance :

Dès le plus jeune âge, on inculque à nos enfants que les petites filles sont mignonnes et fragiles et que les garçons sont forts et courageux. On encourage les petits garçons à découvrir le monde extérieur au travers des jeux de ballons, trottinette, skate… qu’on leur propose tandis que les petites filles se voient proposer des activités plus calmes telles que la lecture, la dînette, les perles…

On retrouve les mêmes stéréotypes dans les livres pour enfants où les petites filles « jouent à » là où les garçons sont ou ont :

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Autre différence, lorsque vous pensez qu’il serait bien pour votre enfant d’avoir une activité sportive. Inscrire votre fille au rugby et votre fils à la danse ne sera pas votre premier choix, à moins que votre enfant en ait fait la demande ou que vous même ayez déjà pratiqué ces disciplines…

Et plus tard encore…

Plus tard, quand vient le choix de l’orientation scolaire, combien de parents et de professeur-e-s pensent encore que les garçons ont davantage de facilités avec les mathématiques et les sciences alors que les filles sont davantage attirées par les matières littéraires ?

Une fois diplômé-e-s, les filles et les garçons partent à la quête du premier emploi et commencent leurs entretiens de recrutement.

Même si cela est totalement interdit dans le code du travail, la discrimination liée au sexe est belle et bien encore présente dans certains secteurs. Ainsi, des jeunes filles auront du mal à se faire embaucher dans les industries, l’informatique, le BTP et les jeunes hommes seront regardés un peu de travers s’ils postulent pour être auxiliaire de puériculture ou sage-femme !

On en parle aussi de la fameuse suspicion de maternité ? Comprenez par là la pensée de l’employeur « Ah mais elle, dès qu’elle aura signé son CDI, elle va me faire un gamin… ».

Et voilà, bienvenu-e-s dans le monde professionnel où les femmes gagnent encore 27 % de salaire en moins à poste égal, où elles sont confrontées au plafond de verre, où elles continuent à assumer 80 % des tâches domestiques…

Je ne peux pas faire une généralité mais au travers de ce billet, je souhaitais attirer votre attention sur toutes ces idées que nous véhiculons malgré nous, sur tous ces comportements que nous validons en encourageons alors même qu’ils contribuent à entretenir les rôles sociaux attribués aux enfants en fonction de leur sexe.

Pour faire changer les choses, on ne peut pas tout réformer du jour au lendemain mais si on commençait déjà par réfléchir avant d’acheter un jouet (est-ce bien ce qui ferait plaisir à l’enfant ?), à accepter que nos enfants aient des peurs, des colères, des pleurs quelque soit leur sexe… Bref, à être attentif à la manière dont nous agissons avec les enfants, les nôtres, ceux que vous gardez, ceux que vous éduquez, ceux que vous côtoyez… 

A LIRE –  A VOIR (liste non exhaustive) : 

– « La vie en rose : pour en découdre avec les stéréotypes » de Brigitte Grésy, éditions Albin Michel
Lutter contre les stéréotypes filles-garçons – rapport du Commissariat général à la stratégie et à la prospective rédigé par Marie-Cécile NAVES et Vanessa WISNIA-WEIL,
– Campagne « Égalité 2015 : Moins de clichés, plus de liberté » de la Ville de Genève
– Le site « Let toys be toys »
– « Fille d’Album » qui propose une littérature jeunesse non sexiste
– « Mi-Kids Mi-raisin » : qui présente une analyse des œuvres jeunesse et passe au crible les messages véhiculés dans les dessins animés, les livres, les programmes.

– La BD d’Elise Gravel à télécharger « Tu peux »
Livret de littérature jeunesse non sexiste – Adequations

 

Égalimère

Working-mum, pro de l'équilibre vie pro-vie perso, qui culpabilise, râle contre les stéréotypes & les inégalités, aime la vie, les sorties et les voyages.

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